La CGTR annonce une mobilisation en février

La fonction publique en situation de légitime défense

25 janvier 2008, par Edith Poulbassia

L’appel à la mobilisation d’hier n’a pas remporté le même succès que dans l’Hexagone. De là à en déduire que les fonctionnaires de La Réunion ne sont pas le moins du monde préoccupés par la perte du pouvoir d’achat et les suppressions de postes, il y a un pas à ne pas franchir. Bien au contraire. Le plus gros des troupes de la fonction publique, notamment celui de l’enseignement, est encore en vacances, le moment n’est donc pas propice à la manifestation. Mais la CGTR a tenu à marquer le coup, à exprimer son refus de la casse des trois fonctions publiques, d’Etat, territoriale et hospitalière. D’ores et déjà, le syndicat annonce un mouvement social très fort en février, où le public et le privé devraient se donner la main.

« Une seule alternative s’offre à nous : subir ou agir », affirme Jean-Marc Gamarus, Secrétaire confédéral CGTR. Est-il besoin de préciser que le syndicat a choisi la seconde option ? La mobilisation modérée d’hier en cache une autre, qui se prépare pour février. « Ce sera un mois d’action fort pour défendre les intérêts du public, mais aussi du privé », dit-il, « la CGTR ne restera pas les bras croisés ».
Inadmissible. C’est le mot qu’a employé Jean-Marc Gamarus pour qualifier la politique menée actuellement. Pour lui, « les clignotants sociaux sont dans le rouge », le gouvernement ne cesse de désigner des « profiteurs de la nation », malades, érémistes, pauvres, fonctionnaires, pour justifier les atteintes aux droits.
Baisse du pouvoir d’achat, suppressions de postes, précarité et absence de dialogue social sont à l’origine du mécontentement des fonctionnaires. La CGTR souligne le ras-le-bol général qui se manifeste chez les Français, et explique pourquoi. Le pouvoir d’achat ? « C’est un thème fort pour le président qui déclarait être le président du pouvoir d’achat, mais pour l’instant, il a plutôt fait pour les siens, des cadeaux fiscaux aux plus riches. On attend toujours ». L’emploi ? « Cela fait encore plus désordre. L’emploi est la préoccupation numéro 1 des Réunionnais. Nous avons un problème de sous-dimensionnement des services publics, et là, on remet en cause ses missions, on les supprime même grâce à des appels d’offre pour déléguer. On assiste à la privatisation rampante ». A La Réunion, la précarité vient aggraver la situation. Quant au dialogue social, le gouvernement a une « drôle de manière de l’aborder : il décide et il discute ensuite », regrette Jean-Marc Gamarus.

Trois mois de salaire perdus en 6 ans

« Quel salarié accepterait ça ? ». Pierrick Ollivier de la CGTR Trésor Public explique que depuis 6 ans, un fonctionnaire a perdu en moyenne 3 mois de salaire. 7 à 8% de perte de pouvoir d’achat sur le plan national, 8 à 9% à La Réunion, puisque le taux d’inflation est supérieur, justifie le syndicaliste, c’est une situation inacceptable. Ce ne sont pas les mesures proposées soi-disant en faveur du pouvoir d’achat (pour résumer : le « travailler plus pour gagner plus ») qui viendra à bout du problème. « Le fond du problème, c’est le salaire qui est devenu tabou », Jean-Marc Gamarus en est convaincu. Dans le public comme dans le privé, ajoute-t-il. Le pouvoir d’achat est bloqué.
Ghislaine Gerault, Secrétaire CGTR représentante de la Direction du Travail, démontre qu’une augmentation de 1% des salaires pour les 5,2 millions de fonctionnaires correspond à une dépense de 1,3 milliard d’euros. De 1997 à 2005, la perte du pouvoir d’achat est estimée à 19 milliards d’euros. La CGTR ne comprend pas comment l’Etat peut accepter de laisser 1,8 million d’euros pour seulement 60 patrons et 500 millions d’euros pour quelques personnes fortunées par le biais du bouclier fiscal, mais refuser d’entendre les revendications de la fonction publique. La redistribution n’est pas équitable.

Un service public local en sous-effectif

Jusqu’à présent, La Réunion était épargnée par les suppressions de postes dans la fonction publique. Cette année, c’est fini. Un fonctionnaire sur deux ne devrait pas être remplacé, soit 22.900 suppressions de postes sur le plan national. Pas de chiffre global pour notre département, mais la CGTR assure que la situation ne peut que s’aggraver pour le service public local qui se trouve déjà en sous-effectif. Jean-François Maillot, de la CGTR Impôts, sort les chiffres : l’ANPE de La Réunion dispose de 1 agent pour 156 demandeurs d’emploi, contre 1 agent pour 67 demandeurs en Métropole. Idem pour les impôts : 1 agent pour 1.792 habitants à La Réunion, contre 1 agent pour 1.000 habitants en Métropole.
La fonction publique hospitalière n’est pas mieux lotie. Eric Mackwitz, membre du bureau fédéral de la CGTR Santé section sociale, évoque « les coupes budgétaires qui mettent les hôpitaux à genoux », les restrictions de personnels, la carence des moyens, la remise en question du principe d’égalité des soins, la précarité, le manque de service public de Maisons de retraite... Il se souvient de cette phrase du Président Nicolas Sarkozy, promesse qu’il s’engageait à tenir : « Aucune personne vulnérable ne restera au bord du chemin ». Le Président de la République serait-il encore prêt à le dire ? Avec le démantèlement du service public, on touche aussi aux intérêts des plus pauvres, souligne la CGTR. « Face aux attaques frontales, nous ne sommes qu’en position de légitime défense, de légitime riposte », conclut Jean-Marc Gamarus.

Edith Poulbassia


Grève du 24 janvier au Trésor Public

Dans un communiqué publié hier par la CGTR-Trésor, il est précisé que 22,18% des personnels du Trésor Public de La Réunion ont participé à la grève hier. 6 Trésoreries sur 17 étaient fermées.
« La mobilisation est en marche pour le pouvoir d’achat contre la casse sociale et le démantèlement des services publics », conclue Pierrick Ollivier, Secrétaire départemental de la CGTR-Trésor.


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