Une cérémonie d’hommage au Chaudron se transforme en un affrontement contre la police

La répression contre les jeunes ne règlera rien

17 février 2017, par Manuel Marchal

Dans la nuit de mardi à mercredi, une cérémonie d’hommage organisée par des jeunes dans un quartier de Saint-Denis s’est transformée en affrontement avec la police. Dans une situation sociale aussi tendue, le recours à la répression ne fera qu’aggraver les choses.

Photo d’archives Toniox.

Dans la nuit de lundi à mardi, deux jeunes ont été victimes d’un grave accident sur le front de mer de Saint-Denis. Le drame a fait un mort et un blessé. Mardi soir, des dizaines de jeunes se sont rassemblés à l’arrêt de bus du mail du Chaudron pour rendre hommage à la mémoire de la jeune victime, qui vivait dans le quartier. Pour ces jeunes, les circonstances de la mort d’un des leurs est loin d’être établie. En effet, le même soir que la tragédie, une course-poursuite impliquant des policiers et un chauffard a commencé au Barachois pour se finir dans l’Est de Saint-Denis. Le démenti des policiers au sujet de leur responsabilité éventuelle dans l’accident mortel n’a pas été suffisant pour calmer les interrogations des jeunes.

L’arrivée mardi soir dans le quartier d’un véhicule de police-secours pour une toute autre affaire a été l’étincelle. La voiture des policiers a été la cible d’au moins un projectile. Les fonctionnaires ont été poursuivis jusqu’au commissariat du Chaudron qui a essuyé lui aussi les conséquences de la colère. Puis des jeunes se sont dirigés vers le centre-ville où des dégâts ont été relevés, rapporte la presse d’hier.

La Réunion est un pays ravagé par le chômage. Plus de la moitié des jeunes sortis de l’école sont privés d’emploi. Les gouvernements qui se succèdent n’arrivent pas à régler le problème. Les élections ne changent rien. À cela s’ajoutent les frustrations provoquées par les promesses non tenues par des responsables politiques qui font miroiter des emplois en échange d’un soutien à un scrutin. Aussi il n’est guère étonnant de voir des manifestations d’hostilité à l’encontre de ce système. Et ce sont souvent des symboles qui sont visés, comme la police, ou les centres commerciaux qui matérialisent la domination de l’économie de comptoir sur les Réunionnais.

Ce n’est pas la première fois que La Réunion vit ce genre d’épisode. À chaque fois, la répression a été utilisée. Des jeunes ont ainsi été condamnés à de la prison. Mais cette méthode ne fait pas disparaître les causes de la crise. De plus, la révélation de l’agression sauvage impliquant des policiers d’Aulnay-sous-Bois contribue a instauré un climat de défiance. L’image de la police est salie par les agissements de quelques personnes.

L’urgence appelle donc à créer les conditions d’un dialogue permettant de restaurer la confiance. La répression ne réglera rien, elle aggravera la crise.

M.M.

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