“Le Grenelle de l’Insertion s’ouvre dans un climat social tendu”

11 février 2008

Aujourd’hui se tient au Palais de la Source le Grenelle de l’Insertion, en présence du Haut Commissaire aux Solidarités actives, Martin Hirsch, arrivé samedi dans l’île. Des assises inscrites dans une situation sociale tendue.

Que peut-on attendre des Assises de l’Insertion qui vont réunir au Palais de la Source, pour un programme divers et varié étalé sur la journée, les élus des collectivités et des parlementaires, le représentant de l’Etat et ses services, des partenaires des milieux économiques et autres interlocuteurs triés sur le volet ?
Dès son arrivée, Martin Hirsch a eu du mal à cacher, sous un air décontracté de façade, l’embarras où le mettaient les contradictions entre les contraintes de sa fonction et la raison d’être de ce voyage : « réfléchir à des adaptations et essayer de desserrer un cadre trop restreint ». Mais comment réussir le défi de faire du cadre légal « un outil plus souple » sans affronter la réalité complexe de la situation réunionnaise, sous ses différentes facettes ?
Les débats avec les institutions seront sans doute très intéressants, mais les difficultés et la réalité des problèmes d’insertion sont vécues dans la population, dans les quartiers, les familles - lesquels ne sont que très peu représentés dans l’enceinte. La matinée commence par une table-ronde durant laquelle seront exposés pour une énième fois les chiffres de l’exclusion et de l’emploi à La Réunion, suivis d’un bilan de la politique du Département pour l’insertion - avec mention explicite des diminutions de crédits ? Toute la matinée va être occupée par un tour de table et des échanges entre participants, tandis qu’une manifestation est prévue devant les grilles du Palais de la Source.
Le refus du Haut commissaire de rencontrer les syndicalistes venus poser la question des T.O.S et des précaires de l’Education nationale aura sans doute exaspéré encore un peu plus un climat social déjà tendu.
La table-ronde sera suivie de travaux en trois ateliers : sur le Contrat unique d’insertion, qui reste le principal motif du déplacement de Martin Hirsch ; sur la mobilité, gravement mise à mal par une diminution de plus de 70% des crédits de l’Etat à l’ANT ; et sur le partenariat entre les structures d’accueil des demandeurs d’emploi, dans l’organisation des parcours d’insertion.
A quoi rime de parler d’insertion quand, dans de nombreux cas, les parcours sont hypothéqués par des diminutions de crédits, entravant des actions qui avaient pourtant fait leur preuve ? C’est le cas de Réunion-Entreprendre, dont les partenaires constatent une baisse des crédits du Département et de l’Etat, au point de ne plus permettre le soutien à de nombreux micro-projets économiques.
L’intervention du Haut commissaire aura lieu après le rendu des ateliers, dans l’après-midi. Il sera alors temps de voir s’il parvient à aller au-delà d’idées généreuses, que le gouvernement Sarkozy-Fillon s’emploie à rendre irréalisables. Un peu à l’image du « bouclier sanitaire », toujours pas mis en chantier. C’est beaucoup plus facile de protéger les riches... Proposé par Martin Hirsch pour protéger les plus démunis d’un excès de dépenses de santé, il est confronté à un épais silence gouvernemental. « Je fais de mon mieux pour convaincre », a dit le Haut commissaire à son arrivée. Et ce n’est pas gagné...
Aura-t-il plus de « conviction » au Palais de la Source, sur les CUI et l’Insertion ?

P. David


Dix principes d’action pour le “Grenelle de l’Insertion”

Dans le cadre du “Grenelle de l’insertion”, Martin Hirsch a organisé, le 17 janvier, un débat, au Sénat puis à l’Assemblée nationale, sur les enjeux de l’insertion. Le Haut commissaire aux Solidarités actives a proposé 10 principes d’action susceptibles de guider les travaux du Grenelle, notamment :


- généraliser le Revenu de solidarité active (RSA), actuellement expérimenté dans certains départements, qui se substituerait à plusieurs aides et minima sociaux (V. déjà, JCP S 2007, act. 459 ; JCP A 2008, act. 10) dont le but est de gommer les effets de seuils pour les allocataires de minima sociaux qui reprennent un emploi, le contrat unique d’insertion et le bouclier sanitaire ;


- fonder le contrat unique d’insertion sur la notion du parcours personnel (les aides de l’État pouvant financer « du tutorat, de l’accompagnement social et professionnel, des besoins spécifiques de formation ou d’adaptation à l’emploi », les contrats aidés actuels étant réorientés vers des contrats qualifiants, en privilégiant la montée en puissance des contrats de professionnalisation et d’apprentissage) ;

- inciter les collectivités territoriales à élaborer « un pacte territorial d’insertion » dans lequel seraient définis les rôles et les responsabilités de chacune et auquel l’État pourrait être partie prenante ;

- proposer aux jeunes qui ne bénéficient d’aucune allocation, qui n’ont ni formation, ni travail, un contrat allouant des revenus réguliers en contrepartie d’un engagement d’accepter formations et emploi.


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