6 février - 6 avril : deux mois de succès pour tous les Réunionnais

La Réunion : Deux mois d’existence pour le COSPAR

6 avril 2009, par Manuel Marchal

Cela fait deux mois que le Collectif d’organisations syndicales, politiques et associatives de La Réunion existe. En deux mois, la mobilisation massive des Réunionnais autour du COSPAR a permis d’obtenir la satisfaction de plusieurs revendications urgentes. Ces résultats profitent à toute la population réunionnaise. Deux mois après sa création, le COSPAR continue d’animer la lutte dans le but d’ouvrir de nouvelles perspectives pour le pays.

« Les signataires appellent l’ensemble du mouvement social et politique Réunionnais à se réunir pour mettre en place une plateforme revendicative et à construire l’unité des travailleurs et de la population Réunionnaise pour faire aboutir leurs revendications (pouvoir d’achat, vie chère, logement, emploi...) » : le 6 février dernier, 5 organisations (CGTR, FSU, AC Chômage, Agir pou nout tout, Parti de gauche et NPAR) publiaient un communiqué soutenant la lutte du peuple guadeloupéen et appelant au rassemblement. Cette action allait marquer le point de départ d’un des plus importants mouvements sociaux de l’après-guerre à La Réunion.
Le 10 février, ce sont 13 organisations qui se réunissent au siège de la CGTR pour débattre de premières propositions. Trois jours plus tard, les quatre revendications du COSPAR sont formulées. 25 organisations syndicales, politiques et associatives revendiquent une augmentation de 200 euros des minima sociaux, des retraites, des bas-salaires et des bourses d’étudiant ; le gel des loyers dans les logements sociaux ; la baisse de 20% des produits de première nécessité ; et la baisse de 5 euros de la bouteille de gaz. À cette ébauche de plateforme se joint un appel à la grève générale lancé pour le 5 mars, et un appel à l’action pour le 19 mars, le jour où La Réunion fêtait le 63ème anniversaire de l’abolition du statut colonial.

Une mobilisation qui marquera l’Histoire

Le 2 mars, 39 organisations publient une plateforme de 62 revendications dont le préambule rappelle toute la détresse sociale que connaît le pays : « l’exaspération de la population réunionnaise se justifie par un faisceau d’éléments objectifs qui concourent à une dégradation du pouvoir d’achat et des conditions de vie de nos concitoyens. En matière de prix, on constate que sur la période 1997 à 2007, les prix à La Réunion ont augmenté de 37%, alors que dans le même temps, ils n’augmentaient que de 30% dans l’Hexagone. Les politiques d’exonération fiscale se sont traduites par un tassement des salaires. L’Etat a sa part de responsabilités, notamment par la fixation du SMIC et les politiques d’aides ».
Le 5 mars, La Réunion connaissait une des plus importantes de son Histoire sociale. Plusieurs dizaines de milliers de Réunionnais rassemblés dans les défilés de Saint-Denis et de Saint-Pierre amènent l’ouverture des négociations sur trois dossiers : les loyers, les prix et les revenus.
À partir de ce moment, en un mois, le COSPAR allait réussir à obtenir bien davantage que le préfet avec l’Observatoire des prix et des revenus en deux ans. Tout d’abord, le préfet cède rapidement sur les prix des hydrocarbures, et décide de baisser les prix du gaz et du carburant en en faisant supporter le poids au bénéfice des compagnies pétrolières. Ensuite, malgré toutes les tentatives de divisions, le COSPAR et la population réunionnaise gardent le cap d’un accord global. Sur le terrain des luttes, les militants maintiennent la pression, avec des opérations de communication dans les grandes surfaces.
La semaine dernière, de premières grandes victoires sont arrachées avec la baisse des loyers sociaux et étudiants à leur niveau de l’an dernier, l’alignement de l’allocation logement sur la France, la baisse de 10 à 15% au minimum de trois services bancaires, et l’accord avec la grande distribution pour une première baisse comprise entre 5 et 20% sur une liste évolutive de 250 produits. Concernant les minima sociaux, une hausse du minimum vieillesse et de l’AAH sont maintenant possibles, alors que les allocataires des minima sociaux percevront plusieurs primes.

Le choix de la solidarité

Reste à régler la question des revenus. Deux alternatives sont là. Le COSPAR propose pour sa part le principe de la solidarité entre les entreprises, avec une modulation de l’aide de l’État, afin qu’au-delà de trois ans, la pérennité de l’augmentation des revenus salariaux soit assurée. Cette solution a le mérite d’être solidaire et durable, ce qui veut dire qu’elle renforce la cohésion de notre société.
Le représentant de l’État a tenté d’imposer l’application d’un accord Bino-bis, soit 150 euros de plus pendant trois ans, dont seulement 100 euros assurés par l’État (RSTA) durant cette période. Ce qui est en train de se passer en Guadeloupe (voir page 6) montre toutes les limites de se dispositif, et rappelle pourquoi le COSPAR a refusé de s’engager dans un tel piège qui aurait abouti à l’accentuation des inégalités dans la société réunionnaise. Il est également à souligner que le MEDEF accepte de discuter le principe de la solution proposée par le COSPAR. À noter également la déclaration du coordonnateur national des États généraux de l’Outre-mer, qui, en réponse à une question de la sénatrice Gélita Hoarau, laisse la porte ouverte à une modulation de l’aide de l’État.
En deux mois, l’union des forces vives du pays a permis à tous les Réunionnais de bénéficier d’avancées. Ce qui rappelle que l’intérêt de tous est dans l’union la plus large pour faire avancer les revendications globales du pays.

Manuel Marchal

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