Manifestation des Assistants d’éducation

« Laisse pa nou su le bor shemin »

18 juin 2009, par Edith Poulbassia

Le Président de la République l’avait pourtant promis, aucun Français ne sera laissé au bord du chemin. Hier, les grévistes ont demandé au Rectorat puis à la Préfecture l’intégration des assistants d’éducation en fin de contrat. Ils n’ont pas été entendus. Mais la Préfecture promet d’organiser une réunion.

Ils étaient des centaines hier matin devant les grilles du Rectorat. Des assistants d’éducation, soutenus par des enseignants, le collectif Agir Pou Nout Tout, AC Chômage, les syndicats FO, SNALC, SNuipp, CFTC, Saiper, CRPV, le cercle philosique… Une délégation a été reçue vers 10 heures par le directeur de cabinet au Rectorat, Jean-Luc N’Guyen. Mais à la sortie, après une heure de rencontre, rien de bien concret pour les 348 assistants d’éducation qui se retrouvent au chômage à la fin de l’année scolaire. En clair, l’Académie renvoie la balle à la Préfecture. « Le Rectorat n’a pas de solution à proposer dans l’immédiat. On nous dit qu’il faut une décision politique et organiser une table ronde », a déclaré Doriane Dijoux, de l’association des Assistants d’Education.
Les manifestants se sont donc dirigés en fin de matinée vers la Préfecture, où des assistants d’éducation campent depuis près de deux semaines et où ils avaient déjà été reçus à 6 reprises. Sans succès. Là encore, aucune solution proposée pour une pérennisation des emplois. Seule promesse formulée, l’organisation d’une réunion avec l’ensemble des acteurs signataires de la convention de 2003. Laquelle prévoyait la recherche d’une solution durable.

Refus de la précarité

Les assistants d’éducation, jeunes diplômés, travaillent pour certains depuis plus de 11 ans au service de l’Education nationale. Passant des emplois jeunes aux aides éducateurs puis aux assistants d’éducation. La loi prévoit pourtant l’embauche en CDI des assistants d’éducation après 6 ans de contrat. C’est précisément ce que l’Académie cherche à éviter, à en croire les assistants d’éducation. Les contrats de 348 assistants éducateurs arrivent à terme et ne seront pas renouvelés. D’autres jeunes viendront occuper ces emplois précaires, mais qualifiés. « Nous avons envoyé de nombreux courriers au Rectorat. Nous avons été reçus. On nous dit être au courant de notre situation. Mais on nous répond que les contrats ne peuvent pas dépasser 6 ans », explique Claudine Hoarau, de l’association KASSED.
Pour les assistants d’éducation, les décideurs ont oublié la convention signée en 2003 par le Préfet, l’Association des Maires, les collectivités, l’Académie. Aujourd’hui, le Rectorat veut organiser le reclassement des assistants d’éducation dans le secteur marchand. « On va nous délivrer une attestation de compétences et procéder à des entretiens individuels », conclut Claudine Hoarau. Une solution qui n’en est pas une pour ces jeunes précaires.

Edith Poulbassia


• Claudine Hoarau, 36 ans
Claudine travaille depuis 11 ans pour l’Education nationale. Son parcours est varié : aide éducatrice en Environnement (sortie pédagogique, de l’embellissement des espaces verts), soutien scolaire, aide éducatrice au Centre de Documentation et d’Information, aide à l’orientation des élèves de 3ème, surveillance, gestion des absences. « A l’époque, j’étais au chômage, avec un niveau BT,l’ANPE m’a proposé de postuler à un poste d’aide éducateur. On m’a proposé ensuite de préparer une Licence de Science de l’éducation. J’ai demandé à suivre d’autres formations avec l’ANPE, mais on m’a répondu que je n’y avais pas droit puisque j’étais salariée », raconte la jeune femme. Aujourd’hui, avec un enfant à charge, elle ne voit pas comment envisager l’avenir.

• Nina, 32 ans et Alexandra, 33 ans
Lycée de Bras-Panon. Les deux collègues y travaillent depuis 11 ans. Anciennes “emplois jeunes”, elles sont maintenant assistantes d’éducation. Nina est assistante administrative, s’occupe de la gestion des examens et des démarches d’orientation. Ella a réussi au concours d’adjoint administratif de la fonction publique territoriale, mais aucun poste n’est disponible.
Alexandra est assistante chef de travaux, s’occupe des relations élèves, professeurs, entreprises. En poche, une formation en technique de recherche d’emploi et une qualification de sauveteur secouriste. « On ne me propose que des CDD ou des remplacements », déplore Alexandra.

EP

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