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par le Dr Raymond Vergès

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« Le chiffre de 52% de Réunionnais pauvres est dépassé »

L’ARCP rencontre l’INSEE

mercredi 22 septembre 2010


Après une rencontre avec l’INSEE, l’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté (ARCP) estime que la situation sociale s’est aggravée depuis 2006. Elle demande en urgence l’organisation d’une table ronde à l’État et aux collectivités.


Y a-t-il toujours, comme en 2006, 52% de Réunionnais vivant en dessous du seuil de pauvreté ? La pauvreté n’a-t-elle pas gagné du terrain depuis ? L’Alliance des Réunionnais contre la pauvreté est allée poser ces questions à l’INSEE hier matin, espérant ainsi lever le voile sur la situation actuelle. Car pour Jean-Hugues Ratenon, le président de l’ARCP, deux nouveaux paramètres sont à prendre en compte : la crise économique et le seuil de pauvreté relevé de 880 euros en 2006 à 910 euros aujourd’hui. Avec le directeur de l’INSEE, Pascal Chevalier, l’ARCP a pu se livrer à une analyse de la situation, en attendant des enquêtes approfondies.

« Chute des revenus »

De cet entretien avec l’INSEE, l’ARCP retient plusieurs indicateurs qui font craindre une progression de la pauvreté. Il y aurait beaucoup plus que 52% de Réunionnais pauvres. Le collectif renouvelle ainsi sa demande d’organisation d’une table ronde sur la situation sociale, en direction de la Préfecture et des collectivités.
La tendance actuelle serait à la « chute des revenus », selon Jean-Hugues Ratenon, autant pour les salariés que pour les artisans et chefs d’entreprise. Une baisse des revenus estimée de 15 à 20% pour les salariés à l’Assedic. Beaucoup de chômeurs arrivent d’ailleurs en fin de droits. « Le risque est très élevé de voir l’ASS* et le RMI grimper en flèche un peu comme le taux de chômage », affirme Jean-Hugues Ratenon. En 2006, le revenu médian s’élevait à 790 euros, l’INSEE n’a pas encore d’indicateurs pour 2010.

De 150.000 à 180.000 chômeurs ?

A partir des données de l’INSEE, l’ARCP estime le nombre de chômeurs entre 150.000 à 180.000. Loin des 110.000 chômeurs de Catégorie A** déclarés au Pôle Emploi. Par comparaison, en 2008, il y avait, d’après une enquête de l’INSEE, 113.500 personnes en recherche d’emploi, dont 35.000 personnes « à la frontière du chômage », c’est-à-dire découragées dans leur recherche ou ne bénéficiant plus des services de Pôle Emploi. Les demandeurs d’emploi de Catégorie A n’étaient alors que 78.000. A cela s’ajoutaient 29.000 salariés à temps partiel et qui souhaitaient travailler plus pour gagner plus.
Pour l’ARCP, le calcul est vite fait. Les demandeurs d’emploi de Catégorie A sont plus nombreux aujourd’hui. Si on y ajoute les non-inscrits au Pôle Emploi, les temps partiels, les érémistes, l’estimation de 150.000 à 180.000 chômeurs ne semble pas farfelue.
Quant aux enquêtes qui pourraient fournir une évaluation détaillée de la pauvreté, elles sont toutes en cours ou à venir : l’enquête sur le Revenu médian devrait être disponible en fin d’année, celle sur le Budget des familles débutera le mois prochain pour des résultats en 2012. Une autre enquête sur les Inégalités de patrimoine est prévue en 2011. L’ARCP a cependant rendez-vous le 9 novembre avec l’INSEE pour un point sur l’enquête Emploi.

EP

* L’ASS (Allocation Spécifique de Solidarité) est versée aux personnes qui ont épuisé leur droit à l’assurance-chômage.
**Les demandeurs d’emploi de Catégorie A sont disponibles et n’exercent aucune activité.


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