Solidarité agissante des travailleurs face au refus de dialogue du patronat
La grève générale lancée dans le BTP s’étend aux dockers
15 avril 2016, par
La 7e journée de grève dans le BTP à La Réunion a commencé ce jeudi matin par une assemblée générale devant les grilles du Port-Est, aux côtés de la CGTR Ports et Docks. Les dockers ont voté l’entrée en grève illimitée, par solidarité avec les salariés du BTP qui luttent contre l’intransigeance du patronat.
Le 7e jour de grève dans le BTP a vu l’amplification de la mobilisation. Les travailleurs de ce secteur ne sont en effet plus les seuls à être en grève. Alors que le patronat semblait miser sur le pourrissement du conflit, cette méthode n’a fait que renforcer la détermination des salariés en lutte pour un meilleur partage des richesses qu’ils produisent.
Rappelons que la veille, la FRBTP ne s’était pas déplacée pour participer à une réunion de négociations à la Direction du Travail. Les travailleurs revendiquent une hausse des salaires de 2,9 %. Au sein du patronat, la FRBTP a dû faire évoluer sa position. Du gel des salaires à une augmentation de 1 % à compter du 1er avril. Mais la méthode reste l’ultimatum. La FRBTP affirmait en effet qu’elle ne viendra à la table des discussions uniquement pour signer un accord reprenant sa proposition.
Le mouvement s’amplifie
Comme les jours précédents, les travailleurs ont dressé des barrages filtrants à des carrefours stratégiques de la ville du Port, siège des principales installations des grandes entreprises qui dominent le secteur du Bâtiment et des Travaux publics à La Réunion.
Ailleurs dans l’île, d’autres actions ont eu lieu. Les travailleurs ont poursuivi la campagne d’explication auprès des chantiers qui tournent encore. Ils ont également établi un barrage à Petite île.
En début de journée, le Parti communiste réunionnais a publié un nouveau communiqué réaffirmant la solidarité avec les travailleurs. « C’est un exemple qui illustre la gravité de la situation à La Réunion. Le malaise est perceptible dans tous les secteurs et touche toutes les couches de la population : les travailleurs du privé, du public, du para–public, les jeunes et les plus fragiles », écrit le PCR, « plus personne n’est épargné par cette crise sociale, économique et sociétale qui prend de l’ampleur et qui s’est généralisée. Pourtant, force est de reconnaître qu’à plusieurs reprises le PCR avait tiré la sonnette d’alarme et invité les uns et les autres à s’unir pour faire face à l’urgence sociale ».
Lors d’une assemblée générale de la CGTR Ports et Docks tenue devant les grilles du Port-Est, les dockers ont décidé d’aller plus loin que le débrayage qu’ils ont observé mercredi en solidarité avec leurs camarades du BTP : ils ont voté le début d’une grève illimitée.
Reprise des négociations à la Préfecture
En fin de matinée, Paul Vergès a tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé avoir écrit au président de la République pour qu’il débloque la situation. Le sénateur a souligné la responsabilité du patronat dans ce conflit, ainsi que le développement de la solidarité avec les grévistes. « Tout découle d’un syndicat de patrons qui refuse de discuter », a expliqué le parlementaire qui a annoncé une action concrète et écrite.
Au cours de l’après-midi, les barrages ont été progressivement levés.
À 18 heures, les représentants des travailleurs et du patronat avaient rendez-vous à la Préfecture. Une réunion de négociations présidée par le préfet a alors commencé. Les positions ont évolué. Les syndicats demandent désormais une hausse de 2,4 %, et la FRBTP 1,6 %. Une nouvelle rencontre est prévue cet après-midi. Ce matin, les barrages sont maintenus, mais ils seront moins étanches. Si le patronat ne remet pas en cause son attitude, alors sa responsabilité sur les pertes économiques provoquées par la grève va s’amplifier de manière considérable. Car les travailleurs du BTP ne sont plus les seuls à être en grève, les dockers sont avec eux.
M.M.