LES 15 ANS DE LA C.O.R.

La Coopérative Ouvrière de la Réunion : Des forces vives en action

21 juillet 2007

Le pari de l’organisation collective : un choix original dans le monde des entreprises

Un pari audacieux

Dans un monde économique dominé par un marché concurrentiel où la rentabilité prime sur l’Homme, la création d’une Coopérative paraît être un pari risqué.
Pourtant depuis 15 ans, Jacques Virin, PDG de la COR, et son équipe montrent aux plus rétifs qu’une SCOP répond aux exigences des lois économiques actuelles tout en permettant à chaque salarié d’être partie prenante dans l’organisation et la gestion de son entreprise.

Des travailleurs fiers de leur entreprise

La constitution en 1992, sur l’île de la Réunion, de la première coopérative de manutention (16 dockers) a ouvert la voie du développement coopératif. Une SCOP pour développer l’esprit d’entreprise qui permet à chaque salarié de trouver sa place au sein d’une gestion juste pour ceux qui permettent la bonne marche de l’entreprise.
Co-actionnaire, chaque travailleur de la SCOP COR, participe au développement de l’activité et assure le quotidien avec professionnalisme et rigueur.

Il aura fallu toute l’énergie du PDG, Jacques Virin, et de l’équipe constituée par des hommes passionnés par leur métier, pour amorcer une nouvelle entreprise afin de répondre aux exigences d’un marché concurrentiel en pleine expansion.
La Coopérative Ouvrière de la Réunion occupe une place stratégique au sein de l’activité portuaire. Seize personnes ont poursuivi la nouvelle route de la COR en 1994, suite à la mensualisation qui a exigé une nouvelle organisation portuaire, sous la houlette de Jacques Virin.
Aujourd’hui 39 coopérateurs et près de 100 personnes œuvrent au sein de l’entreprise pour faire vivre cette Société et ses filiales (voir encadré) au concept novateur.
Une responsable qualité, met en place les procédures qui ont abouti à la certification ISO 9001, garantie indéniable de la performance qualitative de la COR.
La COR se différencie par ses qualités de rigueur et de maîtrise d’un savoir-faire qui émanent de générations passées au service de l’activité portuaire de la Réunion.

Jacques Virin

Combattre « l’esprit capitaliste »

Parallèlement au développement économique, l’enjeu est maintenant d’approfondir la vie coopérative.
Il est essentiel de participer à des formations qui permettent aux salariés de prendre connaissance de l’importance et des prérogatives nécessaires au bon fonctionnement d’une SCOP.
La SCOP COR est juridiquement une entreprise commerciale, Société Anonyme (au capital variable), qui exerce son activité dans le domaine de la manutention et de l’acconage. La Coopérative Ouvrière de la Réunion de par son statut juridique, est une entreprise qui appartient à ses salariés. Ce qui lui confère un statut particulier quant à l’implication des coopérateurs. Ceux-ci bénéficient d’un fonds “social individis” ou de réserves collectives qui permettent de posséder un patrimoine au nom et pour le compte des actionnaires.

L’entreprise de ce fait, demeure propriétaire d’un patrimoine propre, fondant sa pérennité au de-là des personnes qui le composent. L’action participative de l’ensemble des coopérateurs est l’assurance d’un gage de fiabilité en permettant une véritable stabilité sociale face aux exigences sociales (salaires, temps de travail, ...). Les actionnaires, tous salariés de l’entreprise, perdent le statut d’actionnaire dès lors qu’ils ne travaillent plus dans l’entreprise : démission, retraite, licenciement, etc.
Le remboursement du capital s’effectue dès la cession d’activité. Et cela sans qu’aucune démarche ne soit nécessaire. Tous les salariés ayant quitté la COR ont été remboursés au moment de leur départ sans attendre le délai légal des cinq ans.


Véritable atout face aux autres concurrents de la zone portuaire

La participation des salariés aux fruits de l’expansion a pour but d’attribuer aux salariés la moitié des bénéfices réalisés par l’entreprise.
Cette mesure apparaît dans les statuts de la SCOP COR.
Chaque personne a mis au départ 2000 francs (soit 305 euros).
Le patrimoine actuel de la COR montre à l’évidence une croissance réalisée grâce au travail des hommes qui ont mis tout en œuvre pour assurer les opérations portuaires avec professionnalisme et du responsable qui a remporté les marchés des bateaux à décharger.
Triés sur le volet, les hommes ont été recrutés, dès 1992, en fonction de leur capacité physique et de leur valeur morale. Ce dernier point est un atout essentiel dans un domaine où les “nerfs” sont souvent malmenés.
L’ensemble de l’équipe est constitué par des personnes de métier dont, le plus souvent, père et grand-père étaient déjà dockers.
Passionnés par leur métier, évalués et considérés à leur juste valeur, les hommes de la C.O.R. participent activement à l’extension de l’entreprise et offre une équipe cohérente, animée par le même désir de réussite.

