SNUI-SUD Trésor

La circulaire pour la fonction publique Outre-mer est « un recul »

2 septembre 2010, par Edith Poulbassia

Le SNUI-SUD Trésor n’adhère pas à « l’autosatisfaction » de la circulaire interministérielle du 23 juillet qui prétend favoriser l’accès des originaires de l’Outre-mer à la fonction publique.

Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, Éric Woerth, ministre du Travail, Marie-Luce Penchard, ministre en charge de l’Outre-mer, et Georges Tron, secrétaire d’État chargé de la Fonction publique, ont signé le 23 juillet dernier une circulaire pour « favoriser l’émergence d’une fonction publique plus représentative du bassin de vie qu’elle administre en Outre-mer ». Une circulaire qui doit mettre en œuvre les mesures retenues par le Conseil interministériel de l’Outre-mer du 6 novembre 2009. Mais cette circulaire ne fait pas l’unanimité. Pour Pascal Valiamin, secrétaire départemental du SNUI-SUD Trésor, il s’agit d’une « décision timide, et pour une administration comme la nôtre (NDLR-Trésor Public), c’est un recul ».
La circulaire veut « renforcer les chances des personnes originaires de l’Outre-mer d’accéder aux emplois à responsabilités, tant dans les territoires ultramarins qu’en métropole », « mieux organiser la mobilité dans les emplois publics au sein des Départements d’Outre-mer » et « confier aux responsables de l’action publique outre-mer un rôle dans le développement de la diversité des recrutements ».

Pour le syndicat, cette circulaire ne tient pas compte de la diversité de la Fonction publique d’État. « Il aurait fallu faire un état des lieux de la Fonction publique et s’aligner ensuite sur le plus favorable », soutient Pascal Valiamin. Selon le SNUI-SUD Trésor, depuis une trentaine d’années, la priorité absolue est donnée aux mutations à La Réunion, dans les services du Trésor Public. Or, la circulaire insiste sur la « promotion » locale des catégories B et C. « On oublie ceux déjà établis en métropole, ceux-là ne rentreront plus jamais », craint Pascal Valiamin.

Des mesures qui ne vont pas inverser la tendance

Le SNUI-SUD Trésor réclame aussi une définition précise de la notion de « centre d’intérêt moral et matériel » citée par la circulaire. « C’est important pour éviter les discriminations. Nous ne voulons pas des exclusions, mais élargir, y compris aux personnes non natives des DOM », commente-t-il. « On va refermer les DOM sur eux-mêmes », ajoute Jocelyn Cavillot. Pour le syndicat, la notion de centre d’intérêt ne doit pas s’arrêter aux « natifs » de l’île, mais intégrer ceux qui ont été scolarisés à La Réunion, ceux qui y ont des parents, ceux qui ont un lien avec l’île.

Le SNUI-SUD Trésor dénonce « des petites mesures qui sont intéressantes, mais ce n’est pas ça qui va inverser la tendance ». Ainsi, la visioconférence pour la sélection en école préparatoire, 10% des 1.000 allocations pour la diversité réservée à l’Outre-mer permettant aux candidats de passer les concours, la mise en place de bourses interministérielles locales de l’emploi public pour faciliter la mobilité… « un leurre », selon le syndicat, car il n’y a pas de postes vacants. Pourquoi ne pas créer un Institut régional d’administration ?

Enfin, les administrations doivent fournir un plan de mise en œuvre de la circulaire d’ici le 30 septembre. Un délai jugé trop court par le SNUI-SUD Trésor pour un problème qui dure depuis des années. De plus, avec la rentrée et la réforme des retraites, le syndicat craint que les partenaires sociaux soient exclus, et que le ministre de la Fonction publique en fasse un « sujet mineur ».
Le SNUI-SUD Trésor ne veut pas d’une « uniformisation » de l’application de cette circulaire. Il rappelle aussi que si 20% de la population active est fonctionnaire en métropole, à La Réunion, ce taux est de 17,5%. « Nous ne sommes donc pas en sureffectif », souligne Pascal Valiamin.

EP


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus