Contre la politique de casse sociale Sarkozy-Fillon

La CGTR lance un appel à la grève générale pour le 6 mars

12 février 2008

Enfin ! Un sursaut au milieu de la mêlée des négociations. La Confédération Générale des Travailleurs de La Réunion lance un appel à la grève pour la journée du 6 mars. Pourquoi ? Est-il nécessaire de se poser la question ? Si on dit Sarkozy-Fillon, est-il encore nécessaire de développer ? Assurément, les attaques sont si nombreuses que nous n’aurions pas assez d’un journal entier pour tout dénoncer. Synthèse des motifs de rébellion avec Ivan Hoareau.

L’invitation à la conférence de presse était succincte : « Thème : la politique de recul de société menée par le gouvernement Sarkozy / Fillon. » Ivan Hoareau, le secrétaire général de la CGTR ne fait pas de détour : « Cette politique pour nous n’est pas bonne. La CGTR trouve qu’il faut la combattre, la dénoncer. Le gouvernement sort des tromperies, des mensonges. Notre objectif, c’est de clarifier, de décortiquer tous les projets de ce gouvernement et de l’expliquer aux salariés. Nous voulons mettre en place un agenda revendicatif pour ne pas subir celui du gouvernement sur la question des salaires, des minima sociaux, du pouvoir d’achat... Aujourd’hui face à une droite décomplexée, donc violente, c’est comme si on a pas le droit de parler des salaires. A La Réunion, nous dénonçons la “smicardisation” rampante, la généralisation du smic, la misère financière... Les gens n’en peuvent plus et ce n’est pas qu’un ressenti des salariés même si le préfet noie les gens dans des détails techniques. »

Tous vers la Préfecture

La CGTR a décidé de faire une grève le jeudi 6 mars et de réunir toutes ses structures. L’organisation syndicale prend le risque de lancer cette mobilisation pour poser toutes les revendications liées au mauvais accord du marché du travail. Et cela trois jours avant les municipales... Emploi salaire, précarité, chômage, les mots d’ordre foisonnent. Le rendez-vous est fixé sur Saint Denis, au niveau du petit marché (près de l’ancienne Kour Bazil où se trouvait jadis la CGTR dans un bidonville). La manifestation remontera la rue piétonne, jusqu’à la rue de Paris, direction la Préfecture.

La question centrale du salaire

La situation va mal au niveau national, en 2007 le secrétaire général note que « pour la première fois l’inflation est plus forte en métropole qu’ici, une des causes principales serait la hausse des coûts pétroliers dont nous avons mieux amorti le choc en raison de notre système particulier de gestion des carburants. » Et au niveau local aussi, il n’y a plus de négociation salariale. Pourtant pour Ivan Hoareau « les grands travaux apportent trois milliards d’euros en plus dans l’économie réunionnaise. C’est pas trouvé sous la queue d’un chien, cette activité supplémentaire va générer des richesses, comment seront-elles réparties ? Quand est ce qu’on met les gains de productivité sur la table ? Comment négocier sans voir l’évolution de la valeur ajoutée et sa structure. » On l’a compris, la question des salaires reste une question centrale. Mais ce n’est pas tout.

L’Heure de la contre-attaque

Samedi, la Commission exécutive du syndicat a sonné l’heure de la contre-attaque à l’issue de l’analyse de la situation politique sociale et économique.
Ivan Hoareau commence donc par l’agenda social 2008 où Medef et Gouvernement vont main dans la main : « cette frénésie de ces deux parties de lancer 150 réformes a des impacts structurels sur la société. Dans le même temps on somme les organisations syndicales de trouver des solutions impossibles à tenir en informant que aucun accord n’est trouvé, le gouvernement prend la main. Cela revient à négocier avec une épée de Damoclès au dessus de la tête. Et le Medef sait que, sur certains sujets, le gouvernement peut remplir leur tâche commune. »

Agenda revendicatif

La réaction ne pouvait attendre davantage : « Nous, on essaie modestement de ne pas subir l’agenda social du gouvernement et d’avoir notre agenda revendicatif. Il nous faut définir un agenda revendicatif et trouver notre rythme de mouvement. Il reste un problème : face à une droite décomplexée, la gauche n’est plus capable de faire valoir ses valeurs parce que la gauche est complexée. On est dans une situation sans réponse politique, la gauche, malade, est dans les vavangues, elle se cherche. Nous ne sommes que des organisations syndicales, nous poussons à la mobilisation. Le président n’a pas de chèque en blanc et sur les questions nationales il a toujours été en minorité. »

