Le Département met fin à son activité

Colère de l’association les Béliers de Sainte-Rose

8 mars 2007

Les élus du Département se sont rassemblés hier en Commission permanente pour décider enfin de l’avenir de l’association les Béliers. Malgré la mobilisation de l’association, pour défendre ses 14 ans de bonne gestion des espaces verts et de l’Espace Naturel Sensible (ENS) de Sainte-Rose, les élus de la majorité ont décidé de mettre fin à son activité. Un vote synonyme de chômage pour les 44 salariés de l’association... La politique aurait-elle fait l’impasse sur l’intérêt du citoyen ? Nassimah Dindar, Présidente du Conseil général, a promis de proposer des emplois de substitution à l’association, mais cette dernière reste sceptique. Un rendez-vous est prévu aujourd’hui, cette fois avec la Région.

Jour décisif pour l’association les Béliers hier. Une cinquantaine de personnes, pancartes à la main, en musique, s’installent devant le Conseil général. Malgré l’ambiance, ce n’est pas un jour de fête. Le sort de l’association est en jeu, dans les mains d’une poignée d’élus du Conseil général. L’association est venue défendre ses emplois, ceux de 44 personnes, une vingtaine en CAV, 17 autres également en contrat précaire et 7 en CDI.
Les salaires qu’elles touchent ne sont pas bien élevés, entre 500 et 700 euros, le SMIC pour les salariés permanents. C’est peu, mais ces salaires aident des familles à vivre à Sainte-Rose, une ville où il y a 50% de chômage (le Maire, Bruno Mamindy Pajany, le rappelle constamment) et où la mairie est le premier employeur, l’association les Béliers le second. Les emplois ne foisonnent pas dans cette petite commune.
Alors, les salariés de l’association les Béliers veulent plus que tout conserver leur travail, d’autant plus qu’il est utile et efficace dans la gestion des espaces verts et de l’environnement. « Le Département reconnaît lui-même que l’association a fait du bon travail pendant ces 14 ans d’activité. Le Conservatoire des Mascarins aussi le reconnaît. Un bureau d’études a même montré le sérieux de la gestion des associations », souligne Stéphane Foglia, salarié des Béliers et formateur à l’association AES (Association pour l’Emploi Solidaire), qui dépend des Béliers. « Les rapports que le Département a reçus prouvent que nous faisons du bon boulot, alors pourquoi y mettre fin ? », se demande Daniel Briandy, Président de l’association des Béliers. Oui, pourquoi ?

Le soutien des élus de l’Alliance et du PS

Sur plus d’une vingtaine d’élus qui ont voté hier au Département, une quinzaine a choisi d’adopter le projet du Maire de Sainte-Rose, ce qui a pour “effet collatéral” de confronter les salariés à la perte de leur emploi.
A noter que le principal élu intéressé, Bruno Mamindy Pajany, n’était pas présent au Conseil général, car hors du département. « Malgré le soutien des élus de l’Alliance et du PS, la décision a été prise », précise Daniel Briandy, de confier la gestion de l’Espace Naturel Sensible de Bois Blanc à la mairie. Une décision que le Président de l’association juge injuste vis-à-vis des salariés et de la structure. « Le budget attribué à la mairie est le résultat du projet monté par les Béliers. Il le récupère, alors que nous avons créé les conditions sur le terrain », s’indigne Daniel Briandy. Ce sont ainsi la gestion de l’ENS de Bois Blanc, d’une superficie de 290 hectares, la forêt départementale de Bois de Couleur et le terrain du Conservatoire du littoral de Bois Blanc (4.200 hectares au total) qui seront gérés cette année par la commune. Que faire aujourd’hui pour sauver l’association les Béliers, ses salariés ?

Récupérer leur outil de travail plutôt que des emplois de substitution

Daniel Briandy ne veut pas baisser les bras. Après la déception, les membres de l’association doivent se réunir aujourd’hui pour décider des actions à mener. Déjà, des pistes se dessinent. Nassimah Dindar, Présidente du Conseil général, a affirmé devant les médias qu’elle proposerait aux salariés d’autres emplois. Mais Stéphane Foglia, salarié de l’association les Béliers, n’est pas convaincu. Quels types de contrats seront proposés ? Tous les salariés pourront-ils y accéder ? Vont-ils devoir quitter leur ville ? Les interrogations des salariés sont nombreuses.
Daniel Briandy est toutefois bien décidé à reprendre contact avec le Département pour tenter de préserver l’association, « leur outil de travail ». Il tient à l’affirmer, l’association n’a pas la prétention de vouloir travailler seule sur les Espaces Naturels Sensibles, bien au contraire. Pourquoi la mairie ne travaillerait-elle pas en partenariat avec l’association, « pour créer plus d’emplois » ?
Aujourd’hui, Daniel Briandy a rendez-vous cette fois avec le Conseil régional. « Peut-être y a-t-il une porte de sortie. La Région finance une partie de notre activité pour les Bois de Couleur. C’est un acquis. Peut-être pourrons-nous sauver notre structure et les personnes qui travaillent à Sainte-Rose », espère le Président des Béliers. Car la situation de Sainte-Rose est déjà critique, les membres de l’association les Béliers n’ont aucune envie, conclut Stéphane Foglia, de « rendre encore plus désert le territoire ».

