Augmentation des factures d’eau

La population subit les conséquences de la politique de l’État

13 novembre 2010, par Céline Tabou

À l’occasion d’une conférence de presse au Port, le 8 novembre, Jean-Yves Langenier, maire de la commune a annoncé la hausse du prix de la facture d’eau de 33 centimes d’euros. Cette hausse est due à la pression qui pèse sur les maires réunionnais à la suite de plusieurs mises en examen pour des problèmes que le pouvoir central n’a jamais voulu régler à La Réunion.

Au lendemain des élections municipales de 2008, la justice avait mis des maires de La Réunion en examen, dont plusieurs nouvellement élus. Tous ces maires ont un point commun : ils ne font pas partie de l’UMP. À cette époque, l’ancien préfet Pierre-Henry Maccionni poussait les communes à régler au plus vite le problème de l’assainissement. Cette mise en examen tombait donc à un moment décisif, car l’objet de la mise en cause concernait la pollution créée par des réseaux d’assainissement pas aux normes. Une telle mise en examen avait pour résultat de laisser croire à l’opinion publique que la faute incombait uniquement aux maires, non respectueux des normes européennes. C’est justement ce que le représentant de l’État n’a pas corrigé, et les élus ont dû faire face.

Les maires avaient alors indiqué qu’ils n’avaient pas les moyens financiers pour mettre aux normes leurs installations, car le gouvernement avait décidé de baisser la subvention de l’État pour de tels équipements. En plus, le traitement des dossiers par les services concernés prenait du retard. Autrement dit, il ne s’agissait pas alors de la mauvaise volonté des élus. Ces derniers sont en effet préoccupés par l’intérêt de la population, et ne veulent pas que la population supporte seule le coût du désengagement de l’État.

Le Port, première commune à se mettre aux normes UE

Lors de la conférence de presse, le maire du Port avait indiqué que l’État avait clairement signalé aux élus, la nécessité d’être aux normes européennes, afin d’éviter toute sanction de Bruxelles à l’encontre de l’État. En conformité avec la loi, Jean-Yves Langenier a décidé de faire des travaux d’extension et de réhabilitation de la station d’épuration. Ces travaux entrent dans le cadre du budget annexe de l’eau, qui nécessite un équilibre, entre les recettes et les dépenses liées à l’investissement et au fonctionnement.

Devant d’un côté, répondre à la loi, et de l’autre financer les travaux de la station d’épuration, le maire a donc été dans l’obligation d’augmenter le prix de l’eau de 33 centimes d’euros. « Nous avons été contraints d’augmenter le prix, mais nous restons tout de même la commune où le prix de l’eau reste assez bas », a indiqué Christian Séraphine.

Face à un budget de 22.128.506 euros, l’État finance « modestement » 15% des travaux, obligeant les communes, l’intercommunalité (TCO) a payé près de 60% du total. Cette faiblesse de la participation de l’État est une carence du gouvernement, sur un domaine qui dépend de sa compétence, et donc de sa responsabilité financière.

La politique de Sarkozy

Il s’agit d’une constante dans la politique de Nicolas Sarkozy : pousser les élus à taxer ses concitoyens pour payer le prix du désengagement de l’État. L’exemple des réseaux d’assainissement montre bien cette technique. On se rappelle que la Préfecture a orienté les choix des élus vers un mode de traitement des eaux usées directement importé de France, pas forcément adapté à nos contraintes et très coûteux. Ce qui a pour conséquence d’obliger la population à payer un système de plus en plus coûteux, et dans une impasse technologique.

Comme l’a expliqué le maire du Port, la station d’épuration devra être revue en raison de la hausse démographique, et des contraintes écologiques à venir d’ici 2025. D’autant plus que le système mis en avant par le gouvernement est un réel gaspillage. En effet, les consommateurs paient l’eau « quotidienne », l’eau qui traite les eaux usées, et l’eau traitée elle-même, et qui est rejetée. Ce produit fini pourrait servir aux consommateurs, ou encore aux industriels, mais pour cela, les communes devraient débourser des investissements supplémentaires. Toutefois, le maire du Port envisage des travaux pour traiter l’eau usée, afin qu’elle soit réutilisée, notamment pour les entreprises, et les industriels.

Céline Tabou


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