Haro sur la durée légale du travail

Sur les attaques, sans faire une liste à la Prévert, Ivan Hoareau met à jour la cohérence des agressions dans le domaine de l’insertion, de l’emploi, du fiscal. « Pour mémoire, le débat sur la réforme fiscale, on ne revient pas dessus. Concernant la loi Travail Emploi Pouvoir d’Achat : travailler plus pour gagner plus, c’est un piège à cons. Ce gouvernement a sa cohérence, les salariés ne gagneront pas plus, c’est le patron qui choisit de faire des heures supplémentaires, ce n’est pas pour ça que l’activité se crée. L’objectif fondamental c’est casser les 35 heures. Une fois qu’on aura remis en cause les 35 heures, on remettra en cause la durée légale du travail. Un projet de loi complémentaire adopté le 20 décembre 2007 en fait l’usine à gaz de la politique Sarko. Kouv ti poul, sort ti kanar. Les nouvelles mesures permettent de débloquer les fonds de participation par anticipation, de jouer des RTT... On puise dans les bas de laine. Ce rachat des jours RTT, c’est une monétisation du compte épargne temps, l’heure supplémentaire au lieu d’être payée c’était du repos. Ce n’est pas un gain de pouvoir d’achat, c’est une tromperie totale. Faut-il en plus rappeler que les heures supplémentaires non déclarées constituent le premier contentieux des tribunaux.  » Aujourd’hui donc « Le candidat du pouvoir d’achat dit benoîtement : qu’est ce que je voulais que je fasse, les caisses sont vides, je ne peux pas donner des ordres aux entreprises. Pourquoi un candidat aussi volontariste est il un président aussi incapable ? Travailler plus d’accord, mais travailler mieux d’abord. »

Imposture politique

Ivan Hoareau évoquera ensuite le chômage, les seniors, les retraites, la question de la pénibilité qui patine, la carotte de vouloir conditionner le smic aux allégements de charges... la CGTR crie à l’imposture politique. Autres sujets de mécontentement : la limitation du droit de grève dans les transports, un secteur malade, la circulaire sur les services minium d’activité dans les écoles maternelles, la casse du programme du conseil national de résistance et celle du service public, la protection sociale et l’inefficacité des franchises médicales... Tant de raisons qui ont fait que la CGT n’a pas signé le dernier rapport sur le marché du travail qui opère son travail de sape sous couvert de démocratisation sociale, de modernisation du marché du travail.
Sur la représentativité syndicale, de 1966 à 2008 il est normal d’actualiser la chose, mais à quel train ? « Les négociations devraient se terminer fin mars, le processus législatif fin juin, le calendrier est serré. L’ensemble de ces réformes et de ces problématiques fait que les choses ne sont plus très claires. Le gouvernement lui-même s’emmêle les pieds dans les pédales. Pour nous, parvenir à un accord n’est pas une fin en soi. »

Francky Lauret


Concernant les réformes du contrat de travail

Sur le marché du travail, la CGTR rappelle que la sécurité sociale professionnelle c’est un concept de la CGT : c’est la volonté que les droits soient attachés à la personne et non plus à l’entreprise quelle que soit sa situation, que son ancienneté la suive, que les droits soient cumulables et transposables.

Séparabilité à l’amiable ?

Sur le contrat de travail du 11 janvier 2008, malgré quelques avancées, globalement c’est un accord déséquilibré, qui marquent de nouvelles flexibilités applicables immédiatement tandis que les avancées sont repoussées à des dates ultérieures.
Sur le Principe de la séparabilité amiable, Ivan Hoareau note que « cela suppose une égalité entre les deux parties, ce qui n’est pas le cas puisque le salarié est subordonné à son employeur, c’est donc une fiction juridique. C’est l’application du droit civil en lieu et place du droit du travail. Le salarié ne peut pas prendre l’initiative de la rupture conventionnelle. Les causes de votre futur licenciement sont déjà inscrits dans le contrat. Il s’agit seulement d’arrêter avec la juriciadisation des affaires, de mettre fin au harcèlement textuel pour les patrons. C’est un moyen d’échapper totalement au contrôle du juge. Avec 63 conseils de prud’homme qui disparaissent en France... Vous accepter d’être viré, et vous ne pouvez pas aller devant le juge parce qu’il faut laisser les entreprises travailler. La rupture est homologuée par le directeur départemental, entre tribunal et fonctionnaire de l’Etat c’est pas la même chose. »

Imbroglio sur le code du travail

L’accord sur le marché du travail marque pour l’organisation syndicale un recul dans le droit français. Le Contrat de mission n’est autre que la légalisation du contrat de chantier dans le bâtiment. Il y a encore la traque contre les érémistes « c’est fondamentalement nauséabond de leur reprocher leur propre exclusion. » La fameuse recodification du Code du travail, « c’est une autre usine à gaz, faite dans un coin par des experts, lancée par ordonnance donc dans l’absence de concertation et de débat. Loin de la codification à droit constant la réécriture n’apporte aucune simplification, le principe d’accessibilité et d’intelligibilité est remis en cause. Les négociateurs CGT du marché du travail dénonce l’imbroglio. »


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