Edith Poulbassia


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Messages

  • C’est une réflexion que nous devons mener sur la place accordée à l’économie sociale et solidaire à la Réunion (alibi ? progrès ? tapis mendiant ? voir article publié par le magasine AKOZ), sur la professionnalisation des acteurs de cette branche (management , gestion des ressources humaines..), les rapports qu’entretiennent les politiques, les collectivités avec les associations (à travers des finances publics et autres pratiques parfois douteuses).

    C’est aussi un réflexion globale a mener sur la gestion et l’utilisation massive des emplois aidés à la Réunion (traitement social du chômage, clientélisme).
    La solution viendra des acteurs de l’ESS, en créant notre propre réseau, en se regroupant à travers une assemblée permanente de l’ESS (indépendante des institutions) avec des acteurs qui se reconnaissent dans des valeurs (chartre, éthique) et des pratiques solidaires.
    Un lieu de débats et d’échanges, mais aussi de propositions et d’actions et de promotion de L’ESS.
    C’est aussi la place que nous voulons accorder à l’Homme au coeur de notre économie( utilité sociale), c’est une manière d’entreprendre autrement (commerce équitable, environnement "ressourcerie", finances solidaires, services aux personnes..).
    C’est une économie qui intègre des dimensions sociales et environnementales, c’est une valeur ajoutée pour notre société Réunionnaise, et qui doit être reconnue à sa juste valeur( collectivités, Etat) et pas seulement en période électorale, pour des statistiques(emplois), où à des fins personnels.
    Alors pour tout ceux qui partagent ses mêmes valeurs, regroupons nous et contribuons tous à promouvoir l’ESS à la Réunion , c’est "ENTREPRENDRE AUTREMENT".
    Il faut déranger, créer des brèches pour avancer, mais la première étincelle sera la bonne.
    "allons met la main "
    *ESS :économie sociale et solidaire

  • Je suis responsable d’une association et j’ai encore envie de croire aux valeurs associatives et à notre liberté de penser, et d’agir pour nos idéaux.

    On parle tous de mort, de fermeture, de fin de cette association, et de son activité.

    Comment pourrait-on tuer, un groupement de personnes qui ont des valeurs et des objectifs communs, (définition même de l’association, hors cadre juridique), qui pour atteindre justement ces objectifs, mettent en commun leurs savoirs faire, compétences, et moyens.

    Il est vrai que cet "épisode" au Conseil Général, a limité leurs moyens d’action, mais est-ce pourtant sa mort ? Je ne pense pas, car ils possèdent des armes que justement leur succeceur n’a pas : l’expérience, la connaissance, et la volonté de voir cette forêt comme ont pu voir plus des milliers de visiteurs.

    Cette espace est plus qu’une fôret pour eux, c’est le résultat de 14 ans de sueur, de déchirures aux mains (pestes végétales), d’apprentissage de notre histoire (fécondation de la vanille, des plantes endémiques, des fruits rares et presqu’oubliés, d’une faune en voie de disparition),de manifestations, de moment de plaisir, d’amitié, et de souvenir.

    C’est une partie d’eux même qu’ils laissent à regret.

    Au delà de la tristesse sur le doute pour la continuité de leur emplois, ils ’s’intérogent sur le devenir de ce petit coin de paradis qu’ils avaient créé, sur la réelle volonté qui motive cette reprise par la municipalité, et sur l’envie des futurs acteurs de préserver cet espace naturelle SENSIBLE.

    Ce changement, est-elle une mort ? Je ne pense pas. Les Béliers ont pu survivre à tout les coups qu’ils ont recu, ils survivront à celui-ci. Et comme tout le monde le sait "Bélier la Réunion, cé zoizo dur, kan ou kalkil ou la kine a li cé la li arléve."


Témoignages - 80e année


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