France

Le chômage des jeunes, un niveau jamais atteint

17 avril 2014, par Céline Tabou

D’après une étude du Centre d’études et de recherches des jeunes sur les qualifications (CÉREQ), 22% des jeunes actifs étaient à la recherche d’un emploi, trois ans après leur sortie du système scolaire ou supérieure en 2013.

Le rapport met en exergue les jeunes peu ou pas diplômés qui sont les plus exposés face à la crise. Le CÉREQ a étudié le parcours de 33.000 jeunes afin de voir comment cette « Génération 2010 » s’est insérée sur le marché du travail, dans un contexte impacté par la crise financière et la crise de la dette. S’ajoute à cela, une forte hausse du chômage, la diminution des contrats aidés destinés aux jeunes et la difficulté des emplois d’avenir à se mettre en place en 2013.

Un niveau jamais atteint depuis 1992

Le CÉREQ a relevé que 22% des 33.000 jeunes interrogés directement cherchaient toujours un emploi en 2013. De plus, 12% d’entre eux ont connu « une trajectoire éloignée de l’emploi, passant au final moins du dixième de leur temps en emploi ». « Il s’agit du niveau le plus haut jamais observé dans les enquêtes d’insertion du CÉREQ » en 1992, a indiqué le centre dans un communiqué de presse. Ce dernier a expliqué que « ce constat général masque en réalité des évolutions disparates entre les jeunes selon le niveau de diplôme ».

En effet, l’insertion des non-diplômées s’est dégradée ainsi que celle des CAP-BEP. A l’inverse, « même s’ils ne sont pas épargnés, les diplômés du supérieur long accentuent leur avantage en matière d’accès à l’emploi et de conditions d’emploi ». Le centre fait état d’une disparité d’insertion entre le niveau de diplôme. Celui-ci avait été évoqué dans les enquêtes précédentes, mais ces disparités « se trouvent encore accentuées pour la Génération 2010 ».

Le centre a expliqué que d’un côté, « plus le niveau de formation augmente, plus le risque de chômage diminue ». Et de l’autre, « les jeunes sans diplôme ou faiblement diplômés ont vu leurs conditions d’insertion se dégrader lourdement ». Par contre, les diplômés d’école d’ingénieur, des formations médico-sociales supérieures et les docteurs ont « bien résisté » à la crise.

Les non-diplômés touchés de plein fouet

Le centre déplore qu’« encore une fois, les non-diplômés soient en première ligne face aux dégâts causés par la crise ». D’autant plus que « leur taux de chômage atteint un niveau record de 48% » en France. « En moyenne, ils ont passé autant de temps au chômage qu’en emploi », ce qui les a contraint pour 9% d’entre eux à retourner en études à temps plein et 13% à tenter l’alternance.

32% des titulaires d’un CAP et BEP sont sans emploi, un taux en augmentation de 15 points par rapport à la « Génération 2004 ». Ces derniers ont des difficultés à se maintenir en emploi. Dans un tel contexte, le pouvoir d’achat de ces jeunes stagne au cours de leurs trois premières années de vie active. Alberto Lopez, directeur du CÉREQ, a expliqué lors d’une conférence de presse que « l’insertion des jeunes titulaires de CAP-BEP des spécialités industrielles se détériore avec un taux de chômage désormais équivalent à celui de leurs homologues des spécialités relevant des services ». Cette situation peut s’expliquer par « la concurrence avec les baccalauréats professionnels ».

Le CÉREQ s’est dit étonné de voir que « le taux de chômage féminin reste inférieur à celui des hommes sur les trois premières années d’insertion ». Elles sont 20% au deuxième trimestre 2013 contre 23% pour les hommes a ne pas s’être insérée. Le constat est le même concernant le taux d’emploi, où le taux des hommes diminue pour s’aligner sur celui des femmes.

"Les jeunes hommes sont plus que les femmes confrontés au chômage de longue durée », a indiqué le CÉREQ. Malgré cela, les femmes doivent faire face à des inégalités sur le marché du travail, car à diplôme égal, elles ont un taux de chômage plus élevé, un salaire inférieur et elles subissent plus que les hommes le temps partiel contraint.

 Céline Tabou 

Qu’en est-il des diplômés du supérieur ?


Le CÉREQ a révélé que « les sortants de l’enseignement supérieur court, BTS ou DUT, conservent des conditions d’accès à l’emploi favorables mais leur situation à trois ans est plus difficile que celle de leurs prédécesseurs ». 70% d’entre eux trouvent leur premier emploi en moins de trois mois. La part des emplois en CDI est stable, trois ans après leur sortie du cursus. Cependant, dans les spécialités tertiaires, la situation se dégrade avec un taux de chômage de 16%.

Résultats : 85% des diplômés de licence professionnelle sont en emploi en fin de période avec un taux de chômage de 10%. Les titulaires de licence générale restent les plus pénalisés. Les diplômés de l’enseignement supérieur en santé-social (bac+2, bac+3 et docteurs) sont préservés du chômage, « ils trouvent quasiment tous un emploi dès leur sortie de formation ».

Pour les diplômés de l’enseignement supérieur long (bac+5 et plus), « la détérioration est limitée. 76% d’entre eux accèdent à un premier emploi en moins de trois mois ». Les diplômés M2 subissent davantage les effets de la conjoncture, ils sont 12% à être au chômage à trois ans. À l’inverse, les ingénieurs et les docteurs, « quelle que soit leur discipline, sont protégés de la dégradation économique et bénéficient toujours de conditions d’insertion favorables ».

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Messages

  • Il est évident que le modèle de société ne convient pas aux jeunes. Ce ne sont pas les jeunes qui doivent se conformer mais bien la société qui doit se mettre en question.
    Je vais aller faire un tour dans les cités et voir ce que je peux comprendre.

  • Me revoici, j’ai donc décidé de chercher du côté des mamans. Elles ne veulent pas non plus le modèle proposé. Les salariés ne parlent que d’emplois..... et il n’y en a pas. Quant aux mamans célibataires, elles ont conscience que l’exclusion a toujours sévi et que ce n’est pas avec ce modèle d’économie, de hiérarchie, de rôle, de statut, etc. qu’il y a un avenir.


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