Le gouvernement annoncera une mesure pour les salaires de la Fonction publique

Le fossé privé / public va se creuser

25 mars 2005

En capitulant devant le patronat qui ne veut pas qu’on lui impose une augmentation salariale dans le privé tout en préparant une hausse - aussi légère soit-elle - des rémunérations de la Fonction publique, le gouvernement contribue à élargir le fossé entre les deux secteurs d’activités. Un écart qui, à La Réunion, est plus large qu’en Métropole.

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Après le succès de la journée d’action du 10 mars dernier et pour éviter que la contestation sociale ne vienne renforcer le camp du “non” au référendum, le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a annoncé l’ouverture de négociations sur les salaires. Très rapidement, le MEDEF s’est déclaré fermement opposé à toutes discussions en affirmant que le problème des salaires dans le privé ne regardait pas les pouvoirs publics. Samedi, le vice-président du MEDEF, Guillaume Sarkozy, rappelait la ligne patronale : "Il n’y aura pas dans le privé d’ouverture de négociations. Cela n’a jamais été et cela ne sera pas". Aussi, le gouvernement a préféré botter en touche. Le Premier ministre s’est contenté d’annoncer des mesures pour développer la participation et l’intéressement.
Ayant convoqué, vendredi dernier, la Commission nationale sur la Convention collective, Gérard Larcher, le ministre délégué aux Relations du travail, a renvoyé au 10 juin la prochaine réunion de discussions sur les salaires du privé. Il a invité "toutes les branches où il n’y a pas eu de négociations et où les grilles sont obsolètes à commencer la discussion". Or, si les négociations sont bloquées dans le privé au point de susciter la colère de plusieurs organisations syndicales, dans le secteur public, le ministre de la Fonction publique a rencontré mardi les organisations syndicales. Renaud Dutreil qui recevait les fédérations de fonctionnaires, leur a assuré qu’il leur annoncerait le 29 mars une mesure "significative" pour revaloriser les salaires dans la Fonction publique en 2005.
Les sept fédérations syndicales se sont dites plutôt déçues. Elles ont déclaré qu’elles restaient sur leur fin et que le gouvernement cherchait à gagner du temps. Elles ont toutes indiqué qu’elles voulaient une proposition chiffrée pour 2005 "avant de parler d’autre chose".
Différentes hypothèses avaient circulé avant la réunion de ce mardi. Pour certains observateurs, le ministre allait annoncer une réévaluation de 1%. Plusieurs organisations syndicales auraient souhaité une hausse qui couvre au moins l’inflation prévue à 1,8%. L’UNSA et la CFE-CGC évaluent, elles, à 0,8% ou 0,9% la hausse que pourrait consentir le ministre mardi prochain.
Aux yeux de l’opinion publique, un rattrapage du pouvoir d’achat par une réévaluation salariale dans le privé comme dans le public est une revendication légitime. Mais en capitulant devant le patronat, pour finir par ne pas intervenir dans le privé tout en préparant une hausse - aussi légère soit-elle - des rémunérations de la Fonction publique, le gouvernement contribue à élargir le fossé entre les deux secteurs.
Par le jeu des surrémunérations, la hausse qui sera programmée à La Réunion dans le public, sera un peu plus élevée qu’en Métropole. L’écart chez nous sera donc encore plus conséquent. Enfin, comme les minima sociaux sont “indexés” sur le salaire minimum du privé - le SMIC - et celui-ci ne devant pas bouger, l’échelle des inégalités s’élargira un peu plus.

J. M.


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