Jean -Max Laurestant et Jean-Claude Rivière

Les “PLUS” de la C.O.R

Du fait de leur participation en tant qu’actionnaire, chaque coopérateur travaille dans un même sens. La COR bénéficie ainsi d’un plein emploi sans risque de grève ou de mécontentement au niveau interne. Chaque personne est responsable de son emploi et la réalisation des engagements s’effectue au rythme des arrivées des bateaux quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.
Le dynamisme, la volonté de répondre aux exigences des armateurs sont le fil conducteur de l’activité portuaire de la COR.
Elle offre en outre une fiabilité de tous les instants ainsi qu’une cohésion sociale inégalée dans le domaine de la manutention portuaire.
C’est tout d’abord la disponibilité 24H/24 de ces hommes polyvalents, soucieux de répondre aux besoins des armateurs. Cela assure la rentabilité de chaque débarquement ou embarquement.
La C.O.R. assure un service de qualité qui donne toute légitimité et conforte sa notoriété au sein de la zone portuaire réunionnaise et de la scène internationale.

Un atout majeur : le parc à engins

La C.O.R est totalement autonome et possède son propre parc d’engins. Ce qui est un atout majeur dans l’arrimage et le désarrimage de la marchandise de jour comme de nuit. La polyvalence des individus permet donc la mise en place rapide des besoins en engins pour un travail efficace dans un minimum de temps.

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Chefs d’équipe, véritable moteur de l’entreprise

Vingt-neuf personnes à gérer, entre 25 et 50 ans, ce n’est pas toujours facile, mais Jean-Claude Rivière et Jean-Max Laurestant, les deux chefs d’équipe s’accordent à dire : « C’est une équipe formidable où chacun a sa place » et grâce à laquelle l’entreprise est performante et soucieuse de répondre aux besoins du marché. Depuis 1993, Jean-Claude Rivière a la charge de l’organisation administrative et commerciale de l’équipe. Cet homme de contact a dû se faire « sa place » et aujourd’hui c’est dans la quiétude, qu’il effectue ses différentes charges.
Son rôle est de superviser les différentes tâches en assurant le relais avec l’autre responsable pour l’organisation des équipes. « J’aime mon travail, car c’est plaisant et varié explique J. C. Rivière. Dès l’arrivée d’un bateau, les lectures du plan du navire et du manifeste (registre des marchandises) permettent le premier repérage qui va établir les besoins en hommes, en engins et en temps. C’est un travail particulier, explique-t-il, il a fallu apprendre à travailler avec les dockers. Il existe un véritable langage et je n’ai pas, comme la plupart, vécu cela avec mon père, mon grand-père. »
Une autre facette du travail est le contact avec les personnels de bord. « Il est très important, poursuit le responsable, d’avoir de bons rapports afin que le travail s’effectue le mieux possible entre les hommes. Je monte à bord, vérifie les marchandises et établis des contacts amicaux surtout avec les navires étrangers afin de faciliter les échanges entre les hommes. Cela facilite nos relations. C’est très important pour que chacun agisse au mieux, sans qu’il y ait de mésentente. »
Jean-Max Laurestant est à la C.O.R. depuis sa création. Sa bonne connaissance du milieu (son père, son grand-père étaient dockers et résident au Port depuis toujours) lui a permis de recruter les “meilleurs hommes”. Les critères de sélection étaient très rigoureux, il s’agissait de mettre en place une équipe performante, motivée et avec une force physique et un caractère à la hauteur des nécessités d’une équipe harmonieuse. Chef de manutention, Jean-Max a la charge d’organiser le travail et surtout de vérifier la qualité des actions. En coordination avec J. C. Rivière, il fait les plannings et détermine le personnel nécessaire à la bonne marche du travail.
« J’ai fait tous les stages afin d’évoluer et de mieux me qualifier. Mes origines m’ont facilité les contacts et je connais chaque tâche à réaliser. D’ailleurs, si c’est nécessaire je mets le “bleu” (vêtement de travail) et participe aux déchargements. » Ce qui caractérise cet homme de valeur est sans aucun doute la passion de son métier. Ce véritable meneur d’hommes a su mettre en place une cohésion au sein de l’équipe par son ardeur. « Plus qu’une équipe, c’est un groupe d’amis, une véritable famille où chacun trouve sa place et la reconnaissance. Il existe une véritable entraide.
C’est une équipe formidable et j’en profite pour les féliciter ! »


