Élections à la Chambre d’agriculture

La CGTR appelle les ouvriers agricoles à relever la tête

12 janvier 2007

Dans les élections à la Chambre d’agriculture, il y a des voix que l’on entend peu, voire jamais, ce sont celles des ouvriers et techniciens de l’agriculture et de la forêt. La CGTR présente une liste dans 2 collèges pour les appeler « à se faire entendre et mieux respecter ».

Combien de temps encore va-t-on admettre que des scandales entachent nos élections dites “démocratiques” ? Certes il n’y a plus de bourrages d’urnes comme il y en a eu jadis. Mais il y a encore de beaux “ratés de listes”, comme le révèle la situation des ouvriers et techniciens de l’agriculture, qui sont à peine 3.000 inscrits alors qu’ils sont plus de 10.000 à faire vivre l’agriculture de leur travail, souvent non déclaré. Alors, quand il s’agit de voter...
Ils sont 1.288 inscrits dans le collège des salariés de la production agricole (3a) regroupant les salariés de l’ONF, les salariés agricoles et ouvriers d’exploitations et ceux de la Sicalait ; et 1.345 inscrits dans le collège (3b) des salariés des groupements professionnels agricoles, qui concerne les ouvriers et techniciens de la Chambre d’agriculture, de la SAFER, du Crédit agricole et de Groupama (banque mutualiste), les Sica de la canne et de la viande, les coopératives et les ouvriers d’usines.
Cela, c’est la théorie. Dans les faits, il reste beaucoup à faire pour mettre les listes à jour. Faute de temps, la Préfecture a recoupé les listes de la Sécurité sociale (juillet 2006) - 5 à 6.000 inscrits - avec les listes électorales générales sans se soucier ou sans avoir le temps de rectifier les erreurs dues à des changements d’adresse non signalés par les communes. Tous ceux dont l’adresse ne correspondait pas ont été rayés d’office, sans vérification.
Il y aurait aussi un certain nombre de critères à revoir, mais qui s’en soucie ? Comment se fait-il que le personnel de la SAFER - dont le code APE est celui des sociétés immobilières - peut voter aux élections de la Chambre d’agriculture, alors que d’autres ouvriers et techniciens de l’agriculture ne sont pas inscrits sur les listes parce qu’ils sont rattachés à des sociétés dont le code APE « ne renvoie pas à une profession agricole » ? Le statut de “société anonyme” serait aussi un critère d’exclusion... mais pas pour tout le monde.
Quant aux ouvriers des usines sucrières, ils sont exclus du vote parce que leur employeur serait rattaché au domaine “Industrie et recherche” plutôt qu’à l’agriculture... De quoi tomber à la renverse ! Au final, ces subtilités excluent du vote des milliers d’ouvriers qui font vivre l’agriculture de leur travail, mais qui n’auraient rien à dire lors des élections à la Chambre. C’est le cas des ouvriers saisonniers non déclarés, des techniciens du CTICS, entre autres...

Souvent hors Code du travail

A la petite minorité de ceux qui vont avoir la chance de s’exprimer - par correspondance - dans ce scrutin, la CGTR a envoyé hier un message de lutte pour la dignité... et pour leur survie, dans un secteur très menacé. « La filière canne est menacée, et les pressions sur le foncier menacent également le travail des ouvriers de l’agriculture et de la forêt. Nous voulons leur en faire prendre conscience », dit un jeune délégué de l’ONF.
« Ces élections seront l’occasion pour les salariés du monde agricole de parler d’une même voix », soutient Marie-Andrée Malet, salariée de la SAFER (Saint-Denis) : « La diversité de nos emplois, notre éparpillement sur l’île ne doivent pas nous faire perdre de vue que nous avons des choses en commun, les mêmes intérêts entre nous, mais également avec l’ensemble des travailleurs. Nos employeurs sont les mêmes : une poignée d’actionnaires ne possèdent-ils pas la majeure partie des entreprises de l’agro-alimentaire ? Bon nombre d’entre eux ne se retrouvent-ils pas dans les Conseils d’administration du Crédit agricole ou de Groupama ou bien ne sont-ils pas élus dans les différents organismes agricoles ? », poursuit-elle.

Avec elle, plusieurs délégués des professions ouvrières ou d’encadrement de l’agriculture. La CGTR a beaucoup progressé dans son implantation dans ces secteurs et elle veut faire entendre la voix de ceux que l’on entend jamais. « Ouvrier agricole, dans ce pays, c’est une profession fantôme. L’agriculture dans la tête des gens, ce sont les planteurs, c’est-à-dire les patrons. Mais ceux qui font le travail, les journaliers agricoles, ceux-là ont les conditions de travail les plus arriérées, les plus pénibles, limite esclavagistes pour certains. Ils sont méprisés dans leur travail et totalement transparents », explique Jean-Yves Payet, de la CGTR-Est. « On prétend même qu’on ne trouve plus de main-d’œuvre alors qu’ils sont en surnombre - cela permet de les sous-payer - et exploités à fond », poursuit-il.
A l’exception des ouvriers ONF, ils n’ont pas de convention collective et sont très souvent hors Code du travail, payés à la tâche. Et même ceux qui ont un statut ne sont pas reconnus. « Les progrès de la canne, ces 20 dernières années, ce sont les techniciens du CTICS qui les ont introduits et portés pour l’essentiel. Mais cela ne leur est pas reconnu et ils ne sont même pas inscrits sur les listes », ajoutent les délégués CGTR.
Ils sont délégués à la SAFER, à Groupama ou à l’ONF et appellent les ouvriers et techniciens agricoles à défendre leurs conditions de travail et leurs salaires - pour un SMIC à 1.500 euros - et à se mobiliser pour enlever un ou plusieurs sièges parmi les 8 (2 fois 4) actuellement répartis entre la CFDT, la CFTC et la CGC : des syndicats souvent proches des employeurs et dont les représentants, il y a 6 ans, ont donné la majorité à la FDSEA-JA.
Une plus forte mobilisation du secteur ouvrier cette année pourrait changer la donne. La CGTR en est convaincue et ses représentants appellent les inscrits à se mobiliser davantage pour améliorer les salaires et les conditions de travail, pour défendre l’emploi, en un mot, « pour le progrès social en agriculture ».

P. David


Les candidats CGTR :

Collège des salariés de la production agricole (3a) - 4 sièges

Técher Expédit Jean-Marc - Maraaly Robert Maximin - Imize Gilbert - Lasson Jean Didier - Clain Alexandre - Damour Patrick.

Collège des groupements professionnels agricoles (3b) - 4 sièges

Malet Marie-Andrée Brigitte - Payet Joseph Vincent Guillaume - Wang-Fong Alain Jean Bernard - Antoinette Jean Joseph Eric - Grondin François - Nallama Olivier Stéphane.


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