Momon Papa lé la organise une vente aux enchères

La surenchère du cœur au gala des pauvres

14 juin 2006

Active, c’est le moins que l’on puisse dire à propos de l’association Momon Papa lé la. Dépourvue de moyens, privée de soutiens politiques, elle vit sur ses propres fonds, sans être entendue aux plus hautes sphères. Pour pouvoir profiter d’un local décent et continuer ses activités en faveur des plus démunis, elle vous invite à participer à une vente aux enchères.

L’idée est simple. Elle vient de l’exemple d’une œuvre caritative monégasque. Ainsi, pour atteindre son objectif, avoir un local, l’association en appelle à la solidarité citoyenne. Créée en 2004, l’association Momon Papa lé la accueille les va-nu-pieds de notre société, les laissés pour compte. Nous connaissons son engagement contre la violence faite aux femmes, et les lecteurs savent que les actions menées par Momon Papa lé la servent à pallier un manque indéniable à La Réunion.
Solidarité citoyenne, qu’est-ce à dire ? La fourgonnette utilisée pour les actions de l’association a été entièrement payée par la participation des militants et des bienfaiteurs convaincus de son utilité. Par ailleurs, les missions fixées par l’association Momon Papa lé la sont effectuées grâce aux contributions des militants, mais aussi par le pécule engendré par le tourisme solidaire. Aucune subvention. L’auberge Les Pluies d’Or, berceau de l’association, accueille chaque année des touristes qui veulent appuyer cette démarche citoyenne qu’entreprend l’association Momon Papa lé la. "Astèr, sé nout tour", dira l’un. Oui, aujourd’hui, pourquoi ne pas vider de nos greniers et nos caves des objets pour cette cause ? À chacun de faire...

Manifestez-vous

Déjà, tout un chacun peut engager sa participation par téléphone (0262.460.800) ou par fax (0262.471.013). Hier, dès l’annonce de cette information, des Réunionnais ont souhaité donner un coup de pouce à cette initiative. Le but est de récolter quelque 14.000 euros, pour la location annuelle d’un local, un ancien hangar de peinture. "C’est un gala de pauvres. On fait cela avec nos moyens", lance Patrick Savatier, son porte-parole. Certains ont même proposé de donner de l’argent, en chèque ou en espèces, pour que le projet se réalise enfin. D’autres promettent des meubles, du linge, etc... La Réunion sera-t-elle solidaire ? Les artistes peuvent peut-être apporter leur soutien, tout comme les Rotary Club qui se meuvent sur notre île. Les démarches sont d’ores et déjà entamées auprès d’un huissier de justice pour assurer la transparence de cette opération. Dès début juillet, le temps de se conformer aux règles en vigueur, cette vente aux enchères se tiendra. À nous de donner le coup de pouce attendu.
Pour Patrick Savatier, c’est ainsi que doit se mouvoir "une association qui s’exprime haut et fort, qui dénonce les problèmes publiquement, qui refuse d’être achetée malgré une proposition alléchante". Sans soutiens politiques. Oui, une telle association ne peut être qu’inquiétante, surtout quand elle engrange un nombre de prestations qui relèvent des pouvoirs publiques et des collectivités locales. Et celui-ci de constater que "l’expression citoyenne, même en acte, malgré le soutien populaire, n’est pas prise en compte. Nous ne sommes pas des millionnaires comme veulent le faire entendre certains. Le travail des bénévoles est fait selon nos moyens". Pourtant, faut-il encore le souligner, l’engagement des membres de l’association Momon Papa lé la sauve des vies réunionnaises.

Babou B’Jalah


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