Plainte de Daniel Gonthier contre Jean-Hugues Ratenon

« Le maire veut détruire l’association Agir Pou Nout Tout »

10 mars 2010, par Edith Poulbassia

Suite à une plainte du maire de Bras-Panon pour diffamation et insultes, l’association Agir Pou Nout Tout et les conseillers municipaux de l’opposition ont souhaité réagir.

Nul doute, Daniel Gonthier, le Maire de Bras-Panon, veut « détruire » l’association Agir Pou Nout Tout et, du même coup, attaquer son opposant politique, président d’Agir Pou Nout Tout, Jean-Hugues Ratenon : les membres du Conseil d’administration d’Agir Pou Nout Tout ainsi que les conseillers municipaux de l’opposition en sont convaincus. C’est ce qu’ils ont clairement exprimé hier devant la presse, chacun à leur tour, suite à la plainte déposée par le maire de Bras-Panon à l’encontre de Jean-Hugues Ratenon pour diffusion d’un tract « diffamatoire et injurieux ».

L’histoire remonte au 10 décembre dernier. Alors que l’association Agir Pou Nout Tout doit tenir comme d’habitude son assemblée générale dans le local commun résidentiel de la SHLMR au centre-ville, elle se retrouve face à un local inaccessible.
Les serrures ont été changées sur décision du maire de Bras-Panon. A aucun moment Agir Pou Nout Tout n’a été prévenue. L’association décide de mobiliser les locataires (dont certains sont adhérents de l’association), privés également du local. Dans un tract, elle dénonce le « comportement de voyou » du maire et affirme qu’« il fait sa loi, il se comporte en “gros blanc” comme à l’époque coloniale ». Une pétition rassemble les signatures de 65 locataires, sur un total de 69.
Pour le Conseil d’administration d’Agir Pou Nout Tout comme pour les conseillers municipaux de l’opposition, cette plainte du maire pour diffamation et insultes ne tient pas la route.

L’association privée de local et de matériel

Pour les membres du Conseil d’administration, il est clair qu’à travers Agir Pou Nout Tout, c’est Jean-Hugues Ratenon qui est visé, pour son rôle social et politique à Bras-Panon, et à La Réunion. « Beaucoup de maires aimeraient avoir une association comme Agir Pou Nout Tout », affirme Max Banon, rappelant le rôle de cette association auprès de la population : éducation, aide sociale, aide aux entreprises, etc… Si bien qu’Agir Pou Nout Tout est devenue le deuxième employeur de Bras-Panon, après la Mairie. L’association est aujourd’hui victime d’un règlement de compte et est toujours privée de son local et du matériel qu’il contient. Max Banon ose un parallèle : « Nicolas Sarkozy a lui-même traité de patrons-voyous ceux qui ont fermé des entreprises sans en avertir les salariés ». Ces patrons ont-ils porté plainte pour diffamation ? Pour se défendre, Agir Pou Nout Tout ira au Tribunal correctionnel le 30 avril.

De son côté, Jean-Hugues Ratenon a tenu à s’expliquer. « A aucun moment nous n’avons dit que Daniel Gonthier est un voyou. Mais comment qualifier son comportement, quand il se permet de changer les serrures d’un local qui appartient à une société privée — la SHLMR — à disposition des locataires, sans concertation avec le propriétaire, sans avertir les locataires et sans discussion avec l’association ? ». Jean-Hugues Ratenon a d’ailleurs déposé plainte contre Daniel Gonthier pour ses accusations : la mobilisation du local par Agir Pou Nout Tout, l’utilisation pour des réunions politiques, la détention des clés du local par Jean-Hugues Ratenon, etc… L’association a quant à elle porté plainte pour séquestration de matériel.

Concernant l’expression « gros blanc », elle désigne « une partie de la société réunionnaise », affirme Jean-Hugues Ratenon. « Dans un article de “Marianne”, intitulé “Jacques De Chateauvieux, un béké réunionnais à la tête d’Axas”, on dit qu’à La Réunion, un béké est appelé un gros blanc. Jacques De Chateauvieux a-t-il porté plainte contre “Marianne” ? », argumente Jean-Hugues Ratenon. Il précise que les tracts n’ont pas été diffusés largement, mais uniquement aux 69 locataires et à la presse.
Enfin, les conseillers municipaux ont dénoncé le manque de respect et la pression subie lors des Conseils municipaux. Mais « les plaintes n’aboutissent jamais », a regretté Ginette Sinapin, conseillère municipale. Aujourd’hui, Daniel Gonthier réclame 10.000 euros à Jean-Hugues Ratenon pour les préjudices subis. « Si vraiment il s’agissait de son honneur, il aurait demandé 1 euro symbolique », conclut Jean-Hugues Ratenon.

EP


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