Une injustice qui menace la cohésion sociale

La moitié des jeunes écartés de l’emploi

5 novembre 2004

Selon le bulletin d’octobre de l’Institut national des statistiques et études économiques, 56,4% des Réunionnais de 15 à 24 ans sont au chômage. Les jeunes chômeurs connaissent des période sans emploi de plus en plus longues.

Le chômage touche un tiers de la population active réunionnaise en mai 2004. Et, plus grave, il affecte au 2ème trimestre 2004 56,4% des 15 à 24 ans, selon les chiffres diffusés par l’Institut national des statistiques et études économiques dans son bulletin d’octobre 2004. Ce qui signifie que plus de la moitié des jeunes Réunionnais, à l’âge où ils devraient débuter une activité professionnelle, en sont totalement écartés. C’est une injustice à l’origine de bien des manifestations de découragement et de frustration.
Le taux de chômage progresse très légèrement entre les deux enquêtes emploi de 2003 et 2004 réalisées par l’INSEE. Son évolution dépend de plusieurs facteurs, dont le nombre de nouveaux actifs qui se portent sur le marché du travail chaque année. Les chiffres restent cependant supérieurs à ceux de l’ANPE, en raison d’une différence de calcul (*). Dans son bulletin, l’INSEE précise même que "des emplois sont créés, mais le chômage perdure".
"Le chômage peut diminuer durablement dès lors que la conjonction de ces facteurs
(notamment les nouveaux actifs qui arrivent sur le marché du travail) y est favorable, ce qui a été le cas depuis le retournement de 1998 et jusqu’à l’année 2002", affirme l’INSEE.

Diminution significative des contrats “aidés”

D’après les chiffres de l’Institut, "au cours des douze mois précédant mai 2004, date de référence de la dernière enquête emploi, l’emploi salarié et non salarié dans le secteur privé marchand a crû de 4%". Ce résultat confirme la tendance favorable observée à partir de l’indicateur trimestriel publié par l’INSEE (source EPURE/URSSAF) et des chiffres produits par l’ASSEDIC.
"En revanche", insiste l’INSEE, "le nombre de personnes bénéficiant d’un contrat aidé a diminué significativement sur la même période, après une première baisse enregistrée l’année précédente".

Le chômage au sens du BIT (*) concerne 33,5% de la population active en mai 2004, soit 3.000 chômeurs de plus qu’en 2003, et une augmentation de 10.000 au cours des deux dernières années. Après une baisse continue du taux de chômage depuis 1998, l’inversion de tendance observée en 2003 se confirme, et deux seuils sont à nouveau franchis : celui d’un actif sur trois au chômage, et celui des 100.000 chômeurs.

"Un découragement"

Entre mai 2003 et mai 2004, la population active n’augmente que de 3.000 personnes, alors que la population en âge de travailler croît de 10.500 individus. La conjonction de la baisse du taux d’activité et de la hausse du taux de chômage est caractéristique de l’évolution récente du chômage réunionnais et "traduit un découragement face à un marché du travail difficile", souligne l’INSEE.
Dans leurs démarches pour trouver ou retrouver un emploi, les chômeurs ont moins souvent recours à l’ANPE. La proportion de ceux qui ne sont pas inscrits à l’Agence progresse d’année en année (7% en 2001, 13% en 2004).

(*) L’INSEE prend en compte le chômage tel qu’il est défini par le Bureau international du travail : une personne âgée de 15 ans ou plus, sans emploi, disponible et cherchant activement. Cette définition n’exige pas que la personne soit inscrite à l’ANPE.


Les jeunes connaissent le chômage de longue durée

Parmi les jeunes adultes (entre 20 et 30 ans), deux personnes sur trois (hommes ou femmes) travaillent ou cherchent un emploi. Le taux de chômage de ces jeunes est de 47,7%. Ces jeunes chômeurs connaissent des périodes de chômage sans interruption de plus en plus longues : un sur quatre est sans emploi depuis 3 ans ou plus.
Le chômage de longue durée (un an et plus) est stable : il concerne maintenant 7 chômeurs sur 10, et affecte maintenant autant les jeunes de moins de 30 ans, soit 6 sur 10.


La situation des femmes se dégrade

La situation des femmes vis-à-vis de l’emploi se dégrade entre mai 2003 et mai 2004 : non seulement le chômage féminin subit une hausse d’un point, mais de surcroît leur taux d’activité est en baisse pour la seconde année consécutive. Même si 2.000 femmes de 25 à 49 ans se sont retirées du marché du travail, le taux de chômage féminin dans cette tranche d’âge passe au-dessus de 35% en 2004.

Le taux de chômage masculin augmente très peu, mais cette stabilité recouvre une augmentation chez les jeunes et une baisse chez les hommes de 50 ans ou plus.


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