Quand le MEDETOM fait parler les chiffres :

La loi-programme crée peu d’emplois !

27 septembre 2004

Selon des éléments fournis par le ministère de l’Outre-mer (MEDETOM), on aurait créé moins d’emplois entre 2003 et 2004 avec la loi-programme qu’entre 2002 et 2003, sans la même loi !

Tous les gouvernements qui se succèdent à Paris ont le même réflexe : chiffres à l’appui il se vantent d’avoir obtenu par leur politique une baisse du chômage outre-mer. Mme Girardin et, avec elle, les services de l’État, n’échappent pas à cette règle.
Dans un communiqué diffusé le 9 juin dernier, le ministère de l’Outre-mer annonçait triomphalement : "en un an, soit entre avril 2003 et avril 2004, la baisse du chômage s’établit ainsi à - 9,9%, alors que la métropole enregistre une hausse de +2,4%."

Ces statistiques sont contestées. Le ministère s’appuie sur des données fournies par l’ANPE. Pour de nombreuses raisons que nous n’évoquerons pas ici, les relevés effectués par l’agence nationale pour l’emploi ne correspondant à la réalité du chômage. Elles sont en tout cas différentes, pour ne pas dire contradictoires, avec les données fournies par l’INSEE qui se base sur des recensements de la population pour établir ses taux de chômage.

Le MEDETOM constate l’échec du gouvernement

Restant dans sa logique, le ministère de l’Outre-mer, dans le communiqué de présentation du projet de budget 2005, écrit : "Les résultats de la politique menée par le ministère de l’Outre-mer en matière d’emploi, d’insertion et de formation professionnelle sont clairement mesurables par l’évolution de la situation de l’emploi qui en démontre l’efficacité". La rue Oudinot explique : "Fin juillet 2004, le taux global de chômage dans les départements d’outre-mer a diminué de 5,6% par rapport à l’année précédente, alors qu’il a augmenté de 2% en métropole. Le chômage de longue durée a fortement baissé (-13,5% contre +3% en métropole) et le chômage des jeunes a également diminué (-1,9% contre +4,8% en métropole). Enfin, l’emploi salarié a progressé de 2,2% dans les départements d’outre-mer alors qu’il a baissé de 0,3% en métropole".

On notera deux choses :
Premièrement, le ministère s’emmêle les pieds dans les données statistiques. Dans son communiqué du 9 juin il fait état d’une baisse de 9% entre avril 2003 et avril 2004 tandis que dans son texte le plus récent il fait état d’une diminution de 5,6% entre juillet 2003 et juillet 2004 !
Deuxièmement, le ministère est cependant constant sur un point : en juin comme en septembre il constate l’échec du gouvernement dans sa lutte contre le chômage en Métropole. Le MEDETOM note en effet que, contrairement à ce qui se passe outre-mer, celui augmente de 2% dans l’Hexagone.

Le 25 septembre 2003, il y a donc un an, présentant le projet de budget 2004 de l’Outre-mer, le ministère notait : "le maintien d’un taux de chômage élevé (25% en moyenne) ne doit pas masquer une baisse significative sur les 12 derniers mois", déclarait Brigitte Girardin en présentant un tableau où le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois diminuait, Outre-Mer de 7,0%, alors qu’il augmentait de 5,7% en Métropole. Les jeunes de moins de 25 ans étaient les principaux bénéficiaires de ce mouvement (-8,4%) .
Ainsi, entre deux présentations de projet de budget, celui de 2004 et celui de 2005, le taux de progression du chômage a évolué : il était de -7% entre juillet 2002 et juillet 2003 pour tomber à -5,6% entre juillet 2003 et juillet 2004.

Près de 700 millions pour les exonérations

Le 31 juillet 2003, la loi-programme pour l’outre-mer était votée et entrait officiellement en application. Si quelques unes de ces dispositions -comme le “passeport mobilité”- avaient été mis en application par anticipation dans le budget 2004, c’est à partir du second semestre de l’année 2003 que la nouvelle politique gouvernementale pour l’outre-mer a commencé à produire ses effets.
Autrement, et selon les propre chiffres fournis par le ministère, le chômage a moins diminué avec la loi-programme (-5,6%) que sans elle (-7%).
On connaît désormais le coût d’un dispositif essentiel appliqué outre-mer : celui de la défiscalisation. En effet, la progression de 52% pour 2005 par rapport au projet de budget présenté en 2004 est "liée au transfert des crédits destinés à la compensation des exonérations de cotisations sociales dans les départements d’outre-mer, jusque là inscrits sur le budget du ministère de l’Emploi, du Travail et de la Cohésion sociale (678 millions d’euros)". Avec autant de moyens et ne pas obtenir d’une année sur l’autre, une baisse plus significative du chômage nous laisse perplexe.


Seulement 1.000 LLS de plus, au titre du Plan Borloo

Portion congrue pour l’Outre-mer

Invitée à s’exprimer sur Télé-Réunion dans le journal de samedi soir, Mme Girardin a déclaré que le plan Borloo s’appliquerait pour l’outre-mer.
Le communiqué du ministère de l’Outre-mer présentant le projet de budget 2005 note que "les créations d’emplois par des aides directes à l’insertion (contrats d’accès à l’emploi) seront encouragées et les nouveaux contrats créés par le plan national de cohésion sociale seront bien entendu mis en œuvre outre-mer.". Mais aucune précision chiffrée n’est donnée. On notera juste qu’à aucun moment, la rue Oudinot ne parle de “CES” ou de “CEC”. On sait que ces deux dispositifs sont appelés à disparaître et seront remplacés par un nouveau contrat. Rien n’est dit quand aux conditions dans les quelles seront mises en application les fameux "contrats d’avenir" qui concerneront les érémistes et les personnes bénéficiaires de l’ASS.

Sur le chapitre logement, le communiqué du ministère est plus précis : "avec les mesures du plan national de cohésion sociale, notamment l’exonération de taxe foncière portée de 15 ans à 25 ans pour la construction de logements sociaux, le ministère de l’outre-mer s’engage dans une nouvelle dynamique pour le logement social en 2005 et se fixe un objectif de 1.000 réalisations supplémentaires.".
Disons le très nettement : un tel objectif est ridicule.
Ridicule, par rapport aux besoins. Réparti, par exemple, entre les 4 DOM, ce quota de 1.000 logements supplémentaires ne représente que 250 LLS en plus pour La Réunion.
C’est ridicule par rapport aux objectifs même du projet Borloo. Dans son volet logement, cee dernier se donne pour objectif de doubler en cinq ans les constructions de HLM, ce qui représente en moyenne 100.000 logements sociaux supplémentaires par an. Ce n’est pas avec les 1.000 LLS supplémentaires annoncés au budget 2005 que cet objectif sera atteint outre-mer !

LODEOM - Loi d’orientation pour le développement de l’Outre-mer

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