Nouveau conflit au travail

’La discussion c’est mieux’

18 septembre 2004

Une employée de la mairie de Saint-Denis a demandé sa mutation : son service ne veut plus d’elle, après un arrêt de travail pour longue maladie.

Secrétaire à la direction générale des services techniques de la mairie de Saint-Denis, durant 20 ans, Marie-Claire Thévenet a toujours eu un retour positif de son travail.
En décembre 2001, elle est mutée au centre funéraire de Saint-Denis. En juin de l’année suivante, de lourds problèmes de santé l’obligent à se mettre en arrêt pour maladie de longue durée. Elle se rend à la Salpêtrière à Paris et subit plusieurs opérations des reins. Elle réintègre finalement son poste à la fin de l’année 2003.
Commence alors une série d’accusations portées à son encontre par son responsable. "Incompétente", elle prend trop d’initiatives et doit se limiter à répondre au téléphone et à faire suivre les appels. On lui retire son matériel informatique, ses responsabilités, lui refuse ses congés et lui suggère de se mettre à nouveau en arrêt maladie.

En situation irrégulière

"Je suis là pour travailler, pas pour lire des catalogues", souligne Marie-Claire Thévenet. Le 30 juin, excédée et affaiblie par cette situation, elle adresse un courrier à ses supérieurs hiérarchiques à la mairie de Saint-Denis pour demander sa mutation. Elle n’a toujours pas eu de réponse.
À son travail, elle entend "rentrez chez vous en attendant que...". Aujourd’hui, Marie-Claire est en situation irrégulière. Elle est terrorisée à l’idée de franchir la porte de son travail où l’on ne veut plus d’elle. Elle attend que le député-maire de Saint-Denis réagisse à son courrier et accepte sa mutation rapidement.
Pour Alain Mani, secrétaire général de la CFDT-Interco : "Quand il y a des antagonismes forts au sein d’un service, il ne faut pas laisser s’envenimer la situation, mais gérer rapidement ce problème humain".
Le responsable du centre funéraire ne souhaite quant à lui pas s’exprimer et préfère laisser parler sa hiérarchie. Il nous confie néanmoins : "On croit que le silence règle les problèmes, mais la discussion c’est mieux".

Estéfany


Privilégier le dialogue social, sans prendre parti

Remettre la parole du plaignant continuellement en cause ne conduit qu’à le renfermer un peu plus dans son isolement.

De plus en plus de salariés victimes de harcèlement au travail osent parler, sortir de leur isolement pour dénoncer leurs expériences douloureuses. C’est un pas difficile, mais nécessaire pour leur permettre de dépasser le stade de la culpabilisation et tenter de comprendre les raisons de ce que l’on compare à de l’acharnement.
Par respect pour ces personnes, il convient de les écouter et de tenter de comprendre pourquoi et comment le dialogue se rompt au sein d’une entreprise. Pourquoi un salarié, qui essuie brimades continuelles non fondées, réflexions irrespectueuses, qui est isolé du reste de son équipe et à qui l’on demande d’effectuer des tâches incohérentes au regard de sa fonction, n’est-il pas entendu et pris au sérieux ?
Il se s’agit pas de prendre parti et ni de mettre systématiquement les employeurs sur la sellette.
Le harcèlement est impalpable, il se vit dans des situations personnelles, parfois difficilement vérifiables et très peu de cas portés en justice remportent gain de cause. Cependant, remettre la parole du plaignant continuellement en cause ne conduit qu’à le renfermer un peu plus dans son isolement, le plongeant parfois dans de très lourdes dépressions, conduisant à des arrêts de travail successifs, voire à des tentatives de suicide.

Soulever les incompréhensions mutuelles

Cette situation n’arrange guère la vie de l’entreprise. Peut-être les techniques de management doivent-elles évoluer pour répondre aux attentes des salariés et aux objectifs de l’entreprise ? Peut-être qu’au lieu de privilégier le déni de la victime, le silence, en attendant que cela “se tasse”, il conviendrait en cas de conflit, de définir par la concertation les aspects dudit harcèlement, de les comprendre et d’adopter des mesures adaptées ?
Se rendre à son travail chaque jour avec la peur au ventre, angoissé déjà par le prochain reproche, à l’affût de la prochaine insulte, du prochain geste déplacé... cela n’est pas acceptable. Le dialogue social est à rétablir et c’est un travail personnel et commun de chaque instant, qu’il soit au travail, en famille, à l’école...
Mieux vaut semble-t-il reconnaître ses torts, admettre ses erreurs, soulever les incompréhensions mutuelles, peut-être les défauts d’interprétation, que d’avoir à le faire devant la justice. Cet ultime recours peut être évité, car il est préjudiciable pour l’accusé, pour la victime, et pour leurs familles respectives.

Estéfany


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Messages

  • la discution !! oui !!!!!!!!!a conditions d’etre ecouté et pour moi ce n’est pas le cas ,moi aussi je subit mon chef de sevice et je suis desaparé au point d’allée au travail en trainant les pieds chaques jours,moi aussi y a des jours je pense au pire !


Témoignages - 80e année


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