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Insertion des jeunes en difficulté : Entretien avec des travailleurs de rue
11 février 2008
Martin Hirsch, lors de son survol de La Réunion, a-t-il pris toute l’ampleur de la réalité réunionnaise ? Les témoignages qui suivent sont des éléments que le Haut Commissaire devrait prendre en compte.
Clarisse, Régis et Caroline sont éducateurs de rue à Prévention Péi, une Association de La Rivière des Galets que préside Fabio Miquel, haut cadre dans un CCAS municipal.
Caroline travaille avec les mineurs sortant de prison ou multirécidivistes non incarcérés, Clarisse accompagne des collégiens de La Rivière des Galets et Régis intervient dans un quartier du Port. Ils décrivent ici les difficultés d’insertion dressées sur le parcours des jeunes des familles les plus démunies.
Quels sont les dispositifs et les moyens dont vous disposez pour accompagner les jeunes en difficulté dans leurs démarches d’insertion ?
- Clarisse : J’interviens en travail de rue, qui permet de faire un travail de proximité avec les jeunes.
- Caroline : Je dirais plutôt “qui permettait”... dans le sens où il n’y a plus de sous, plus de visites de rue... On était 6, il en reste 3 dans la rue. Il faut le dire, ça : la prévention spécialisée n’est plus à l’ordre du jour à La Réunion.
Quand vous dites « on n’a plus de sous », parlez-vous de votre association ou est-ce plus général ?
- Caroline : C’est la prévention spécialisée en général. Le Conseil général a arrêté de la financer, considérant que le travail avait été fait au Port et à Sainte-Marie. Il y a eu une commission d’enquête, par un cabinet, en 2005. Une des conséquences est qu’il ne reste que 3 éducateurs de rue.
- Clarisse : C’est pour ça que je parlais de travail de rue, et non de prévention spécialisée. Chez nous, donc, il y a 3 éducateurs, financés par la DRASS et la Mairie. Et nous nous sommes concentrés sur d’autres méthodes de travail.
- Régis : Sur le terrain, la demande est grande. Les jeunes (ceux avec lesquels il travaille - Ndlr) sont de plus en plus en difficultés. Ils ont besoin de référents pour les accompagner dans leurs demandes de formation ou de travail.
N’avez-vous pas quelquefois le sentiment d’être appelés à la rescousse pour pallier des manques, l’absence d’autres dispositifs ? Comme les pompiers d’un système social déficient...
- Clarisse : On peut dire de certains que s’ils n’avaient pas quitté l’école à 15 ou 16 ans sans formation, ils auraient pu être mieux orientés. C’est déjà là où le bât blesse. Et quelquefois, cela remonte à l’école primaire. Si on laisse de côté un enfant de CP qui a des difficultés, c’est perdu après. L’école est quand même bien là pour éduquer les jeunes - c’est ce que j’entends dans “Education nationale”. Comment est-il possible qu’un enfant arrive à ses 16 ans sans savoir lire et écrire ? Quand il faut l’orienter vers les Missions locales, ou autres, pour une formation, que va-t-il pouvoir y faire ? Il leur faut une volonté beaucoup plus forte pour apprendre à lire à 16 ans.
De quel âge et de quels milieux sont les jeunes que vous accompagnez ?
- Régis : En général, ils ont de 16 à 25 ans et sont issus de familles en grande difficulté sociale : familles nombreuses, monoparentales, parents sans travail dont les enfants ont des difficultés à s’intégrer à l’école pour de nombreuses raisons.
- Caroline : 16-25 ans, c’est ce que disent les textes. Après, la réalité varie pour chacun. Pour moi, c’était de 14 à 32 ans, à Sainte-Marie. En 2003, on a vraiment été appelés à la rescousse dans le sens où il y avait une guerre entre deux quartiers. On a mis ma collègue dans un des quartiers et moi dans l’autre. Tout s’est calmé, tout le monde était content. Après, les vrais problèmes demeurent, comme : donner le RMI sans aider les gens à s’en sortir, les voir sombrer dans l’attentisme... ou dans l’alcoolisme. Il y a plein de choses, pas seulement des problèmes d’orientation scolaire. On plonge les gens dans la misère humaine, en donnant le minimum vital, quelques petites miettes, restez-là, tout va bien ! Ces gens font des enfants... qui ne sont pas du tout “encadrés” ; c’est carencé, c’est difficile... et ça s’enchaîne à l’infini.
