Le cadre actuel ne peut pas régler ce problème

La Réunion : 2 jeunes sur 3 deviennent chômeurs de longue durée

7 décembre 2018

Une étude de l’INSEE publiée hier souligne l’élévation du niveau de formation des Réunionnais au cours de ces dernières décennies. C’est dans le supérieur que la croissance a été la plus grande : 93.000 diplômés en 2014 contre 19.000 en 1984. Mais la pénurie est si grande qu’à La Réunion, deux jeunes sur trois sont au chômage un an après la sortie de l’école. C’est un gâchis considérable, et l’illustration d’une crise que le cadre actuel ne peut pas régler.

Plus de la moitié des jeunes sont au chômage à La Réunion, mais aucune politique spécifique décidée par les Réunionnais n’est possible dans le cadre actuel.

« À La Réunion, 30 % des jeunes âgés de 22 à 35 ans en 2014 trouvent leur premier emploi dans l’année qui suit la fin de leurs études. Pour leurs aînés, l’obtention d’un emploi a été plus lente : seuls 21 % des seniors, aujourd’hui âgés de 50 à 64 ans, ont décroché leur premier emploi en moins d’un an. L’allongement des études au fil des générations explique cette insertion professionnelle plus rapide.

En effet, les jeunes terminent en moyenne leurs études à 20 ans contre 17 ans pour leurs aînés, avec plus d’atouts pour entrer dans la vie active. Ainsi, avoir un diplôme est beaucoup plus fréquent que par le passé : 65 % des jeunes Réunionnais détiennent au moins un CAP ou un BEP, contre seulement 29 % des seniors. Le niveau de diplôme a aussi augmenté : 19 % des jeunes sont diplômés du supérieur contre 8 % des seniors. En l’espace de trente ans, le nombre de diplômés du supérieur à La Réunion est passé de 19 000 à 93 000.

En particulier, les jeunes femmes réunionnaises s’insèrent plus rapidement que leurs aînées : 28 % occupent un emploi dans l’année qui suit la fin de leur formation initiale, contre 17 % de leurs aînées. Le temps écoulé avant le premier emploi est à peine supérieur à celui des jeunes hommes, dont 32 % trouvent un emploi dans l’année. À diplôme identique, les jeunes femmes s’insèrent même aussi rapidement que les jeunes hommes. Ce n’était pas le cas chez les seniors. En effet, être femme au foyer était nettement plus fréquent qu’aujourd’hui. Dans les années 1970, seules 31 % des femmes en âge de travailler se portaient sur le marché du travail ; au milieu des années 2000, elles étaient près de deux fois plus nombreuses (57 %). »

« Parmi les jeunes habitant aujourd’hui sur l’île, neuf sur dix ont décroché leur premier emploi à La Réunion. Plus encore qu’en province, la plupart des jeunes Réunionnais trouvent cet emploi dans le commerce ou les services, reflétant ainsi la tertiarisation de l’économie : 79 % à La Réunion contre 72 % en province.
Au cours des dernières décennies, La Réunion a basculé rapidement d’une économie agricole vers une économie tertiaire. Au milieu des années 1970, les seniors ont fait leur entrée sur un marché du travail où l’agriculture concentrait encore 22 % des emplois ; quand vient le tour des plus jeunes dans les années 2000, l’agriculture ne pèse alors plus que 4 % des emplois. Comme en province, les premiers emplois dans l’agriculture ont ainsi quasiment disparu pour la jeune génération. Des changements sociétaux ont aussi accompagné cette mutation économique. Avec le développement d’une société de consommation, le secteur du commerce offre de plus en plus souvent une opportunité de premier emploi : 22 % des jeunes Réunionnais débutent leur vie professionnelle dans le commerce, contre 14 % pour les générations précédentes. Par ailleurs, seuls 1 % des jeunes commencent leur vie professionnelle auprès de particuliers, notamment comme employés de maison, contre 13 % des seniors. »

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