Après la décision de Nicolas Sarkozy de geler 4 milliards d’euros de crédits

Le FEDOM soumis à l’austérité ?

16 avril 2004

Selon le journal “Les Échos”, Nicolas Sarkozy veut faire des économies partout, et non seulement sur les dépenses de fonctionnement : "certains postes sensibles comme l’emploi ne seront pas épargnés", précise le journal économique.
Est-ce à dire que le budget du FEDOM (Fonds pour l’emploi dans les départements d’outre-mer) va être encore amputé ?

Moins de C.E.S.

La ministre va-t-elle communiquer sur le sujet ?
Et pourra-t-elle, à cette occasion, expliquer un - seul - chiffre : dans la revue “Bref Réunion”, émise par la Direction du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle, concernant le marché du travail en janvier 2004, au tableau “politiques d’emploi et de formation”, rubrique “création/promotion d’emploi”, à la ligne CES, on note qu’il y a eu... 130 entrées en janvier 2004 contre... 1.070 en janvier 2003.
Mais autre “ironie” de la situation - si l’on peut dire - est la mise en parallèle de deux informations : celle du gel du budget d’une part, et la présentation par la ministre de l’Outre-Mer, Brigitte Girardin, en Conseil des ministres d’avant-hier mercredi, du premier “bilan” sur la mise en œuvre de la loi de programme pour l’outre-mer.
D’après le communiqué qu’elle a fait paraître à l’issue du Conseil, "les dispositions de la loi de programme, qui s’inscrit dans une durée 15 ans, s’articulent autour de trois axes principaux : la création d’emplois durables dans le secteur marchand ; la relance de l’investissement privé grâce à un dispositif de défiscalisation rénové ; le renforcement du lien entre les collectivités d’outre-mer et la métropole par l’affirmation du principe de continuité territoriale auquel, pour la première fois, est donné un contenu concret".
Le contenu est concret ? Ah bon... En fait, la dotation qui a été affectée à l’outre-mer sous cette rubrique ne correspond en rien à ce qu’est le principe même de la continuité territoriale...

Contre-vérités

Au niveau de l’emploi, la ministre écrit : "Ainsi, la baisse du chômage dans les DOM s’est accentuée entre septembre 2003 et février 2004 : cette baisse est de 5,4%, soit moins 13% en rythme annuel. Ce sont les jeunes qui ont particulièrement bénéficié de cette évolution positive (moins 20% sur la même période)".
Brigitte Girardin poursuivrait-elle son œuvre de contre-vérités ? En effet, selon la revue “Bref Réunion”, on lit exactement ceci : "En données brutes, le recul du nombre de DEFM 1 (voir encadré) atteint 13,1% depuis janvier 2003, l’évolution en glissement annuel étant un peu moins favorable qu’au mois de décembre".
Mais, quelques lignes plus bas, il est écrit : "La baisse des effectifs des chômeurs inscrits à l’ANPE concerne principalement les catégories 1 et 2 depuis janvier 2003. A contrario, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 3 s’accroît de 42,8% sur la même période".
Autrement dit, La Réunion a connu un forte augmentation du nombre de demandeurs d’emploi immédiatement disponibles, ayant travaillé moins de 78 heures au cours du mois.
Quant à la baisse du nombre de jeunes privés d’emploi, elle n’est pas de 20% comme indiqué par la ministre. En effet, toujours selon “Bref Réunion”, cette baisse serait seulement de 13,4% pour les jeunes (moins de 25 ans) qui sont inscrits depuis 1 à 2 ans ; elle serait de 32,8% pour ceux qui sont inscrits depuis 2 à 3 ans ; et de 30,3% pour ceux qui sont inscrits depuis plus de 3 ans. D’où une moyenne de moins 18,5 points. Et non pas 20.
Et avec beaucoup d’humour, la ministre conclut : "L’année 2004, année de plein effet de la loi de programme pour l’outre-mer, devrait voir se confirmer et s’amplifier ces premiers résultats encourageants, au bénéfice du développement économique et social durable des collectivités d’outre-mer".
Même sans gel des crédits, on en doute fort....

D. B.


Définitions

o DEFM : demandeur d’emploi en fin de mois.
o Les DEFM sont classés en 8 catégories. Une première série de catégories (de 1 à 3) concerne les demandeur d’emploi immédiatement disponibles, ayant travaillé moins de 78 au cours du mois à la recherche d’un emploi. Catégorie 1 : à durée indéterminée, à temps plein. Catégorie 2 : à durée indéterminée à temps partiel. Catégorie 3 : à durée déterminée, temporaire ou saisonnier.
o La deuxième catégorie (de 4 à 8) concerne les demandeurs d’emploi non immédiatement disponibles ayant travaillé plus de 78 heures au cours du moins à la recherche d’un emploi. Catégorie 6 : à durée indéterminée, à temps plein. Catégorie 7 : à durée indéterminée à temps partiel. Catégorie 8 : à durée déterminée, temporaire ou saisonnier.


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