Protestation croissante contre la baisse du pouvoir d’achat

’La vie lé tro chèr’

17 juin 2005

Plusieurs organisations de consommateurs, associations de chômeurs ou partis politiques de l’Alliance ont protesté à plusieurs reprises contre l’augmentation du coût de la vie - liée en partie à l’instauration de l’euro - et à la baisse du pouvoir d’achat d’une grande partie de la population. Hier, l’UFR a posé à son tour le problème en donnant plusieurs exemples de familles confrontées à de graves difficultés pour vivre.

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L’Union des femmes réunionnaises (UFR) a présenté hier ses revendications pour que les plus démunis de notre société vivent décemment. En effet depuis 2002, les prix ne cessent d’augmenter et les plus modestes “i tir le diab par la kè”.
La Réunion compte 215.000 ménages et "les plus modestes subissent le poids des restrictions", affirme Huguette Bello. Les femmes, "ministres des finances familiales, supportent le poids de ce dénuement", continue la présidente de l’UFR. "Cette vraie misère, ce vrai dénuement, il est impossible de le mesurer", constate-t-elle.
"La population n’en peut plus car la vie est trop chère". "Le salaire moyen annuel à La Réunion est de 16.500 euros et en France de 18.300 euros". "L’écart de salaire entre les hommes et les femmes se situe entre 20% et 25%", note-t-elle. "Notre pays se trouve dans une situation d’urgence sociale et économique".

76.276 personnes au RMI

En réalité, 76.276 personnes ont le revenu minimum d’insertion comme ressource principale. À La Réunion, 44.351 femmes et 31.925 hommes perçoivent ce revenu. "5.812 ont le revenu de solidarité". Lorsque ces personnes ont cette somme sur leur compte le 8 du mois ; "elles n’en peuvent plus", souligne la parlementaire.
Ces familles ressemblent à "des zombies dans la société réunionnaise", observe Huguette Bello. "Le pays est un malade dépressif". "Cette situation nourrit la peur de l’autre. Celle du logement social et des jeunes". "Les gens vivent au jour le jour". La Présidente de l’UFR remarque que "depuis 2002, les prix ont augmenté".

La morue produit de luxe

Aujourd’hui, "un paquet de brèdes est à 1 euro. Avec 100 francs, avant, une famille remplissait" sa soubic. La morue est devenue un produit de luxe à "62 francs". Le coût “d’un repas de la semaine” pour une famille moyenne avec deux enfants est de 15,50 euros, soit 101,68 francs. Celui “d’un repas du dimanche” 21,50 euros, soit 141,04 francs.
"En 2001, le prix de la lessive était de 73 francs et de nos jours 118,14 francs". Le laitage pour les enfants en bas âge, "on l’achète lors des grosses commissions". "On paie la parabole car on ne peut plus aller au cinéma. On paie aussi l’affiliation à un club sportif, l’assurance, la mutuelle..."

"Réévaluons les minima sociaux"

Aujourd’hui, les membres de l’UFR demande "la réévaluation des minima sociaux, l’augmentation de l’allocation de rentrée scolaire, d’égaliser au plus vite l’allocation parents isolés pour les hommes et les femmes, l’intégration des exclus de la CMU et l’installation de l’observatoire des prix et des revenus". "En face des paroles, il faut qu’il y ait des actes", dit la parlementaire.

Un monde invisible

Le monde des plus défavorisés est "quasiment invisible et visible dans les faits divers". "Lé pas parce que nou tèt lé bien peigné ke toute lé gayar", dit Huguette Bello. Malgré des conditions de vie difficiles, ces familles n’hésitent pas à se sacrifier pour leurs enfants. Rachel, érémiste, donne chaque jour à son "marmay de 15 ans", 10 euros. "Est-ce ainsi que les hommes vivent ?", s’interrogent Huguette Bello sur les paroles d’Aragon.

Jean-Fabrice Nativel


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