Mobilisation pour l’emploi à la SERMAT

La grève va durer sur le Port Réunion

10 mai 2013, par Céline Tabou

Conscient des gênes entraînées en raison de la grève illimitée lancée il y a sept jours, le personnel de la SERMAT a décidé de maintenir son mouvement, après une réunion à la direction du travail, mardi 7 mai.

Mardi matin, Danio Ricquebourg, délégué syndical de la CGTR SERMAT, a tenu une conférence de presse pour dénoncer le mépris de la direction envers les travailleurs. Mettant en avant une étude et une série de propositions « pour que le personnel et la technologie restent à La Réunion », mais la direction souhaite céder la manutention des chariots cavaliers à la société concurrente et multinationale Kalmar.

« Notre combat, c’est pour les jeunes Réunionnais »

« Conscient que la grève n’est pas faite pour durer et priver les entreprises de leurs matières premières, mais on ne peut pas dire que l’on est dans un pays des Droits de l’Homme et qu’il est interdit de faire la grève », a introduit Danio Ricquebourg. Le syndicaliste a posé la grève de la SERMAT comme « un problème pour l’emploi en général à La Réunion ». « Notre combat, c’est pour les jeunes Réunionnais diplômés et compétents, ce n’est pas seulement une grève pour se faire plaisir, mais une façon de dire s’il y a des jeunes diplômés envoyés ailleurs, les jeunes doivent revendiquer leurs places dans le Port », a-t-il expliqué.

Rappelant le contexte social de La Réunion avec les plus de 160.000 demandeurs d’emploi, le syndicaliste a affirmé que « les emplois doivent être occupés par les jeunes Réunionnais principalement. Avant, on disait qu’il n’y avait pas de compétence, car pas de formation, maintenant à quoi sert l’argent des organismes de formation ? ». Ce dernier a indiqué qu’il s’agissait d’une question de «  dignité des Réunionnais  ». « “Done Kréol Travay” est un mot d’ordre qui reste le même, même si les mots changent et que certains parlent de préférence régionale. Tant mieux, si les choses avancent. Mais ni la SERMAT, ni KALMAR n’étoufferont les travailleurs. Alors les patrons nous veulent du bien et nous, à la CGTR, on voit le mal », a dénoncé le syndicaliste, rejetant les accusations de racisme.

Licencier sans raison économique

Suite à la défiscalisation de 2005, les sociétés avaient l’obligation de former les employés et de maintenir leurs emplois pendant cinq ans, mais huit ans plus tard, les trois actionnaires n’évoluant plus dans le cadre de la défiscalisation ont décidé de licencier 19 personnes et de déployer le reste du personnel dans d’autres sociétés. « La défiscalisation sert à licencier les travailleurs réunionnais et faire venir des entreprises extérieures avec le personnel. La grève d’aujourd’hui n’est pas chronique, ni un prétexte », a expliqué Danio Ricquebourg.

Le syndicat en appelle à la responsabilité de l’État, « le gouvernement aurait dû permettre la pérennité des emplois, mais il a donné la possibilité aux patrons de nous licencier ». Pour les 43 employés, il est « inadmissible que la maintenance soit donnée à Kalmar, qui importe ses salariés et ses cadres alors qu’il y a des Réunionnais qualifiés ». Cette société fonctionne avec « les copains d’abord », évoquant le cas (voir "Témoignages" du 6 mai). Montrant un document officiel, Danio Ricquebourg a dénoncé les conditions de recrutement des aconiers : un chef d’équipe venu de l’extérieur aura sa « maison payée, voiture payée, une prime d’installation de 2.000 euros, et s’il ne se plait pas à La Réunion, la possibilité de retourner en métropole et réintégrer son poste de magasinier ». « On nous envoie un chef d’équipe qui est magasinier de formation et de métier », a dénoncé le syndicaliste.

Les manifestants demandent la réintégration de la maintenance des portiques et des chariots cavaliers à la SERMAT, car « celle-ci ne coûte rien à SERMAT, ça leur fait faire des économies et les compétences sont présentes à La Réunion ». En réintégrant la maintenance et conservant le personnel, la SERMAT pourrait « faire baisser ses coûts de près de 90.000 euros par mois et créer 6 à 8 postes de techniciens en plus », a expliqué, étude en main le syndicaliste.

Céline Tabou

Toujours pas d’accord

• Le 17 avril 2013 a été déposée une plainte par le personnel de la SERMAT, car « des licenciements se préparent alors qu’il y a une fuite des capitaux et des salaires non récupérés par la SERMAT », a expliqué Danio Ricquebourg. La réunion de mardi après midi à la Direction du Travail n’a pas permis de dégager un accord. Le Syndicat CGTR SERMAT a, par voie de presse, indiqué qu’il se tenait « à la disposition de la Direction du Travail afin de poursuivre le dialogue avec les acconiers et s’étonne du délai de 5 jours accordé à la partie patronale ».

Le syndicat a dénoncé «  le jeu de dupes du président du Conseil d’administration, monsieur François Brault qui pendant 2 mois nous a menés en bateau et n’a même pas été capable de fournir un pouvoir de négociation au nom des trois acconiers. Pouvoir, qui lui a été réclamé maintes fois par la Direction du Travail » . C’est pour cette raison que la CGTR SERMAT a demandé aux services de l’État de « bien vouloir faire le maximum afin que la phase de dialogue engagé mardi 7 mai 2013 se poursuive au plus vite et ce, en présence des vrais responsables de cette situation, autour de la table des négociations  ».
« L’AJFER-Nou lé Kapab solidaire »

• « L’ensemble du personnel de la SERMAT est en grève pour préserver les emplois à La Réunion. L’AJFER-Nou lé Kapab tient à apporter son soutien et sa solidarité aux manifestants qui luttent pour leurs emplois.

Nous soutenons également les déclarations du délégué syndical CGTR, Danio Ricquebourg. Ce dernier a expliqué que cette grève est la représentation du « problème de l’emploi en général à La Réunion » et qu’il s’agit d’une question de « dignité des Réunionnais ».

L’AJFER-Nou Lé Kapab s’associe à ces déclarations et rappelle qu’il y a des jeunes de La Réunion formés et disponibles capables d’occuper ces postes et que le port doit rester plus que jamais aux Réunionnais.

L’AJFER-Nou lé Kapab appelle à la mobilisation générale pour la Priorité à l’embauche des Réunionnais. »
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