Rencontre avec le délégué syndical de la COR, Jean Daniel Totma

« Depuis votre arrivée à la COR, quelle est votre fonction ? »
- Jean Daniel Totma : « Je suis mécanicien de formation et après avoir travaillé dans des entreprises traditionnelles, j’ai été engagé à la COR où je m’occupe des engins et du matériel de manutention. Je réalise également les contrôles qualité en maintenance et des effectifs. Régulièrement j’effectue des formations en électronique afin d’être au plus proche des nouvelles technologies. »

« Vos activités de syndicaliste dans une SCOP sont-elles différentes de celles d’une société traditionnelle ? »
- J.D Totma : « Depuis quatre ans, j’assume la fonction de délégué syndical. Ce rôle au sein de la COR est très différent. Ici il s’agit de discuter lors de conflits personnels, de mauvaise compréhension mais surtout ce qui est essentiel de mener un “combat” commun car tous les adhérents ont la même conscience pour mener l’entreprise vers la réussite. Tous ne sont pas à la CGTR, car il est important que soit menée une politique démocratique, mais tous ont à cœur de défendre leur emploi au sein de l’entreprise. »

« Quelles sont vos revendications ? »

- J.D Totma : « Les revendications ne sont pas même que dans les autres entreprises, car les augmentations de salaires, les promotions internes sont systématiques. Il faut surtout discuter afin des transmettre les messages pour continuer sur la voie de la qualité de nos prestations. Nous avons une obligation de résultats, comme toute entreprise commerciale. Il faut parfois discuter pour mieux faire comprendre les directives. Certains coopérateurs ne connaissent que ce travail et n’ont pas toujours d’autres références. Il est donc important de leur expliquer les avantages et de préciser certaines actions afin de respecter la marchandise, par exemple, et ainsi de préserver la qualité et le professionnalisme au sein de la COR. »

« Y a-t-il une différence avec les autres entreprises quant à la pérennité de l’emploi ? »

- JD Totma : « Non, ici comme ailleurs, l’emploi est préservé en fonction du rendement et de la qualité du service. La COR est une association de travailleurs. Le partage du travail donne droit au partage des fruits du travail. Mais dès lors que le salarié ne fait plus parti de l’entreprise, la personne n’a plus de droit sur le capital de la SCOP. C’est la grande différence avec les actionnaires d’entreprises privées. La COR n’est pas une association de rentiers à vie, encore moins de « gratteurs de cul ».

« D’autres coopérateurs du départ, ne font plus partie de la COR, que s’est-il passé ? »

- JD Totma : « Ces personnes ont commis des fautes graves. Nous avons mené des discussions avec l’ensemble des coopérateurs et c’est en commun que la décision a été prise de ne pas poursuivre la collaboration avec ces travailleurs. ».

« Pour conclure que diriez-vous de l’emploi à la SCOP COR ? »
JD Totma : « Du fait de notre appartenance à une coopérative, chacun est responsable de ses actes. Nous bénéficions d’une expérience partagée où chacun est engagé dans son métier. Il n’y a pas de pression et nous avons également une réelle autonomie. Si un problème surgit, nous engageons la discussion afin de trouver des solutions acceptables pour tous. »




Comprendre une SCOP

Comment participer quand on ne comprend pas ?
L’Union Régionale des SCOP Ile de France organise une formation conçue pour aider chaque coopérateur à mieux comprendre le fonctionnement de la structure.
Les associés (salarié/es) confient une mission à leur équipe dirigeante car chacun a un rôle déterminé à jouer au sein de l’entreprise et les compétences sont spécifiques ! C’est pourquoi les associés élisent un Conseil d’Administration et un PDG auxquels sont confiés la gestion de l’entreprise et son développement commercial afin de gérer au mieux aujourd’hui et passer une entreprise en bon état de marche aux générations à venir : un vrai défi !
En cours d’année, les responsables élaborent des choix stratégiques, établissent des budgets, mettent en œuvre des plans d’action afin de pérenniser l’activité
Une fois par an, ils rendent compte de leur gestion, proposent des projets aux associés qui approuvent, suggèrent (et parfois critiquent) leur stratégie

Une reconnaissance du droit de chacun.
Les fondateurs dirigeants de la Coopérative, certains ont quitté l’entreprise, sont à la retraite ou travaillent dans d’autres entreprises, mais ont gardé des liens de fraternité avec la COR dont ils sont fiers de la réussite.

La Coopérative Ouvrière de la Réunion
1, Voie de Liaison Portuaire - 97 420 Le Port - Ile de la Réunion
TEL : (0262) 43. 05. 14 FAX : (0262) 43. 09. 44
e. mail : [email protected]


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