Lycée polyvalent de Stella

Le Lundi de Pentecôte en débat

13 mai 2008

• SNES-FSU

En 1987 un écrivain est-allemand dénonçait publiquement la censure comme étant « obsolète, inutile, paradoxale, ennemie du peuple et de l’humanité, illégale et passible de sanction ». Nous ne sommes pas en RDA à la fin des années quatre-vingt, et l’Etat que vous représentez ici, M. le Proviseur, nous garantit encore une liberté d’expression autre que celle de Christoph Hein à l’époque. Néanmoins je souhaite lui emprunter ses qualificatifs pour un examen rapide mais attentif de cette « journée de solidarité » qui nous réunit aujourd’hui.

Le choix du Lundi de pentecôte est deux fois obsolète. J’en veux pour preuve les déclarations gouvernementales empreintes d’humanisme et de fibre sociale entendues depuis quelques mois, qui visent en réalité à résorber en peu de temps la pagaille des années précédentes ; en maintenant la date d’aujourd’hui, nous contribuons donc à entretenir un désordre d’hier. D’autre part, le gouvernement ne revient pas sur le principe d’une journée annuelle de travail gratuit tant pour les salariés du public que pour ceux du privé, ce qu’autrefois on appelait la corvée. Nous refusons cette pratique du Moyen-âge.

Cette journée est inutile. Je lis sur le programme : « Document unique : rappel et actualisation ». Ce point était déjà à l’ordre du jour de la journée du 29 mai 2007 ; les représentants du personnel vous ont remis ce jour-là un document écrit présentant en bonne et due forme la synthèse des observations recueillies auprès des collègues. Une demande prioritaire avait été la sécurisation des supports vidéo et/ou informatiques des salles du bâtiment B ; or un de nos collègues vient d’être victime d’un sérieux accident du travail directement imputable aux angles métalliques toujours tranchants. Nous n’assisterons donc pas aux travaux en ateliers prévus de 10h30 à 12 heures, et demandons à l’administration de nous tenir informés via nos représentants à la commission d’hygiène et de sécurité des mesures qui ne manqueront pas d’être prises.

Elle est paradoxale. De nombreux conseils : de classe, d’enseignement, pédagogique et j’en passe, se sont tenus dans l’établissement depuis la rentrée du mois d’août ; les équipes pédagogiques travaillent sur de nombreux projets et vous en tiennent régulièrement informé. La synthèse de ce matin sera donc la bienvenue pour tous ; libre ensuite à l’administration de retenir nommément cet après-midi les équipes qui ne travaillent ou ne fonctionnent pas. Les autres sauront employer raisonnablement leur temps.

Ennemie du peuple et de l’humanité : il est vrai que plusieurs collègues de toutes catégories auront eu ce matin à s’organiser sur le plan familial, mais ce sont là sans doute de bien grands mots au regard de ce qui n’est jamais qu’une petite tracasserie administrative à la française.

Illégale : malheureusement non, elle est même inattaquable. On peut simplement déplorer une lecture a maxima ou zélée de la loi, qui autorisait par exemple à prendre en compte la demi-journée donnée à l’occasion du pèlerinage de La Salette ou la seconde réunion parents-professeurs. Mieux encore : le calendrier officiel remis en début d’année scolaire par le recteur et ses services après une pseudo-consultation de la communauté scolaire prévoit l’arrêt de notre activité le 5 juillet à midi ; or de nouvelles directives ont fini par fixer la date du 8 juillet au soir. C’est donc l’Etat qui nous doit du temps, et je propose que les trois journées et demie ainsi effectuées soient comptabilisées au titre de la solidarité nationale jusqu’en 2011. Plus sérieusement et pour en revenir à la lettre de la loi : la Fête du Travail et celle de l’ascension ayant coïncidé cette année le 1er mai, tous les salariés des secteurs public et privé ont droit à une compensation sous forme de RTT ou d’heures supplémentaires. Les représentants FO et FSU de l’établissement soutiendront textes à l’appui les collègues qui voudront entreprendre une démarche en ce sens.

