Incapable d’écouter les jeunes

La répression est la réponse du pouvoir

13 juillet 2011

La jeunesse porte des revendications pour changer un système injuste. Confronté à ce mouvement, le pouvoir n’a qu’une seule réponse : la répression. Trois illustrations.

Répression lors de la visite de Sarkozy

Les 18 et 19 janvier 2010, le président de la République est en visite à La Réunion. Les jeunes de l’AJFER comptent donc l’interpeller pour lui faire entendre leurs propositions. En effet, lors de la conclusion des États généraux de l’Outre-mer, les propositions des jeunes Réunionnais n’ont pas été prises en compte.
Ce sont pourtant les jeunes qui subissent la crise de plein fouet, ils ont des propositions, et elles ne sont pas entendues.
Le 18 janvier, sur la route de l’aéroport de Pierrefonds, les jeunes sont bloqués par des gendarmes, ils racontent :

« Les jeunes de l’AJFER se sont donné rendez-vous le 18 janvier à 18h15 sur le parking d’Hyper U Saint-Louis avec pour projet de se rendre à l’aéroport de Pierrefonds afin d’exprimer leurs revendications au président de la République et lui rappeler leur priorité, qui est l’embauche des Réunionnais.
Déjà dans le parking, une horde de gendarmes alors présents nous scrutaient de façon pour le moins étrange avec des allers-retours incessants autour de nous. Lorsque nous quittons le parking en direction de l’aéroport, nous nous faisons intercepter au premier rond-point par une vingtaine de gendarmes qui nous accusent d’emblée de vouloir entreprendre une action radicale en vue de l’arrivée du président. Nous sommes quatre voitures, mais ils arrêtent une 5ème voiture en pensant que le conducteur était des nôtres. Lorsque nous précisons que nous ne connaissons pas cette personne, ils la laissent alors reprendre la route.
Ils commencent par nous demander les papiers du véhicule, papiers d’identité, permis… et finissent par nous annoncer que, conformément à un arrêté préfectoral, nous sommes immobilisés trente minutes.
Au bout de dix minutes, ils demandent à fouiller nos voitures. Ils commencent alors à tout ouvrir, jusqu’à ce que, l’air satisfait, ils tombent sur les banderoles que nous avons confectionnées et dont le slogan « PRIORITE A L’EMBAUCHE DES REUNIONNAIS » semble les surprendre (…). Ce qui ne changera rien à notre situation. Nous attendons pacifiquement la fin de ces longues trente minutes où nous devons nous contenter de ne pas bouger. Une fois écoulées, nous demandons à partir. Mais l’enfer n’est pas fini : ils déclarent devoir attendre d’avoir l’autorisation du Parquet avant de nous libérer. Ce n’est qu’au moment où le président de la République a quitté l’aéroport que nous avons été libérés. Au total, nous avons été « immobilisés » plus d’une heure !!!
Aucune autre voiture n’est interceptée derrière nous.
Nous qui n’ambitionnions que des actions symboliques et pacifiques, comme la distribution de tracts, avons été bien surpris de la tournure des événements. Mais de qui Sarkozy a-t-il peur ?
Est-ce que l’arrivée d’un Président de la République doit justifier l’entrave de libertés fondamentales aussi importantes que celles de la liberté d’expression et d’aller et de venir ? »

Le lendemain, Alexis Chaussalet et un autre camarade sont arrêtés par des gendarmes au Tampon. Ils sont pourtant invités à venir à l’inauguration du Parc des Palmiers par Nicolas Sarkozy et Didier Robert.
Au moment d’entrer, ils sont bloqués. Didier Robert est là, il ne lève pas le petit doigt pour ces jeunes en train de se faire embarquer. Ils seront détenus le temps du passage de Sarkozy au Tampon dans un hangar rempli de gendarmes. Voilà comment le pouvoir répond à la jeunesse !


Alexis Chaussalet en garde à vue

En février 2010, une manifestation a lieu au Tampon devant le lycée Roland Garros. Quelques jours plus tard, le secrétaire de l’Union nationale des lycéens de La Réunion est interpellé aux aurores avec un autre camarade et ils sont emmenés à la gendarmerie du Tampon avant d’être transférés à la brigade de Saint-Pierre.
Dans les rues du Tampon, c’est la mobilisation, une manifestation spontanée converge vers la gendarmerie.
Mais quel crime ont donc pu commettre ces jeunes pour être traités de la sorte ? Ils ont juste revendiqué et manifesté pour faire respecter leurs droits.
Le pouvoir refuse de discuter et c’est tout de suite la répression.


Laurie-Jade Payet convoquée à la gendarmerie

En mars 2011, Laurie-Jade Payet est élue secrétaire du syndicat lycéen UNL.
Aussitôt, elle reçoit une convocation à la gendarmerie de Saint-Pierre. Soutenue par un large comité, Laurie-Jade Payet se rend à cette convocation.
Elle est interrogée pendant une heure et demie par les gendarmes.
Pour les jeunes, cette méthode vise à casser le mouvement.

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