La grève des travailleurs sociaux est levée au Conseil général non sans de mauvais souvenirs

12 avril 2007

On a assisté hier matin à un durcissement du conflit.
(photo MD)

On s’en rappelle, dans un courrier en date du 20 mars, la CFDT s’est plaint, sur quatre pages, des carences du Palais de la Source en matière d’action sociale. Neuf jours plus tard, Nassimah Dindar, la présidente du Conseil général, a répondu publiquement lors d’une réunion en fustigeant les travailleurs sociaux avant de s’en prendre nommément à la CFDT. Le 4 avril, une réunion s’est tenue au Conseil général et la CFDT n’a pas donné suite aux nouvelles propositions de réunion proposées par la direction du Conseil général. Au contraire, elle a confirmé son préavis de grève pour le mardi 10 avril. C’est pourquoi, depuis avant-hier, les travailleurs sociaux affiliés à la CFDT ont entamé un mouvement de grève.
Néanmoins, on a assisté hier matin à un durcissement du conflit. Les travailleurs CFDT du Conseil général s’étaient donné rendez-vous mercredi à neuf heures pour manifester devant les locaux de leur présidente, Nassimah Dindar, à Saint-Denis. Du fait que cette dernière n’ait daigné les recevoir, la pression est montée. Les travailleurs CFDT se sont mis à vouloir investir leur lieu de travail, protégé par un portail. Ils ont alors fait sauter cette barrière, ce à quoi les CRS ont répondu en donnant des coups de matraques. De nombreux travailleurs sociaux ont été grandement choqués et meurtris par cette façon de procéder.
En fin de matinée, Moïse Mazeau, le secrétaire de section déplorait : « Nassimah Dindar refuse toujours de nous recevoir au motif qu’elle n’est pas responsable du personnel mais que c’est au Directeur Général des Services (DGS) à recevoir les manifestants. Nous ne pouvons pas accepter que ce soit un administratif et non un politique qui nous reçoive ». Néanmoins, dans l’après-midi, la pression semblait retomber après la rencontre entre Cyrille Melchior, premier vice-président, le DGS et une douzaine de représentants de la CFDT. Hier soir, M. Christian Dijoux, le DGS, nous indiquait qu’une nouvelle rencontre entre la CFDT, lui-même et son directeur-adjoint, M. Govindassamy avait débouché sur un triple point d’accord. Tout d’abord, les parties en présence se sont engagées à un dialogue plus constructif. Puis, le Conseil général a promis un Plan d’urgence pour la petite enfance, tout en restant dans les limites du réalisme. Enfin, un Plan d’action sur les cent-dix sites de l’action sociale a été adopté. Il vise notamment à résoudre les difficultés dans les cinq lieux qui font problème : Saint-Denis 1 et 2, le Port, la Possession, et Saint-Gilles-les-Hauts.
M. Dijoux a tenu à souligner que « cette grève n’a touché que trois pour cent du personnel ». Pour ce qui est des violences qui ont eu lieu dans la matinée, il a indiqué : « On ne peut pas tolérer que des agents s’en prennent aux biens publics. Quand le portail a été forcé, je me suis vu dans l’obligation de dire à la sécurité, de stopper leur avancée. D’une part, je dois veiller à ce que les biens publics ne soient pas dégradés. D’autre part, je ne voulais pas que ces personnes empêchent, comme hier, la majorité du personnel qui souhaitait travailler de le faire. »

Les travailleurs sociaux ne se sentent pas respectés dans leur travail

Interrogées sur leurs motivations à faire grève, les manifestantes sont prolixes : « Certains Groupements d’Unité Territoriales (GUT) comme ceux de la Possession, du Port, de Saint-Denis 1 et 2 manquent cruellement de locaux. Dans de nombreux endroits, il n’y a pas d’ordinateurs qui fonctionnent. » Une autre syndiquée intervient : « Le Conseil général ne dispose que d’un travailleur social pour dix mille habitants, alors qu’au niveau national, il y en un pour cinq mille habitants. Qu’est-ce que cela entraîne ? Eh bien le fait qu’il y a trop d’enfants à gérer pour un nombre de travailleurs trop faible. En plus, on est dans une grande précarité au niveau de l’emploi. Il y a plus de contractuels que de titulaires. » Une troisième intervient : « C’est la première fois que l’on voit autant de responsables de service dans la rue avec les travailleurs sociaux ». Un homme ajoute « Ce qui nous fait vraiment mal au coeur, c’est vraiment l’attitude irrespectueuse de Nassimah Dindar ». Aussitôt, une femme renchérit : « J’ai reçu des coups ce matin, par un CRS. Nassimah Dindar a du mépris pour nous pour nous traiter de cette façon. » Enfin, très professionnelle, une travailleuse termine par ces propos : « Et puis, il faut en finir avec cette politique d’affichage. Par exemple, pour ce qui est du numéro de téléphone pour les femmes battues, le 115, voilà comment cela se passe. La femme en danger appelle, on lui donne les indications pour la loger pendant trois jours, éventuellement avec ses enfants. Puis, au bout de trois jours, on ne peut pas lui proposer une place. Il y a des listes d’attente partout et des foyers d’accueil nulle part. Ce n’est pas normal de communiquer aussi largement sur le numéro 115 auprès des femmes si l’on n’a pas les moyens qui suivent, derrière, pour assurer leur prise en charge. Donc, si on manifeste aujourd’hui, c’est avant tout pour effectuer notre travail de façon sérieuse et responsable. »

Matthieu Damian


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Messages

  • Assistante sociale employée du conseil général en grève mardi 10 et mercredi 11 avril, je tenais à présenter mes remerciements au journal témoignage pour la couverture qu’ il a fait de notre mouvement. De tout les médias ecrits et télévisés c’est lui qui qui a couvert de la façon la plus réaliste et honnête l’évènement. Nos propos ont été retranscrits de façon intégrale. Je connaissais mal ce quotidien du coup je le lirai plus réguliérement. Merci encore.


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