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Pouvoir d’achat : Qui faut-il croire ?
2 octobre 2006
D’où vient ce fossé entre les chiffres officiels de l’INSEE repris par le Ministre de l’Économie Thierry Breton qui annonce avec contentement une augmentation du pouvoir d’achat des Français de 2,5% et le ressentiment général de la population qui accuse une baisse de ses finances ? Au-delà d’une simple contestation de chiffres, il ressort que la question centrale et dérangeante des revenus est occultée.
Dès décembre 1998, l’association “60 millions de consommateurs”, interpellée par les usagers, a mis en place un Observatoire des prix pour les produits de grande consommation. Au printemps 2001, elle a publié une liste des prix qui flambent (fruits, légumes, cosmétiques...) et dénoncé en septembre de la même année les "Europrofiteurs". Déjà, à l’époque, en dépit des contestations, un décalage entre les chiffres officiels et le ressentiment des consommateurs apparaissait clairement.
69% des Français accusent l’euro
Marie-Jeanne Husset, Directrice de la Rédaction du magazine “60 millions de consommateurs”, confirme que, si les prix de la grande distribution ont amorcé une augmentation avant le passage à l’euro, la mise en place de la nouvelle monnaie n’a fait qu’amplifier cette tendance inflationniste. Dans un récent sondage paru en métropole, 69% des Français accusent d’ailleurs l’euro d’être à l’origine de leur appauvrissement. De l’opinion générale, la monnaie européenne aurait permis de déconnecter les consommateurs de la notion de valeur des produits, et servit de camouflage à l’augmentation des prix. Toujours selon Marie-Jeanne Husset, dès janvier 2002, les prix des services et loisirs (restauration, pièces détachées, pressing...) ont commencé à grimper, "des augmentations dont on porte encore les conséquences". L’association a alors tenté de comprendre d’où venait ce décalage entre chiffres officiels et vécu des Français. Elle n’a pas basé ses calculs sur un chariot, mais s’est penchée sur le revenu moyen par ménage, s’intéressant à observer ce que l’inflation ronge dans les finances des familles. Aux 2,5% d’augmentation de pouvoir d’achat de l’INSEE sur la dernière année (août 2005-2006), son Institut national de la consommation appose seulement 0,9% de hausse du pouvoir d’achat sur 1 an. Marie-Jeanne Husset accuse en premier lieu l’augmentation du carburant, du gaz et du fuel domestique ainsi que le coût du logement.
Revenus : "le sujet qui fâche"
À méthodes de calcul différentes, résultats différents. Si, pour déterminer le pouvoir d’achat des Français, il faut certes prendre en compte l’inflation (augmentation des prix), les revenus sont également un élément d’analyse majeur. Pour Xavier Timbeau, économiste à l’OFCE (Office Française des Conjonctures Économiques), "cette focalisation sur l’indice officiel des prix est un moyen de ne pas discuter du vrai sujet qui fâche : les revenus". Le débat mériterait d’être lancé, mais l’INSEE a toujours eu des réticences à en parler. Du coup, la grande majorité des Français ne se retrouve pas dans cette déclinaison statistique d’un Français moyen, ne retrouve pas ses repères dans ce panier théorique. Xavier Timbeau rappelle alors que "l’indice des prix de l’INSEE n’est pas un indice du coût de la vie". Occulter la question des revenus est une erreur, car c’est là qu’il y a un problème. Depuis des années, comme il l’explique, les économies du monde ont connu un ralentissement. Mais quand les autres pays ont commencé à se relever, la zone euro est restée dans "une espèce de crise molle, ou le chômage diminue très lentement, ou il n’y a pas suffisamment de richesses". Ce ressentiment des Français sur la baisse de leur pouvoir d’achat n’est donc "pas une fiction", "il est justifié". Il relativise néanmoins le phénomène d’appauvrissement de la population, car dans l’absolu, l’enrichissement des Français se poursuivrait mais dans un contexte économique moins favorable.
