La bataille des dockers de la SERMAT concerne tous les Réunionnais

La victoire ou le soulèvement des Réunionnais dans 48 heures

Meeting face à une situation d’urgence au Port-Est

17 mai 2013, par Céline Tabou

En réponse à un appel diffusé à 15 heures, de nombreuses personnes étaient massées moins de deux heures plus tard devant les grilles du Port-Est pour participer à un meeting d’urgence convoqué par le Parti communiste réunionnais. Travailleurs du port, jeunes, femmes, élus, tous conscients qu’un événement va arriver. Les télévisions étaient là aussi, prêtes à diffuser en direct depuis le port-Est. À l’ordre du jour : le soutien à la bataille décisive menée par les dockers de la SERMAT contre un monopole, pour préserver l’emploi de 19 travailleurs. Au cours de cette réunion, Paul Vergès a souligné l’importance de cette bataille : soit les dockers obtiennent satisfaction dans les 48 heures, soit la population sera appelée à manifester partout dans l’île.

Danio Ricquebourg lance le meeting : « Comment expliquer à un jeune qu’il peut avoir des diplômes, mais qu’il ne trouvera pas de poste parce qu’il est fait pour exécuter et recevoir des ordres ».

Devant plusieurs centaines de dockers et militants du Parti Communiste Réunionnais, Danio Ricquebourg, délégué syndical CGTR de la SERMAT a salué la mobilisation improvisée par le PCR. Devant l’entrée du Port Est, une foule est venue en signe de solidarité à la grève que le personnel de la SERMAT mène depuis quinze jours.

« On va assurer et on va gagner cette bataille »

Présidé par Michel Séraphine, le meeting a été l’occasion pour le PCR, le Parti de Gauche et l’AJFER-Nou Lé Kapab de dénoncer l’attitude du patronat envers le personnel : « On ne va pas s’agenouiller et demander pardon aux gros blancs. On va assurer et on va gagner cette bataille », a affirmé Danio Ricquebourg.

Depuis quatorze jours, le personnel du Groupement d’Intérêt Economique (GIE) SERMAT est en grève suite aux annonces de la direction du licenciement de 19 personnes et l’envoie de la maintenance à la société Kalmar. Munie d’une étude démontrant les économies pouvant être faites par la SERMAT et les possibilités de conserver les emplois et de réintégrer la maintenance, la direction a refusé, laissant trainer les choses.

Jouant sur un pourrissement de la situation, mardi 14 mai, la fédération CGTR Ports et Docks organise après sont assemblée générale, un meeting visant à expliquer les raisons de la mobilisation et annonçant la fermeture du Port. Dès lors, la situation du personnel de la SERMAT est devenue un problème global d’emploi à La Réunion : « Il s’agit de la dignité des Réunionnais » et « permettre aux Réunionnais capables de travailler dans le pays ». À cette occasion Gilles Leperlier de l’Alliance des Jeunes pour la Formation et l’Emploi à La Réunion-Nou Lé Kapab a rappelé les discriminations subies par les Réunionnais dans les secteurs public et privé et a appelé à la mobilisation le 20 mai parce que « la situation n’a que trop durée. Nou lé kapab dan nout péi ! ».

Respecter les droits des travailleurs réunionnais

Deux jours plus tard, après des négociations tendues, Danio Ricquebourg a annoncé jeudi 16 mai que la direction voulait des excuses pour les propos tenus dans la presse. Ce dernier a affirmé que « je ne m’excuserais pas. Je suis dans mon pays, c’est à eux de faire des excuses aux 300 dockers. Le préfet nous a fait une offre minimum, internalise sans condition. Alors à 17h, on a dit le combat est devenu celui de toute La Réunion, avec la présence des politiques, pour le respect des Réunionnais et des jeunes ». Ce dernier a indiqué « comment expliquer à un jeune qu’il peut avoir des diplômes, mais qu’il ne trouvera pas de poste parce qu’il est fait pour exécuter et recevoir des ordres ».

Danio Ricquebourg a réitéré la demande faite auprès de la direction de la SERMAT, de la Direction du travail et du préfet : le respect dû aux travailleurs réunionnais. « Nou lé kapab, les jeunes formés à La Réunion ont relevé le défi d’être formé et capable. On n’est pas seulement fait pour les petits postes. On a gagné, on a appris, on peut leur dire merci et au revoir ». Pour conclure, le syndicaliste a affirmé à l’assistance « on n’est plus tout seul. On va résister. Les dockers sont une grande famille, aujourd’hui, nous tous, on est ensemble pour gagner cette bataille ». De son côté, Michel Séraphine a dénoncé les propos d’Ibrahim Patel, qui a « redoré son blason après avoir raté le port et l’aéroport. Il soutient le patronat qui ne l’a pas soutenu lors des élections de la Chambre de Commerce et de l’Industrie. Qu’il n’oublie pas que les élections, c’est pour bientôt. Nous avons entendu un discours démagogique. Le combat de Danio et de la SERMAT est un exemple ».

L’assistance a entonné l’Internationale pour conclure le meeting et à partir de là, « chacun est face à ses responsabilités » comme l’a déclaré plutôt le sénateur Paul Vergès. Le délai donné par les participants de ce meeting court jusque dimanche soir.

Céline Tabou

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