Manifestation de militants de la CGTR-BTP devant la direction du travail

La C.G.T.R. veut être sur la table des négociations

13 août 2005

Des militants de la CGTR-BTP ont entrepris une marche pour leur droit. Une délégation a été reçue par le directeur adjoint du travail, Imed Bentaleb. Les salariés du bâtiment veulent l’application de la convention collective nationale.

"Quand le bâtiment va, tout va". On connaît bien cet adage syndical. Aujourd’hui, on pourrait enrichir en ajoutant "oui, mais surtout pour le patron".
La CGTR-BTP, par la voix d’Alain Naillet, porte-parole de la section BTP, dénonce l’attitude du patronat, qui "continue à mépriser les salariés du BTP", en ne respectant pas la convention collective. Et quelle convention collective ! Alain Naillet déclare que l’accord signé en 2004 est totalement inadapté. Disons-le, "mauvais". Sans vouloir instituer une guerre syndicale, loin de là, la CGTR appelle les deux syndicats signataires, à savoir la CFDT et CFTC, à mesurer toute l’ampleur de leur responsabilité. Pour Pierre Savigny, secrétaire général de la CFDT, dans une conférence de presse donnée le vendredi 11 juin 2004, "c’est la meilleure convention de France".
Rappelons-nous : du 3 au 14 mai 2004, les maçons abandonnaient la truelle, revendiquant la mise en place d’une nouvelle convention collective et la revalorisation de leurs salaires. Rien aujourd’hui n’a abouti. Rien n’est fait. Les patrons du BTP restent de marbre. Les syndicats s’aperçoivent que la convention collective n’est peut-être pas la meilleure de France, puisqu’elle n’est pas appliquée. Cela partait sûrement d’un bon sentiment, mais il faut constater la situation "inchangée" des salariés du BTP, un an après la signature de l’accord.

Prime de panier percé

La prime de panier, qui devait rapporter 200 euros supplémentaires par mois, dès le 1er juillet 2005, n’existe toujours pas. Les plus chanceux des ouvriers obtiennent une prime de 3,49 euros, au lieu des 10,47 euros prévus. L’accord entendait, dans l’attribution de la prime de panier, mettre fin à des discriminations entre permanents et contractuels. Disons qu’elles ne sont pas prêtes de finir, à moins que cette convention collective soit revue, et similaire à la convention nationale. Les salariés en contrat de chantier, soit à peu près 8.500 maçons, devaient percevoir une prime de trajet, échelonnée sur trois ans. 33% en 2005, 66% en 2006, pour atteindre les 100% en 2007. Disons que la première phase n’a pas encore été atteinte. Hier, les deux syndicats signataires se réunissaient avec la direction du travail pour interpréter l’accord concernant la convention collective du BTP. La CGTR, sans débordement aucun, a souhaité participer à l’événement, en prenant un rôle d’auditeur. N’étant pas signataire de l’accord 2004 - et la CGTR s’en félicite -, le syndicat des travailleurs réunionnais souhaite pouvoir communiquer à ses syndiqués l’évolution de cette réunion. "Nous devons rapporter ce qui s’est dit", déclare simplement Alain Naillet, tout en ne cachant pas le souhait "d’entendre ceux qui ont signé cet accord". Ils portent une lourde responsabilité, ceux-ci.
Par ailleurs, une délégation de la CGTR a été reçue par le directeur adjoint du Travail, Imed Bentaleb. Pour Alain Naillet, "la révision de la convention collective ne peut se faire sans la présence de tous les partenaires sociaux". En effet, un article de l’accord de 2004 interdit les syndicats non-signataires de participer à cette révision. La CGTR, syndicat majoritaire, entend ne pas rester en marge de ses négociations, tout comme elle souhaite que les représentations patronales soient présentes. Il s’agit d’une affaire importante. Les salariés du BTP récusent la présente convention, qui ne tient pas compte de leur situation. Alain Naillet transmettra une demande écrite, pour pouvoir participer à ses négociations, courrier transmis le directeur adjoint du Travail aux syndicats.

Des inspecteurs du travail chez les mauvais payeurs

Plusieurs entreprises abusent royalement de leur position. Certains salariés attendent leur salaire, depuis deux mois, pour certains encore plus. "Il y a pas mal d’entreprises qui ne paient pas leurs salariés. Le directeur adjoint du travail a précisé qu’il enverrait des inspecteurs du travail dans les entreprises incriminées", note Alain Naillet. Les salariés mécontents se font vite rappeler la leçon : "si vous n’êtes pas contents, la porte est par là". En témoigne la présence de 14 salariés de Peinture Océan, une entreprise de BTP fleurissante, qui compte de nombreux chantiers. Pourtant, chose inexplicable, les retards de paiement de salaire vont bon train. "I ral anou dé moi dérièr, pou pèy anou in moi. Na in pé i gingn zot larzan an lespèss, d’ot an shèk. Kosa i védir sa ?", déplore l’un d’entre eux. On comprend donc la colère des ouvriers du BTP, qui veulent vivre dignement pour leur dur labeur. Des inspecteurs du travail devraient changer la donne. La direction du travail s’y est engagée. Parce que, soit dit en passant, dieu sait qu’ils méritent tous la revalorisation de leur salaire, l’attribution de 10,47 euros par jour pour prime de panier et autres défraiements pour le trajet.

Bbj


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