Hausse du chômage, retard dans la mise en œuvre des contrats d’avenir

La majorité critique Borloo

11 avril 2005

Ayant déjà fort à faire avec le référendum et les conflits sociaux, le gouvernement a dû compter sur une fronde interne à propos de sa politique de lutte contre le chômage et de création d’emplois. C’est Jean-Louis Borloo qui a essuyé l’essentiel des critiques.

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Tout est parti du taux de chômage et de la nouvelle hausse qu’il vient de connaître : il vient de passer au-dessus de la barre des 10% (10,1% en février).
Alors on s’est mis à rechercher à quel niveau se situait les responsabilités.
Le premier à dégainer aura été Jean-Louis Borloo, ministre des affaires sociales et de l’emploi. M. Borloo n’a rien fait pour calmer les esprits. Le 31 mars, il expliquait que le Premier ministre ne pourra pas tenir le pari d’une baisse du chômage de 10 % en 2005... "C’est un problème de délais, je crois que ça ne sera probablement pas tenu précisément sur les chiffres annoncés.". Le ministre estimerait à 10,3% la montée du chômage pour l’année en cours.

Réplique

La réplique est venue immédiatement et Jean-Louis Borloo est devenu l’accusé. Patrick Devedjian, ministre de l’Industrie a fait remarquer que son collègue ne croyait pas en son propre plan. Il est vrai que Jean-Louis Borloo avait lancé un appel aux chefs d’entreprise les invitant à faire preuve de patriotisme et de mettre en application les dispositions de son plan. Depuis les bouches s’ouvrent et les critiques émanent de son propre camp. On a renvoyé sur le caractère complexe du plan de cohésion sociale la responsabilité de la montée du chômage. Le Premier ministre en personne aurait exprimé son impatience devant le retard pris dans la mise en application des contrats d’avenir.
Mais, le retard pris semble irrémédiable. Du moins pour cette année. En effet, les collectivités intéressées par le nouveau système, ont déjà voté leur budget. Faute d’instructions précises sur les nouveaux contrats d’avenir, elles n’ont pu les prendre en compte : "six semaines de moins, ça aurait permis aux collectivités locales qui votent leur budget avant le 31 mars de mieux intégrer le nouveau dispositif", fait remarquer Pierre Méhaignerie, président de la commission des finances de l’Assemblée nationale et secrétaire général de l’UMP.

Le gouvernement attendu

À La Réunion, le Département avait bien concocté un plan départemental de cohésion sociale. Mais découvrant à la lecture des décrets d’application les conditions de mise en œuvre des contrats d’avenir, Ibrahim Dindar, vice-président du Conseil général, avait crié au scandale. Et le communiqué publié vendredi soir par la Préfecture (voir encadré) ne changera pas grand-chose aux problèmes de fonds posés par plusieurs élus et acteurs sociaux tout au long de la semaine dernière dans “Témoignages”.
Devant la montée des récriminations dans la majorité et au sein même du gouvernement, Jacques Chirac est monté au créneau. Il a rappelé les ministres à l’ordre et leur a demandé d’être solidaires et de défendre le plan Borloo. "Tout cela représente une politique cohérente. Elle doit être portée avec force et efficacité par l’ensemble du gouvernement. J’attends de chacun d’entre vous la plus complète mobilisation", a-t-il déclaré.
Jeudi, Jean-Pierre Raffarin a répété le même discours au cours d’un séminaire gouvernemental consacré à l’emploi. Mais les discours n’ont jamais remplacé les actes. Et c’est bien là-dessus que le gouvernement est attendu.

J. M.


Annonces préfectorales

Dans un communiqué publié vendredi soir, la Préfecture annonce que "le décret d’application des contrats d’avenir a été publié le 17 mars 2005". Il ajoute que "le 25 mars, le Conseil général et l’État se sont accordés, comme le prévoit la loi, sur les modalités de mise en œuvre de ce nouvel outil d’insertion sociale et professionnelle".
Le communiqué annonce également que "dès le lundi 12 avril (en fait, soit c’est le lundi 11 avril, soit c’est le mardi 12 avril - NDLR), l’ANPE (pour les bénéficiaires de l’ASS et de l’API) et l’ADI (pour les allocataires du RMI) pourront recevoir les projets présentés par les futurs employeurs (collectivités locales, associations)".
Et de conclure : "Par ailleurs, l’attache du Conseil régional vient d’être prise afin qu’il puisse, s’il le souhaite, participer à ce nouveau dispositif".


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