Publication d’un rapport sur le chômage de longue durée

Le cercle vicieux de l’éloignement du marché du travail

11 août 2015, par @celinetabou

Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) vient de publier son rapport d’activité 2014, dans lequel il explique que « le fait d’être éloigné du marché du travail réduit progressivement les chances de retour à l’emploi. » Raison pour laquelle, le COE préconise de réduire les risques d’éloignement du marché du travail et ramener vers l’emploi les personnes qui en sont durablement éloignées.

À La Réunion, plus de la moitié des jeunes sont à la recherche d’un travail.

Le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) est placé auprès du Premier ministre, afin d’établir une expertise de la situation et de mettre en place une concertation réunissant l’ensemble des acteurs du marché du travail.
Considéré comme un espace « indépendant de débat, de réflexion et de mise en commun des connaissances sur l’ensemble des questions d’emploi », le COE publie ses propositions de réforme à destination des partenaires sociaux et des pouvoirs publics, dans leurs champs de compétence respectifs.

88 590 Réunionnais concernés

Pour l’année 2014, l’accent a été mis sur l’éloignement durable du marché du travail. Ainsi, les rapporteurs expliquent que « le fait d’être éloigné du marché du travail réduit progressivement les chances de retour à l’emploi. »
Ils assurent que cette situation volontaire ou non conduit généralement à une « perte de compétences, de confiance en soi, de capacité à se repérer sur un marché du travail en évolution rapide ». Sans oublier, « l’apparition ou l’aggravation de difficultés matérielles et en matière de santé, mais aussi par d’éventuels comportements de discrimination. »
5 % de la population en âge de travailler, soit plus de 2 millions de personnes sont concernées. En juillet 2015, ils étaient 88 590 Réunionnais inscrits au Pôle emploi depuis plus d’un an. En un an, le nombre de chômeurs de longue durée est resté quasi stable (+0,6 %) à La Réunion.
Les personnes dans cette situation ont connu une interruption de carrière due au chômage, selon le COE. Ces derniers risquent de rester durablement dans cette situation, si aucune politique économique efficace n’est mise en place.
Le conseil a identifié trois groupes de personnes confrontées à cet éloignement. Tout d’abord, les personnes qui ne sont jamais entrées sur le marché du travail, comme les jeunes NEET (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire). Ensuite, des femmes et des hommes qui ont interrompu leur activité pour s’occuper de leurs enfants et qui voudraient retravailler. Enfin, des personnes en situation de handicap ou ayant connu des problèmes de santé.

« L’éloignement crée de l’éloignement »

L’éloignement réduit les chances de retrouver un emploi, pèse sur les trajectoires professionnelles et entraîne des conséquences négatives qui se renforcent.
« L’éloignement est profondément dépressif et il fragilise les personnes, sans même parler des discriminations à l’égard des chômeurs de longue durée », affirme le COE. Ce dernier ajoute qu’une « part significative des personnes éloignées du marché du travail n’est pas inscrite à Pôle emploi et ne bénéficie pas d’un accompagnement professionnel. »
Face à une situation sociale aggravante, le Conseil d’orientation pour l’emploi a identifié, deux leviers d’action pour mieux prévenir et combattre l’éloignement. Ces leviers font intervenir l’Etat, les partenaires sociaux, les collectivités locales, les associations et les entreprises.
Le premier levier concerne la réduction des risques d’éloignement du marché du travail. Le COE propose de mieux anticiper le retour sur le marché du travail et le lien avec le service public de l’emploi doit être autant que possible maintenu. Ensuite, il est préconisait de déclencher plus tôt la recherche d’emploi et les actions à mener anticipées dès que possible.

Anticipation, accompagnement et formation

Dans le cadre de ce premier levier, le COE souhaite « éviter que des demandeurs d’emploi restent longtemps sans contact avec le monde du travail » et que les actions de formation, voire de reconversion, devraient toujours s’inscrire dans le cadre d’un parcours réfléchi vers l’emploi. Le conseil insiste sur la nécessité de mettre en place « une action en vue de l’insertion ou de la réinsertion professionnelle pouvant être menée en parallèle de l’indispensable accompagnement social.
Enfin, le COE propose aux acteurs de « mieux articuler accompagnement social et professionnel. » Le second levier vise à « ramener vers l’emploi les personnes qui en sont durablement éloignées. » Pour cela, il est préconisé de former les personnes pour acquérir des compétences et des qualifications demandées sur le marché du travail, sélectionner les actions adaptées et mieux valoriser les compétences extra-professionnelles.
Le COE souhaite développer l’alternance pour les adultes, de réexaminer les conditions d’exercice ou de recrutement pour certaines professions et de combattre les discriminations et les a priori envers les personnes éloignées du marché du travail. Enfin, le conseil souhaite renforcer les liens entre les entreprises et les conseillers en insertion qui sont déterminants pour que les personnes soient informées des emplois disponibles et que la relation de confiance indispensable au recrutement par les entreprises des candidats présentés se noue plus facilement.

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