Sans parler des nouvelles dépenses
Réfléchir sur le pouvoir d’achat, préoccupation majeure des Français, appelle aussi à s’interroger sur l’évolution des modes de consommation. Des besoins artificiels sont-ils créés ? Peut-on aujourd’hui se passer du téléphone portable, de l’Internet ? Pour Xavier Timbeau, un des problèmes de l’indice des prix INSEE, c’est qu’il regarde ce que vous dépensez, combien vous dépensez, mais jamais le mode de vie des consommateurs et l’utilité de ces dépenses. C’est difficile, selon lui, de prendre en compte ces critères de subjectivité dans un indice des prix. Pour Marie-Jeanne Husset, les Français sont de toutes façons "de plus en plus contraints à des dépenses obligatoires". Le logement est un poste de dépense majeur aujourd’hui dans le budget des ménages, alors que même si les taux de crédits sont faibles, le prix de l’immobilier flambe. La téléphonie mobile, l’Internet et l’ordinateur qui représentent, selon elle, 150 euros par mois en moyenne pour un ménage, sont aussi devenus des dépenses obligatoires. Alors peut-on gérer son budget autrement ? Résister au consumérisme ? Certainement, mais la publicité et autres appâts à la consommation ne nous y aident pas vraiment. Il faut être fort pour résister et apprendre à dissocier aujourd’hui l’utile de l’agréable.
Inégalités : sujet tabou
L’indice des prix qui concourre à évaluer le pouvoir d’achat des Français est abscons. Les consommateurs se retrouveraient peut-être plus dans un calcul du coût de la vie, un rapport entre l’augmentation des prix et le temps de travail nécessaire pour accéder à certains produits. Ils préfèreraient une estimation du pouvoir d’achat en fonction du revenu des ménages. Mais baser un indice des prix par catégorie sociale reviendrait à parler des inégalités de revenus et de leur incidence sur notre vie de tous les jours. C’est un sujet qui fâche d’autant plus que les élections approchent. L’analyse statistique reste silencieuse et pudique à ce sujet. L’INSEE fait des relevés de prix mensuels, mais pour quels revenus, pour quelles dépenses ? La classe moyenne subit l’augmentation du coût de la vie alors que les plus défavorisés en souffrent le plus. Voilà, derrière les chiffres, la réalité.
Stéphanie Longeras
- [email protected]
(Source : Propos de Xavier Timbeau, Direction départementale analyse et prévision de l’OFCE (Office Française des Conjonctures Économiques) et Marie-Jeanne Husset, Directrice de la Rédaction du magazine “60 millions de consommateurs” recueillis lors de l’excellente émission “Service Public”, diffusée le 25 septembre sur France Inter (du lundi au vendredi de 11 heures 30 à 12 heures 30 - heures locales) et animée par Isabelle Giordano et Yves Decaens)
Témoignages
Selon l’INSEE, de 1995 à 2005, les prix à la consommation ont augmenté de 30% en France hexagonale et de 37,9% à La Réunion. Qu’en est-il de l’évaluation des revenus de chaque catégorie sociale ? Ici comme en métropole, le sujet est occulté. Quand on demande à l’INSEE de La Réunion de nous fournir l’évaluation du pouvoir d’achat local, on nous donne l’indice des prix à la consommation, soit +2,4% d’août 2005 à août 2006. Quel rapport ? Aucun, c’est tout simplement qu’il n’est pas calculé localement ou pas révélé. Quoi qu’il en soit, le ressentiment des Réunionnais est identique à celui des Français de l’hexagone, et à juste titre, puisque les prix sont ici beaucoup plus élevés. Nous avons recueilli quelques réactions à la sortie d’un supermarché qui propose des produits à bas prix.
o Pascal, salarié, 3 enfants
"Obligé de se priver de loisirs"
"Trop de choses augmentent aujourd’hui. On ne peut plus se faire plaisir. On est obligé de se priver des loisirs". Salarié "heureusement", Pascal compare les prix avant d’acheter. "On ne peut pas se permettre de remplir un gros caddie n’importe où. J’ai déjà fait l’expérience. 150 euros ici pour le plein, c’est 330 euros à Carrefour ou Cora et sans fantaisie".
