Saint-André

Large solidarité avec l’employée licenciée de Ravine-Creuse

24 juin 2006

Toute la matinée d’hier, Nathalie Latchoumanin, employée depuis 1992 dans l’école de Ravine-Creuse et jetée à la rue sans motif par l’employeur, a attendu sur le parking de l’école que quelqu’un de la Mairie donne des explications sur la décision qui la frappe. Un large front de solidarité s’est constitué autour d’elle.

Quelle explication une employée polyvalente sans statut dans une école primaire pourrait-elle attendre d’un patron “de droit divin” ? Pendant 14 ans, on renouvelle en toute illégalité un contrat “à durée déterminée” et subitement, parce que l’employeur l’a décidé ainsi, le contrat illégal prend fin dans l’arbitraire. L’affront au droit du travail est double, sans parler de la catastrophe que représente pour une mère chargée de l’éducation d’un enfant de 14 ans, le fait de se retrouver à la rue. Motif ? Tout le monde l’ignore, à commencer par l’intéressée.
Nathalie Latchoumanin pouvait se croire sortie d’affaire lorsqu’elle a entendu, de la bouche même de responsables municipaux, qu’elle faisait partie du personnel que le Maire destinait enfin à un CDI... Depuis peu, la Mairie de Saint-André - une des rares municipalités qui n’ait pas encore réalisé l’intégration de son personnel journalier - laisse entendre qu’elle va régulariser les contrats du personnel communal en situation précaire : plus de 800 personnes, dont beaucoup sont au service de la collectivité depuis plusieurs années.

“Oukaze municipal” 

Selon les critères de la Mairie, les employés depuis plus de 5 ans, ou ceux âgés de plus de 52 ans, auraient droit à un Contrat à durée indéterminée. Observons que même lorsqu’il cherche à se racheter une conduite, le Maire de Saint-André procède par “oukaze”. Ce n’est pas d’hier qu’il est fâché avec le Code du travail. Devant l’émoi provoqué par sa décision injuste, pour le Maire, le 4ème adjoint de Saint-André a tenu hier après-midi une conférence de presse improvisée à laquelle, comme de coutume, “Témoignages” n’était pas invité. Tous nos efforts pour joindre la Mairie par téléphone sont restés sans réponse.
Nathalie Latchoumanin est agent polyvalente dans l’école de Ravine-Creuse depuis 1992, à mi-temps. Elle pouvait donc entrer dans les critères nouvellement désignés. Mais elle apprenait ensuite des mêmes responsables municipaux, que son contrat ne serait renouvelé que si elle acceptait de changer d’affectation : elle est actuellement polyvalente dans une école et on lui a désigné un poste de balayeuse au CASE de l’Oasis, route de Bras des Chevrettes.
La lettre de non-renouvellement de son contrat est la réponse du Maire au refus de l’employée de quitter l’école où elle est affectée depuis 14 ans.
Les témoignages de ses collègues, des enseignants de l’école, de la responsable du Comité de parents d’élèves, du Directeur de l’école sont tous très élogieux à son endroit. Elle donne satisfaction à tout le monde et s’occupe de tout dans l’école, selon l’urgence. Depuis jeudi, une pétition circule pour demander le maintien de Nathalie Latchoumanin à son poste.

Manifestation lundi

Elle a en effet décidé de tenir bon et, depuis 2 jours, tout le monde fait bloc autour de l’employée licenciée. "Il manque du personnel dans cette école. À quoi ça sert de l’enlever, elle ? Ce n’est pas normal ce qui lui arrive. C’est inadmissible !", témoignait hier la responsable du Comité de parents d’élèves de l’école, en annonçant que la protestation et le soutien vont se poursuivre lundi.
Les conseillers municipaux d’opposition Éric Fruteau et Joe Bédier étaient hier avec l’employée pour lui témoigner leur soutien et dire l’indignation que leur inspire "une politique municipale du personnel inefficace et inexistante", a dit Éric Fruteau. Joe Bédier, syndicaliste à la CFDT, est allé plaider la cause de Nathalie Latchoumanin auprès de son syndicat. La CGTR-Est et l’Intersyndicale de la Fonction Publique Territoriale (FPT) sont également alertées.
Tous ont rendez-vous lundi devant l’école, pour poursuivre le soutien envers l’employée licenciée et dire leur exaspération devant une politique municipale du personnel qui, depuis 2004 plus qu’avant encore, crée un profond malaise à Saint-André.

P. David


Réactions


o Éric Fruteau (PCR)

"La politique du personnel est à revoir"

Interrogé au téléphone par “Témoignages”, le conseiller municipal et conseiller général d’opposition, Éric Fruteau (PCR), a exprimé le soutien de l’opposition à l’employée frappée d’arbitraire.

"Cette dame se trouve dans une situation sociale et humaine dramatique. Après 14 ans d’ancienneté, on lui signifie que son contrat ne sera pas renouvelé : sans grief, sans motif, rien ! Les élus municipaux de l’opposition tiennent à manifester leur soutien à tous les employés communaux qui demain peuvent se trouver dans la même situation qu’elle.
Nous voilà loin des “beaux discours” du Maire ! Nous voyons ce que veulent dire le “social” et “l’humain” à Saint-André.
Cette situation est tout à fait anormale. Pourquoi cette dame n’a-t-elle pas un CDI ? Nous prônons, dans l’opposition, la création d’une Commission paritaire mixte devant laquelle le cas des employés communaux pourrait être défendu devant des élus, des administratifs et des représentants du personnel. D’ici là, il faut créer le plus fort soutien autour d’elle. Il ne faut pas qu’elle lâche. Parce que demain, ce sont 800 journaliers communaux qui pourraient être menacés. Dans la précarité généralisée qui caractérise Saint-André, ce cas est révélateur d’une politique du personnel inefficace et inexistante".


o Joe Bédier (CFDT)

"Il faut venir ici pour voir cela !"

"C’est une honte ! Ce matin (hier - NDLR), quand Mme Latchoumanin est arrivée devant l’école, il y avait bien 8 gendarmes et policiers municipaux pour elle toute seule. Elle travaille ici depuis 1992 ! Il faut venir ici pour voir cela ! Ça ne se passe pas ailleurs.
Je pense qu’on ne peut pas voir une femme perdre son emploi, être jetée à la rue... et rester chez soi, devant son poste de télévision ! Il faut bouger ! Les élus, les syndicats sont là pour ça ! Depuis 2004, le Maire déplace, sanctionne, renvoie du personnel sans motif. On ne peut pas laisser faire ! Puisque tout le monde soutient Nathalie Latchoumanin, le Maire doit rendre des comptes...".


o Jean-Yves Payet (CGTR-Est)

"Une large mobilisation"

"Il faut une large mobilisation pour faire reculer l’arbitraire. Selon le contrat, la situation des précaires est plus ou moins compliquée à défendre juridiquement. Seule la mobilisation peut faire reculer une décision injuste".


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