Manifestation de la CGTR

La CGTR en marche pour les droits des travailleurs réunionnais

7 mars 2008

Ils étaient près de 2000 manifestants à marcher dans Saint-Denis pour faire valoir les salaires. Menés par la CGTR, hommes et femmes voulaient dénoncer la politique de casse sociale qui s’abat sur les petits porte-monnaie. L’année 2008 sera marquée par des actions syndicales. Hier, ce n’était qu’un avertissement ...

« Nous ne céderons pas à l’idéologie du patronat », prévenait Ivan Hoareau, Secrétaire Général de la CGTR.
(Photo WT)

En période électorale, la campagne ne peut être pour le plus fort, le patronat. « Nous ne céderons pas à l’idéologie du patronat », prévenait Ivan Hoareau, Secrétaire Général de la CGTR. Il faut dire que le contexte actuel, avec Nicolas Sarkozy au pouvoir, donne faveur aux grands patrons notamment, et les salariés regrettent que le partage de la “croissance” ne se fait pas dans leur direction. Les petits salaires sont doublement touchés par la baisse du pouvoir d’achat, et encore d’autres menaces pèsent sur le monde du travail. Les attaques flagrantes à l’encontre du Code du Travail, la pérennisation de la précarité, le manque de sécurité dans le BTP, le retour à la case “chômage” pour les personnels précaires de l’Education nationale, bref, il y a tant à dire sur la politique dévastatrice du gouvernement actuel. Certains n’auront pas manqué de dire que la CGTR donnait rendez-vous à ses syndiqués pour mieux les compter.
D’autres n’hésiteront pas à noter que le contexte électoral aura fait sortir la CGTR dans la rue. Des Dionysiens déplorent d’être pris en otages, entend-on. Que des ragots, de l’intox. Un thème aussi fédérateur que le pouvoir d’achat touche tous les Réunionnais. « Banna la rézon. Lé vré, tout i kout shèr koméla, é bann salèr i rèss parèy », remarque un passant, ce qui fait réagir un autre. Pourtant, pour ce genre de manifestation, c’est toute La Réunion qui devrait réagir dans la rue, pour dire NON à la baisse du pouvoir d’achat, OUI à la hausse des salaires. « On parle toujours de prix sans parler des salaires. La question salariale est un élément primordial. Quand on le dit aujourd’hui, on nous dit que c’est un gros mot », relève Ivan Hoareau.

Non aux attaques contre le travail

« Non au chômage », aura-t-on entendu à maintes reprises, ce slogan de circonstance, dans une île qui détient un taux de chômage record. Certes, il y a beaucoup de pistes. Le service aux personnes est par exemple un véritable bassin d’emplois, mais est aussi un vivier de précarité. Pour quoi vont travailler ces personnes ? Pour un salaire misérable, un statut primaire, “renvoyables” à souhait selon les préceptes de la séparation à l’amiable ? Comment ont été appréhendés les droits du salarié ? Aujourd’hui, on peut le renvoyer sans motif, et c’est inscrit dans le contrat. Face à la pénurie de travail, les Réunionnais seront prêts à occuper ces postes, mais demeurent dans la crainte d’un renvoi. Certains diront « exagération ». Pourtant, les lignes des propositions gouvernementales tendent vers la banalisation du licenciement abusif, et comble du tout, sans recours possible devant les tribunaux. Hier, les manifestants ont adressé un message clair, autant à la population qu’aux gouvernants : le chômage n’a plus droit de cité à La Réunion. Et tant qu’à faire, autant se battre pour travailler dans les meilleures conditions possibles. Mais, avec lucidité, Ivan Hoareau note que « Sarkozy voulait aller chercher la croissance avec les dents, et qu’en fait, c’est un piteux président de l’abandon de la hausse des salaires ». Sarkozy, après avoir augmenté son salaire, devrait revoir à la hausse le salaire des Français. Peut-être que cette manifestation le motivera à réfléchir une fois pour toute à un sujet qui fait débat, et qui intéresse tous les Français : le pouvoir d’achat.