o Ruffine, érémiste, 5 enfants
"Domoune i dovien pli misèr"
"Dopi lero la sorti, domoune i dovien pli misèr. Nou lé obligé rod inn afèr méyèr marshé pou ginye inn 10, 20, 30 santim. Na pa plis pou dépansé, o kontrèr, la nu plis ti pe. Bann marshandiz i mont zour an zour é salèr i rèt parey".
o René-Claude, employé en CAE, sans enfant
"Gouvernman li fèrm le zie"
"Tout i ogmant. Loiyé, nouritir...tout i kout bokou pli shèr. Mi véy bann promosion sinonsa mi ékonomiz. Par èksamp, lésiv lé shèr, alor mi fé èk lo ti pe i rèt, mi atann na pu vréman avan d’alé trapé". René-Claude percoit 575 euros par mois avec son CAE. "Mi apèl pa sa in vré travay". Il vit en couple et fait du mieux qu’il peut pour s’en sortir, mais la vie est de plus en plus difficile. "Gouvernman li fèrm le zie, akoz li nana pou ginyé. I donn anou la min droit, i arpran la gosh. Dann lafèr, anou mèm lé bien anmèrdé".
o Ginette, retraitée, 13 enfants
" Èk inn ti rotrèt 479 ero par moi, kosa ou fé...?"
"Si nou lavé, nou noré pa èt komsa, vol inn ti pe kom dosertin pou manzé. Kari na pwin, i mèt de grin d’sèl sinon piman èk lo ri. Nou lé oblizé rod sat lé moin shèr. Èk inn ti rotrèt 479 ero par moi, kosa ou fé kant ou la fine rotiré loyié, lo, léléktrisité ? Si wa na d’ri, di mersi sénièr. Lontan èk 500 fran, bazar navé pou manzé... La vi koméla la pa fasil madam. Noré anvi i anlèv aou la vi pou ropoz an pé. I fo gard la foi, sinon ou ansort pa". Ginette comme son mari sont tous les deux retraités. Sur leurs 13 enfants, le dernier garçon de 22 ans vit encore chez eux. "Zanploi na pwin", déplore Ginette. Sur 200 euros de loyer, elle perçoit 93 euros d’aide au logement. Elle a encore droit à la CMU pendant 1 an, après, elle ne pense pas qu’elle pourra se financer une mutuelle. Le chikungunya a fragilisé sa santé, mais malgré les difficultés, "i fo rèt dobout pou zanfan, ti zanfan".
Propos recueillis par Stéphanie Longeras
- Un site de comparaison des prix en projet
Complexe à mettre en place mais nécessaire
Orgeco, association locale pour la défense des consommateurs, engagée auprès du collectif pour l’installation d’un Observatoire des prix et des revenus à La Réunion, travaille actuellement à l’extension de son site Internet (www.orgeco974.org) pour la mise en place d’une rubrique interactive sur la comparaison des prix.
"C’est complexe, confie Olivier Bassan, son Président, car l’on voudrait l’assentiment, l’opinion et le soutien de la population en règle générale". L’objectif est de proposer une rubrique sur l’observation des prix faite par la population elle-même pour être le reflet de ses préoccupations et inquiétudes. Une rubrique qui offre plus de démocratie, de liberté d’expression, avec une nécessaire validation des informations avant diffusion et un filtrage des éventuelles attaques personnelles, pour le droit au respect. Une rubrique pour avancer ensemble sur la question de l’augmentation des prix qui touche tous les citoyens. Le site généraliste d’Orgeco déjà en place donne des informations pratiques sur 17 grands thèmes (voiture, assurance, habitat...), propose des fonds documentaires, permet le téléchargement de dossiers PDF comme le contrat de bail (théoriquement payant), d’état des lieux, etc... "L’objectif de ce site généraliste, mais de vie quotidienne, est de faire gagner du temps aux gens et d’accompagner concrètement les consommateurs dans la défense de leurs droits, explique Olivier Bassan. C’est un appui, un facilitateur". Ce projet d’extension lui tient particulièrement à cœur et il espère pouvoir le proposer au grand public très bientôt.
S. L.
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