Jusqu’à maintenant, la Mission Locale de l’Est n’avait pas les moyens de s’offrir un directeur. La structure souffrait depuis 2001 d’une situation financière instable, d’un déficit qui l’a amenée à se serrer la ceinture pour retrouver un budget prévisionnel de 2,5 millions d’euros cette année. Pendant cette période, les salariés n’ont pas été pénalisés, assure Daniel Gonthier, Président de la Mission Locale Est. La MLE a fait appel à l’Etat, à la Région, au Département et aux 7 communes pour faire face à cette « situation exceptionnelle », elle a participé à de nouveaux produits comme le PLIE (Plan local d’insertion par l’économie), et la structure a pu bénéficier de la solidarité des autres Missions locales. C’est d’ailleurs Lilian Ah-Von, Directeur de la Mission Locale Ouest, qui a assuré en même temps l’intérim pendant 5 ans à la Mission Locale Est. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir essayé de recruter un directeur, le profil des candidats était inadapté au poste ou au-dessus des moyens de la MLE, en difficulté financière. « Nous voulions payer un directeur à sa juste valeur », explique Daniel Gonthier.

1.500 jeunes inscrits en plus chaque année

L’équilibre financier retrouvé, la Mission Locale Est peut dès lors repartir sur des bases saines. Depuis le 4 juin, Sophie Arzal en est la nouvelle directrice, sélectionnée, précise Daniel Gonthier, par le Sous-préfet et les communes de l’Est. Ce qui a séduit était son expérience dans le domaine de la formation professionnelle. Responsable de formation à la clinique de Saint-Benoît pour la Fondation Père Favron, en charge de 300 salariés, Assistante de Direction à l’Arifoc (organisme de formation) et au Colier (ancien Medef Réunion), Sophie Arzal dirige maintenant une équipe de 45 salariés et doit répondre aux demandes des 1.500 jeunes de 16-25 ans qui s’inscrivent chaque année à la MLE, et viennent ainsi gonfler le fichier de plus de 10.900 inscrits.
« 500 jeunes trouvent une solution chaque année, précise Lilian Ah-Von, ancien Directeur par intérim. 70% des jeunes inscrits ont un niveau d’études inférieur au CAP-BEP », c’est-à-dire qu’ils n’ont pas de diplôme. La tâche de la MLE pour les années à venir ne s’annonce pas simple. Au-delà du parcours de recherche d’emploi, la Mission locale intervient aussi pour la santé, le social, l’accompagnement technologique... « nous travaillons sur le projet de vie du jeune, ce qui ne correspond pas forcément à un projet professionnel, insiste Sophie Arzal. Nous mettons par exemple des logements à disposition des jeunes, avec l’aide de la mairie ».

Les entreprises prêtes à former

Pour répondre en particulier aux demandes d’emploi et de formation, la Mission Locale Est compte en priorité sur la Zone Franche Urbaine. A en croire Daniel Gonthier, depuis la création de la ZFU, les demandes des entreprises explosent. « La ZFU nous a apporté ce qu’il nous manque depuis la fermeture des usines à cannes, c’est-à-dire l’emploi, enfin ! ». Lilian Ah-Von confirme, les entreprises ont besoin de techniciens, de personnes qualifiées, mais aussi non qualifiées, qu’elles sont prêtes à former en alternance ou en apprentissage. Encore faudrait-il ne pas rater cette occasion. Le rôle de la Mission locale, précise Sophie Arzal, sera de conforter les partenariats, notamment avec les entreprises. Pour faciliter le rapprochement entre les entreprises et les jeunes de L’Est, la Mission locale organise ainsi le 23 août les premières rencontres de l’Insertion, de l’Alternance et de l’Entreprise sur le champ de foire de Bras-Panon. Autre objectif que s’est fixé la directrice, mieux adapter les missions des conseillers de la MLE à la demande. Car ce ne sont plus seulement des jeunes sans qualifications qui s’adressent à la MLE. Des diplômés de type Bac +2 demandent à être accompagnés dans des projets d’orientation professionnelle, ou des projets de mobilité. Il faudra donc « revoir la formation des salariés », souligne la directrice.

Edith Poulbassia

Bilan de l’année 2006

Les 7 communes de l’Est (de Sainte-Suzanne à Sainte-Rose) comptent 19.496 jeunes de 16-25 ans. Entre 1.500 et 1.700 s’inscrivent chaque année à la Mission locale, chiffre qui s’ajoute au fichier des 10.915 inscrits, en majorité des 18-25 ans. Par an, ce sont en moyenne 500 jeunes qui trouvent une solution avec la Mission Locale de l’Est : en 2006, 66 jeunes à l’Afpar, 45 en mobilité avec l’ANT, 240 avec le CNARM, 138 en contrat d’apprentissage, 172 ont suivi des ateliers de pédagogie personnalisés (remise à niveau, informatique, langues, etc...), 558 demandeurs d’emploi accompagnés dans le cadre du Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE), 58 en contrat de professionnalisation.
Pour un soutien social, 189 jeunes se sont rendus à la Mission locale l’année dernière, dont 55 ont bénéficié d’un accompagnement. 12 personnes ont été hébergées. Le Fonds départemental d’aide aux jeunes a d’abord servi à la subsistance (121 jeunes), puis au logement (65 jeunes) et au transport (95).