2008, n’ankor po batay

Cette manifestation, qui aura réuni plus de mille Réunionnais, n’est qu’un début. « Cette manifestation nous aide à être plus forts », déclare Ivan Hoareau. L’année 2008 devra être l’année des actions syndicales. La manifestation du 1er mai sera soutenue, on l’espère, pas seulement par des membres de la CGTR, mais par toutes les organisations syndicales en présence dans l’île. En tout cas, la CGTR compte suivre le tempo national, tout en gérant son rythme local. Et de rappeler que la lutte syndicale est une affaire du quotidien. Les secrétaires fédéraux n’auront pas manqué d’exprimer à la presse leurs doléances secteur par secteur. Le BTP n’est pas des moindres, et fait valoir des revendications spécifiques à son activité. La sécurité sur les chantiers ? On s’étonne de cette question. Et pourtant, que de morts et d’accidents sur les chantiers.
La retraite à 55 ans ? « Oui, moi je suis maçon depuis 34 ans, et mon corps est usé par le travail. Je commence à 6 heures du matin et finis à pas d’heure, et encore il faut faire la route. A 54 ans, je peux dire que la retraite à 55 ans dans le BTP, c’est inespéré. Et pourtant, c’est une très bonne solution. Cela permet à des vieux comme moi de laisser la place à la jeunesse qui a des forces et la volonté de travailler. Moi, si on me donne la retraite l’année prochaine, je prends. On dit toujours, on milite, on lutte pour avoir le dernier mot sur cette revendication, mais au final, on sait bien que le patronat ne cèdera pas. Il faudrait qu’il comprenne que le BTP regroupe des métiers durs, éreintants », explique Hugo, maçon OP2.
Oui, peut-être que le patronat aura entendu, parce que depuis 3 ans, la CGTR-BTP se bat, comme cela est fait au niveau national, pour la reconnaissance de la pénibilité du travail dans le BTP. « Ne tourne pas le béton qui veut », ai-je souvent entendu de la bouche de mon père, maçon.
Outre la bataille dans la BTP, où les maçons demandent un juste partage de la richesse créée, tous les secteurs confondus ont donné un message fort. Espérons que le gouvernement et ses ouailles de l’UMP comprennent que les travailleurs, qui ont le pouvoir du vote, veulent du changement. Lèv bonèr !

W.T


Zot la di

Alain Séraphine, CGTR Port et Docks : « On va se battre »

« C’est à l’appel de la Confédération CGTR. On est là ce matin présents. Mais nous avons également nos propres revendications. Jamais on a assisté à un tel recul social. Aujourd’hui, les menaces et les mauvais coups pleuvent de toute part et nous particulièrement, au niveau de notre fédération, on est confronté à un véritable problème. C’est la réforme des ports. C’est la privatisation à outrance des outils portuaires. C’est le transfert des activités et du personnel vers le privé. Sans concertation, sans discussion. Et cette réforme devrait être légiférée au mois de juin de cette année. C’est inadmissible. On va se battre. Aujourd’hui, c’est une première étape. On va continuer dans la bataille ».
Les conséquences de cette réforme sont simples, selon le syndicaliste portois. « Remise en cause des droits sociaux, de la convention collective. C’est la privatisation, c’est-à-dire tout mettre entre les mains des grosses multinationales ». Et, déplore-t-il, le Port risque de devenir un outil entre les mains d’une minorité de nantis. La CGTR Port et Docks demande à être associée à la concertation.

Yvan Hoareau, secrétaire général de la CGTR : « C’est l’année de toutes les opportunités ou de tous les dangers »

« Cette année devra être une année de mobilisation. On n’a pas le choix. C’est une année électorale, tout le monde le sait. C’est l’année où beaucoup d’enjeux d’extrêmes importances se discuteront au niveau national. C’est l’année de toutes les opportunités ou de tous les dangers »

Patrick Lauret, Secrétaire général adjoint de la Fédération Commerce et service chargé de la restauration collective : « Notre convention collective 3225 ne s’applique pas à La Réunion »

La baisse du pouvoir d’achat à La Réunion, les salariés de la restauration collective connaissent. Titulaires d’un statut de droit privé en délégation de service public, ils ne comprennent la différence de traitement entre salariés de la restauration collective, qu’ils travaillent ici, ou dans l’Hexagone. « Notre convention collective 3225 ne s’applique pas à La Réunion. J’interpelle les donneurs d’ordre en disant que : soit on est français, soit on ne l’est pas. Comment une convention collective qui a été approuvée à l’unanimité par le Syndicat national de la Restauration ne s’applique pas à La Réunion ? »


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