Réforme gouvernementale sur la dépendance

Le Conseil général défend les spécificités de La Réunion

17 février 2011, par Edith Poulbassia

Le Conseil général ne veut pas du recours sur succession ou de la souscription à une assurance privée pour financer la dépendance. Solutions inadaptées aux personnes âgées qui vivent dans une grande précarité à La Réunion.

La question de la dépendance des personnes âgées est en débat en France. Le pays vieillit et le chef de l’État veut engager une réforme sur la dépendance. Des propositions se font entendre, mais rien n’est encore voté. Chaque département est invité à apporter sa contribution au débat. Des groupes de travail vont ainsi se mettre en place localement sur 4 thèmes : la société et le vieillissement, les enjeux démographiques et financiers, l’accueil et l’accompagnement, la stratégie pour la couverture de la dépendance. Mais déjà, le Département de La Réunion veut faire entendre sa voix. La Présidente Nassimah Dindar met en avant la prise en compte des spécificités de notre territoire. Les quelques propositions qui émergent pour l’instant au niveau national ne sont pas adaptées.

La majorité du Conseil général a dressé un état des lieux de la situation locale hier. « A La Réunion, les personnes âgées vivent dans la précarité », affirme Nassimah Dindar. Même si elles ont travaillé, elles n’ont pas toujours cotisé et vivent maintenant avec l’allocation de solidarité (minimum vieillesse), entre 300 à 700 euros mensuels. « Il y a 10 fois plus de personnes âgées dans la précarité qu’au niveau national : sur 1.000 personnes de 65 ans et plus, 49 touchent l’allocation de solidarité qui leur permet d’atteindre le minimum vieillesse, quand à La Réunion on en dénombre 422 », précise Emmanuel Hoareau, vice-président délégué aux Personnes âgées.

Risque de dépendance à deux vitesses

Dans ce contexte, le Département est fortement sollicité. 13.700 à 15.000 personnes sont dépendantes. 12.152 personnes sont bénéficiaires de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), pour un total de 75 millions d’euros. Le Département paie aussi 80% des hébergements en établissement, les chèques santé (8 millions d’euros), l’aide à domicile (4,5 millions d’euros), la PCH (Prestation de compensation du handicap). D’ici 2030, le nombre de personnes âgées devrait doubler (250.000) et la prévalence de la dépendance est plus forte à La Réunion : dès 60 ans, 11,68% des personnes sont couvertes par l’APA, contre 8% au national, 50% à partir de 75 ans, contre 20% au national.

Le Département est conscient de ces besoins et veut favoriser le « bien vieillir à domicile ». Sauf qu’actuellement, l’État ne couvre plus que 30% du financement de l’APA et 52 millions d’euros restent à la charge du Département. Les propositions actuelles de recours sur la succession à partir de 100.000 euros ou de souscription obligatoire à une assurance privée ne sont pas pour satisfaire le Département. Nassimah Dindar craint que les petits propriétaires soient touchés et la création d’une « dépendance à deux vitesses ». A La Réunion, précise-t-elle, même un logement social vaut plus de 100.000 euros. Face à une menace de recours sur la succession, les personnes âgées pourraient se priver d’une aide à la prise en charge de la dépendance. Nassimah Dindar demande une réflexion sur la fiscalité pour financer la dépendance. Le Département entend apporter prochainement sa contribution au débat.

EP

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