Les privé(e)s d’emploi appellent à manifester à Saint-Pierre

La femme réunionnaise, “tête d’affiche” de la précarité

28 avril 2004

L’UFR, A.C ! Réunion, le Mouvement des chômeurs panonnais (MCP), la CGTR par sa section “chômeurs” et le Comité portois des chômeurs et des mal logés ont jeté un jour cru, à quelques jours du 1er mai, sur la réalité de la pauvreté et grande pauvreté dans les familles de travailleurs privés d’emploi et frappés de plein fouet par les mesures de casse sociale du gouvernement. Ces organisations appellent à manifester massivement à Saint-Pierre, samedi, avec l’Intersyndicale CGTR-UNSA-FSU.

Les travailleurs précaires et les familles vivant au bord de la marginalisation sociale, surtout en milieu urbain, constituent de fait la plus grande part de ceux que les mesures sociales du gouvernement fragilisent le plus. Les organisations réunies hier à la permanence saint-pauloise de la députée Huguette Bello, présidente de l’Union des Femmes de La Réunion, ont dressé un tableau implacable de la situation des plus pauvres, parmi lesquels on compte une majorité de femmes. Elles constituent 59% des chefs de famille bénéficiaires du RMI et 34,2% des demandeurs d’emploi. Elles sont les plus nombreuses parmi les attributaires des emplois aidés et 92% des emplois à temps partiel sont féminins.
"Nous nous passerions bien d’une telle tête d’affiche", a résumé Huguette Bello, en récusant par avance l’accusation de "victimisation des femmes". "Ce sont souvent des battantes - a ajouté la présidente de l’UFR- mais les chiffres sont là".
C’est pourquoi la principale et plus ancienne organisation des femmes de La Réunion -fondée en 1958- appelle les femmes à venir manifester nombreuses à Saint-Pierre. "Les acquis des luttes des femmes sont fragiles et retournés contre elles. L’égalité des sexes n’est pas dans la nature des choses, c’est l’aboutissement d’une lutte", a conclu Huguette Bello, citant Simone de Beauvoir : "On ne naît pas femme, on le devient".

P.D.


o Jean-Pierre Técher (AC ! Réunion) : "La résignation est mortelle"
AC ! Réunion s’est beaucoup impliqué dans la défense des “recalculés”, ces travailleurs dont l’allocation chômage a fait l’objet d’une rupture de contrat, portée devant les tribunaux, dont une décision est pendante. Tout le monde attend l’arrêt de la Cour d’appel de Marseille. Le responsable de AC ! Réunion a dénoncé simultanément ce rôle de "machine à radier les chômeurs" joué par le PARE-PAP, un dispositif qui "en moins d’un an, a mis tous les clignotants dans le rouge, augmentant de 109% les radiations de demandeurs d’emploi", a-t-il dit, en évoquant la grande détresse de nombreuses familles arrivées "au bout du rouleau".
"Il ne devrait pas y avoir de revenus inférieurs au SMIC", a-t-il dit aussi en appelant à manifester samedi contre l’appauvrissement des salariés. "Ce sont eux qui produisent les richesses et il n’y a pas moins de richesses qu’il y a dix ans".

o Maryse Dache (Comité des chômeurs et mal logés du Port) :
"Le gouvernement enlève la précarité pour installer la misère"
La responsable du comité portois de lutte contre le chômage et les mauvaises conditions de logement a commencé son propos en rappelant que la moitié des femmes au chômage ne sont pas indemnisées. Elle a ensuite détaillé le dispositif du RMA (contrat à temps partiel et durée de 20 heures/semaine) qui "risque d’enfermer les allocataires dans une forme de sous-emploi", a-t-elle dit. "Le gouvernement enlève la précarité pour installer la misère" a été sa conclusion, en appelant les Réunionnais à manifester massivement "pour de vrais emplois".

o Jean-Hugues Ratenon (MCP) : Non au "lynchage des érémistes"
Les remises en cause du RMI inquiètent beaucoup les associations d’aide aux exclus et aux demandeurs d’emploi. Le représentant du MCP a insisté sur la nécessité de "mettre une pression positive pour que la justice sociale et le droit soient respectés dans ce pays". Il a aussi dénoncé "la décentralisation du RMI et son remplacement par le RMA", qu’il qualifie de "lynchage des érémistes". Ce qui inquiète aussi les chômeurs, c’est la nouvelle composition du Conseil d’administration de l’ADI, dans lequel siégeront dix élus supplémentaires du Département. Cette configuration rappelle aux organisations démocratiques le système de "l’argent-carnet" de triste mémoire. "Bientôt, on aura à l’ADI un Conseil général bis", a ironisé Jean-Hugues Ratenon, en dénonçant "le clientélisme, le retour de l’esclavage par des pressions sur les allocataires". Le moyen de lutter contre ces risques est de "tout faire pour que les demandeurs d’emploi soient représentés dans le Conseil d’administration", a-t-il conclu.

o Urbain Magdeleine (CGTR-chômeurs) : "Les plus démunis reprennent courage"
Intervenant en dernier, le représentant de la CGTR a donné des informations sur le déroulement de la manifestation du 1er mai, les prises de paroles qui le suivront et le contenu principal de cette journée de lutte. "Nos revendications sont toujours contre la casse sociale. Il nous faut rester vigilants, même devant les avancées. Si nos organisations reçoivent autant de coup de téléphone en ce moment, c’est parce que depuis les élections régionales, les plus démunis reprennent courage". Confiante en ses très nombreuses interventions auprès des travailleurs, pour toutes sortes de difficultés, la CGTR s’attend à une "présence massive" samedi.


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