L’UIR-CFDT sur la situation des personnels du service public

La précarité pour un travail de fonctionnaires

23 août 2005

Hier, l’Union interprofessionnelle de La Réunion de la CFDT (UIR-CFDT) a dressé une analyse de la précarité dans le service public. Avec la fin annoncée des dispositifs d’emplois aidés, on ne peut en effet pas dire que la précarité a été éradiquée.

"On ne peut aborder le problème de la précarité dans la Fonction publique sans faire un rapide état des lieux de la précarité à La Réunion", explique Emmanuel Mathieu. Aujourd’hui, notre pays détient de tristes records. Celui "du plus grand nombre de bénéficiaires de RMI en proportion de sa population", par exemple. 240.000 Réunionnais sont ainsi couverts par la prestation, soit 30% de la population réunionnaise, contre 3,2% en France hexagonale.
Selon une étude du CARIF OREF, "66% de la population active est au chômage, soit 203.000 chômeurs". Pour baisser la pression du chômage, les politiques ont mis en place des dispositifs d’emplois aidés, tels que les CES, CEC, Emploi-Jeune. Mais au bout du compte, la réalité est restée la même. "La suppression de ces emplois entraînera la précarisation des services publics", note Emmanuel Mathieu, qui précise que cela est valable pour les Fonctions publiques, hospitalières, dans l’Éducation nationale, ou encore à La Poste, les mairies, les collectivités locales. Il existe ainsi une problématique commune : la précarisation de leurs services.
Par ailleurs, les détenteurs d’un contrat aidé dans la Fonction publique ne peuvent prétendre à l’emploi stable. "C’est un leurre de dire que personne ne restera sur le bord du chemin", poursuit-il. Et de poursuivre : "par exemple, si vous êtes emploi-jeune ou en CEC, vous ne pouvez être intégrés au dispositif contrat d’avenir, puisque les textes prévoient que ces contrats soient accessibles aux seuls demandeurs d’emploi inscrits à l’ANPE depuis un an, et aux bénéficiaires des minima sociaux".

Une précarité généralisée

On sait que la place de ces Réunionnais dans les services publics n’est plus à prouver. Ils ont en effet démontré leurs aptitudes professionnelles, leurs compétences. On ne comprendra donc pas pourquoi l’État s’obstine à écarter la perspective de l’intégration de ces personnels. Les lois de 1983 stipulaient que "les besoins permanents de l’État devaient être assurés par des moyens et des personnels permanents". Alors qu’ils assurent une mission régalienne de l’État. Les personnels de l’Éducation nationale ne sont pourtant pas intégrés, comme le prévoyait la loi Sapin, soi-disant loi de résorption de la précarité.
Outre cela, la Fonction publique territoriale garde le monopole du secteur le plus touché par la précarité. "Sur les 18.865 agents des communes et du Conseil général, on compte 13.339 non titulaires, CEC et emplois-jeunes", précise Moïse Mazeau (Département). Et la fin des différents dispositifs ne rassure pas les précaires de la Fonction territoriale. Tous les syndicats sont unanimes. Le problème de la pérennisation des emplois est entier. La voie est cependant ouverte pour l’embauche par petits contrats, c’est-à-dire un CDD de 3 ans, renouvelable une fois. Après 6 ans de travail, c’est soit un CDI, soit un remerciement bien mérité pour bon service rendu. La privatisation annoncée de La Poste est aussi éloquente en exemple de précarisation future, si ce n’est déjà le cas. La Poste de La Réunion compte 1.350 agents de la Fonction publique, dont 650 contractuels de droit public et droit privé. On note quelques aberrances, comme ce cas d’un agent qui comptabilise 169 contrats successifs. On comprend aisément pourquoi la CFDT poste-télécoms parle de "manque de clarté sur les types de contrats à passer en CDI", et n’a pas signé l’accord Vaugirard, faisant fi de la position de la Fédération nationale.

Et l’hôpital dans tout ça !

Les emplois précaires dans la Fonction publique hospitalière enregistrent les mêmes problèmes que ceux des autres Fonctions publiques. Sur les 5.184 salariés des 5 hôpitaux, 1.170 Réunionnais occupent des emplois précaires. Sur les 3 dernières années, seuls un peu plus de 110 salariés ont été intégrés. 70 seulement ont pu bénéficier d’une formation d’aide-soignant ou d’auxiliaire puéricultrice, ou de préparation au concours de secrétaire médicale. La précarité dans la Fonction publique hospitalière s’est dotée d’un outil, nommé T2A. Entendez, tarification à l’activité. C’est un des 3 volets du plan hôpital 2007. Le principe : "La dotation globale fixait auparavant les recettes en fonction des dépenses. Avec la T2A, c’est l’inverse. La réforme de la T2A détermine les dépenses en fonction des recettes". Et la CFDT poste-télécoms de réagir : "la conséquence immédiate est la tentation d’utiliser les dépenses de personnels, et encore le personnel non médical, comme seules variables d’ajustement. L’activité pouvant varier d’une année à l’autre, les Directions sont de plus en plus frileuses à intégrer les agents sur des emplois permanents".
Pour l’heure, la CFDT mise sur le rassemblement de ses troupes. En tout cas, vu que les dispositifs incriminés vont disparaître d’ici le mois de décembre, il est envisageable que les mois à venir soient marqués par une forte tension sociale.

Bbj


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