Vers un 10e jour de blocage de La Réunion

La sortie de crise passe par plus de responsabilité pour les Réunionnais

26 novembre 2018, par Manuel Marchal

La lecture des premières revendications des gilets jaunes fait apparaître une certitude : l’impossibilité de toutes les satisfaire dans le cadre actuel.

Depuis vendredi, des initiatives se font jour afin de recueillir les propositions de la population. Des communes ont également décidé de prendre position en intégrant des propositions présentées par des gilets jaunes, c’est le cas du Tampon et de Saint-Pierre.

Plusieurs visent à rétablir des dispositifs récemment supprimés par le gouvernement et qui s’appliquaient déjà à La Réunion. C’est notamment le cas de l’augmentation de la contribution de l’État au financement des emplois aidés pour que leur nombre redevienne celui qu’il était auparavant.

D’autres concernent des mesures qui n’ont jamais été appliquées à La Réunion. C’est notamment le cas de la priorité à l’emploi des Réunionnais à La Réunion. Rappelons que le chômage est le problème numéro un dans notre île depuis des décennies. C’est la conséquence de l’échec de toutes les politiques mises en place durant cette longue période. Or, il s’avère que la politique de l’emploi relève du champ de compétence de l’État. Comme La Réunion a un statut de département, ce sont donc les politiques décidées à Paris qui s’appliquent, sans aucune possibilité d’adaptation par les Réunionnais.

Déroger à ce principe suppose donc un nouveau cadre donnant aux Réunionnais un moyen d’adaptation de politiques relevant exclusivement de l’État. C’est possible en restant dans la République, comme le rappellent les mesures s’appliquant en Nouvelle-Calédonie, décidée dans ce domaine par le gouvernement de ce pays.
La question d’un contrôle renforcé des prix découle aussi de cette même logique. Car le principe actuel est la liberté des prix, mise à part l’énergie. Dans ce dernier cas, l’État a donné un moyen dérogatoire au préfet de fixer un prix maximum des carburants en raison d’une situation de quasi-monopole qui ouvrait la porte à tous les abus. Étendre à tous les produits une telle mesure semble difficilement envisageable dans un cadre où le droit commun s’applique.

Depuis le début du mouvement social, la parole se libère. C’est un soulèvement de la couche la plus opprimée de la population, en dehors de toute structure organisée. C’est le cri de révolte de cette moitié des Réunionnais à qui le système dit clairement qu’il n’a pas besoin d’elle pour travailler, et qui la maintient dans les minima sociaux et les emplois précaires. Dépasser cette crise impose manifestement d’aller vers des mesures spécifiques pour La Réunion. Dans ces conditions, qui est mieux placé que les Réunionnais pour élaborer ces mesures, les défendre dans la négociation auprès du gouvernement et les appliquer ? Cela nécessite bien un nouveau cadre, avec plus de responsabilités pour les Réunionnais.

M.M.

Lutter contre la vie chèreLuttes pour l’emploiA la Une de l’actuResponsabilité

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages


Témoignages - 80e année


+ Lus