Une intervention de la DAAF chez un éleveur dégénère

La crise sociale : urgence à traiter en priorité

31 juillet 2019, par Manuel Marchal

La séquestration de deux agents de la DAAF par un éleveur et ses soutiens est une manifestation supplémentaire de la crise générale qui touche La Réunion. Pour en sortir, le PCR propose que les Réunionnais prennent leurs responsabilité en étant les acteurs d’un projet de développement qu’ils auront eux-même rédigé.

Lundi soir, des fonctionnaires de la DAAF escortés par des gendarmes sont venus dans l’exploitation d’un éleveur de la Plaine des Cafres suite à une dénonciation. L’heure tardive de l’intervention a fait monter la tension. Des personnes sont venues soutenir l’éleveur. Deux des agents ont été contraints de rester sur place la nuit. Les négociations menées hier matin ont permis de débloquer la situation, et permis la libération des deux agents de la DAAF.
C’est un fait exceptionnel que vient de vivre La Réunion. Ceci montre une fois de plus que la situation est au bord de l’explosion.

Au bord de l’explosion

Cela fait de nombreux mois que les difficultés s’accumulent pour la filière élevage. Les ventes diminuent en raison d’une crise de confiance des consommateurs. Les taux de mortalité importants rapportés dans la presse au sujet des élevages du président du Groupe de défense sanitaire et de la présidente de la SICALAIT ne contribuent pas à améliorer la situation.
L’éleveur concerné par l’intervention de la DAAF est un des deux exclus de la SICALAIT, au prétexte de l’état de son troupeau. Comme il ne peut plus vendre ses animaux, il n’a plus de trésorerie pour les entretenir comme il le souhaiterait. Au fil des semaines, la tension est montée jusqu’à aboutir aux graves faits qui se sont produits lundi soir et mardi matin.
Lors de la séance plénière du COSDA du 3 juillet, les interventions des syndicats et des coopératives ont décrit un secteur économique très inquiet. Entre le retard pris dans l’inscription de l’aide de 28 millions d’euros pour la filière canne, l’incertitude sur la déclinaison financée par l’État du POSEIDOM, et la concurrence des importations, l’agriculture est au bord de l’explosion, avait souligné Patrick Hoarau, représentant de la Fédération réunionnaise des coopératives agricoles.
L’agriculture est un secteur économique qui produit des richesses à La Réunion. C’est aussi un important employeur, avec près de 18.000 emplois directs et indirects rien que pour la filière canne.

Crise sociale générale

L’agriculture n’est pas la seule concernée. Les derniers chiffres de l’INSEE sur la pauvreté à La Réunion continuent de dresser le tableau d’une situation sociale hors-norme. Plus de 332.000 Réunionnais vivaient sous le seuil de pauvreté en 2016, dont 115.000 jeunes de moins de 18 ans. C’est une véritable bombe à retardement sachant qu’un Réunionnais de moins de 18 ans sur deux vit sous le seuil de pauvreté.
Quant aux chiffres de Pôle emploi, ils rappellent qu’au second trimestre, plus de 180.000 Réunionnais étaient inscrits comme demandeurs d’emploi, et que le nombre de travailleurs au chômage depuis plus d’un an continue d’augmenter : ils étaient plus de 100.000 au second trimestre.
Ce sont des urgences que le cadre actuel n’arrive pas à traiter. Ces urgences entretiennent des tensions qui peuvent déboucher sur des modes d’expression extrêmes.
Pour sortir de cette crise qui dure depuis des décennies, le PCR propose aux forces vives de travailler sur un projet réunionnais qui serait ensuite la base de la négociation avec Paris. La conférence territoriale élargie à toutes ces forces vives peut être le lieu d’élaboration de ce projet. La venue annoncée du président de la République au mois d’octobre fixe une échéance importante, il n’y a plus de temps à perdre.

M.M.

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