Enfin cette journée est passible de sanction, et même d’une double-peine. Pour elle-même d’abord, cela va de soi après cet exposé des motifs. Les représentants FSU et sympathisants au CA ainsi que la section FO quitteront donc l’assemblée à la “charnière” de 10h30 ou 11 heures et invitent l’ensemble des collègues à se joindre à eux pour un véritable refus collectif. Ensuite parce qu’elle est à l’image des politiques de service public menées par les gouvernements qui se succèdent depuis 2002 : incohérente et destructrice, violente et irrespectueuse des personnels et des usagers. Le contrat d’objectifs dont vous souhaitez parler ce matin n’en est qu’un exemple parmi bien d’autres. C’est pourquoi nous appelons les collègues à entendre massivement l’appel à une journée de grève et d’action nationale, intersyndicale et interprofessionnelle de la fonction publique ce jeudi 15 mai. Les sections FO et FSU attendront tous les personnels grévistes sur le lieu de travail dès 7h30 pour tenir à 8h30 une authentique assemblée générale et organiser le covoiturage pour les manifestations de Saint-Pierre et Saint-Denis.

• FO

Le 30 juin 2004, une loi a été adoptée par le Parlement instituant une journée dite de solidarité : « le travail accompli, dans la limite de 7 heures, durant la journée de solidarité ne donne pas lieu à rémunération... » Le principe de cette "solidarité" est le suivant : le salarié fournit une journée de travail gratuit dont le salaire (0,3 % de la masse salariale) est versé par l’employeur à la "Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie".
La Confédération Force Ouvrière rappelle qu’elle a depuis longtemps manifesté sa préoccupation au sujet de la dépendance des personnes âgées et handicapées.
Elle a, à de nombreuses reprises, réaffirmé que la solution devait trouver sa place dans le cadre des institutions de la Sécurité sociale : assurance maladie et assurance vieillesse, à travers le développement d’un financement approprié.

La déclaration du Premier Ministre ne répond pas à cette préoccupation dans la mesure où elle fait dépendre, pour l’essentiel, la solidarité nationale des seuls salariés, ce qui n’est pas une pratique très républicaine.

Par contre, les richesses créées durant ce jour de travail supplémentaire rentrent directement dans la poche des patrons. Il faut savoir qu’une journée travaillée contribue à créer près de 6 milliards d’euros de richesses supplémentaires dans le pays. Dans le cas de la journée de solidarité, ce que reversent les employeurs représente un peu plus de 2 milliards par an. Le calcul est simple, cette journée rapporte aux entreprises plus de 3,5 milliards de bénéfices supplémentaires !
Les pouvoirs publics se sont bien gardés de taxer les entreprises de 0,3% du chiffre d’affaires annuel, ce qui aurait correspondu à une journée de création de richesse. C’est bien là, de la charité obligatoire imposée aux seuls salariés. Parce que tout travail mérite salaire, parce que le travail forcé est interdit depuis la Révolution et par différents traités internationaux, cette journée de travail obligatoire non rémunéré doit être abrogée.
En ce qui nous concerne, nous estimons que nous avons déjà donné cette journée (Réunion pédagogique, le jour de la fête de la salette, organisation des bac, Bep et CAP blanc qui ne font pas partie de nos obligations de service).
D’autre part dans la proposition de loi présenté le 7 février 2008 : « le rapport remis par Éric Besson au Premier ministre en novembre 2007 met en évidence deux difficultés prégnantes : l’absence de solution d’accueil en crèches et à l’école pour les 4,5 millions d’enfants dont les parents travaillent le lundi de la Pentecôte ». Monsieur le Proviseur, en maintenant le lundi de pentecôte comme journée de solidarité, beaucoup de collègues se retrouvent devant des difficultés matérielles (pas de crèches, pas de nourrisses, pas d’école)
Nous tenons à préciser que la journée de solidarité a été comptée demi-journée comme rencontre parents/profs et demi-journée pour les conseils d’enseignement au LP Langevin, au LP Lépervanche et sur proposition du CA de Roches maigres, le proviseur a dispensé la journée de solidarité aux personnels cette année puisque le jeudi de l’ascension coïncidait avec le jeudi du 1er mai.
Vous nous avez convoqué ce matin pour discuter d’un certain nombre de points. Pour FO, il est contradictoire de participer à la mise en place des réformes telles que le contrat d’objectif alors que le jeudi 15 mai, les personnels, les lycéens seront dans la rue avec leurs syndicats pour dire NON à la mise en place des rapports POCHARD et SILICANI, à la généralisation du Bac Pro 3 ans, à la suppression des BEP et au 73 suppressions de postes dans notre académie.
Enfin, je vous rappelle que Force Ouvrière a demandé au recteur la possibilité de comptabiliser les 4 heures effectuées le jour de la Fête de la Salette comme demi-journée de solidarité. Dans sa réponse, le recteur vous laisse le choix de le faire. Etant donné qu’il n’ y a pas de refus de sa part, nous vous demandons de libérer les personnels à 11 h.


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