Nous sommes là sur un petit chaînon - 1 an, 2 ans, 3 ans, 7 ans... -, mais c’est quoi sur une vie ? Et sur 3 générations ?
- Clarisse : Lors d’un accompagnement, il peut arriver que le jeune nous demande de l’appuyer dans ses démarches administratives ou directement chez un employeur, pour un stage. Mais je vois le cas de jeunes qui veulent aller vers un CFA : la porte d’entrée, c’est de trouver un patron. Quand on a fait - comme je l’ai fait - toutes les entreprises du Port pour s’entendre dire : « On a déjà embauché un (ou deux) stagiaire(s) », si le jeune n’a pas trouvé d’employeurs quand démarre l’année, il faut qu’il attende l’année suivante. C’est une des grosses difficultés que rencontrent les jeunes de 16-17 ans que nous accompagnons, pour leur entrée dans la vie active.
Est-ce que vous rencontrez des familles en situation de très grande pauvreté ?
- Régis : Dans les cas de grande pauvreté, de misère, celle-ci est souvent cachée. Les gens n’aiment pas montrer leurs souffrances.
- Clarisse : Mais il y en a qui en parlent... Il nous arrive d’accompagner un adulte, dans une famille, pour aller chercher un bon alimentaire dans une Boutique de solidarité ou une association caritative. C’est vrai que le très peu qu’ils ont est difficile à gérer et qu’il y a des fins de mois difficiles... Les dettes s’accumulent.
- Régis : Les cas de grande pauvreté ont beaucoup augmenté. Les associations caritatives qui gèrent la banque alimentaire ont noté un triplement du nombre des familles qui ont recours à leurs services sur les 10 dernières années.
Et les jeunes, qu’attendent-ils de vous ?
- Régis : Déjà, il faut que s’instaure une relation de confiance. Cela peut être instantanée, comme cela peut être long.
- Caroline : Souvent, la première demande - quand ils ne savent pas ce qu’est un travailleur de rue - est : « Est-ce que tu peux nous donner un travail, un contrat ? ». Et quand ils ont compris qu’on était là pour de l’écoute et du soutien, au début, il peut y avoir une hésitation - tu sers à quelque chose, tu ne sers à rien - et puis cela s’enclenche : « j’ai perdu ma carte d’identité », « j’ai pas de CMU, comment faire ? je suis malade... ». Et au fur et à mesure, on leur apprend à ne pas avoir peur - peur de parler devant un guichet, de demander ce à quoi ils ont droit - à croire en eux, toutes ces choses un peu basiques que font “normalement” les parents... En fait, c’est un petit rôle d’accompagnement, jusqu’à ce qu’ils puissent reprendre pied. Pour ceux qui le peuvent... Parce qu’il y a aussi toute la problématique de consommation de stupéfiants. Des fois, ce sont deux chemins parallèles, un peu longs, un peu difficiles.
- Clarisse : On remarque que ces jeunes-là ont du mal à aller vers l’institution, et si le premier contact s’est mal passé, s’ils ont été mal accueillis, ils ne reviennent pas.
- Caroline : Toutes les heures passées à discuter avec eux servent à leur faire reprendre confiance en eux. Plus rarement, j’en ai vu certains reprendre leurs études, aller en CFA, obtenir un CAP ou un BEP, en plomberie ou menuiserie... Mais c’est rare. Et lorsque ça arrive, j’en ai revu un qui m’a dit : « le diplôme ne fait pas l’homme ; je n’ai toujours pas trouvé de travail ! ». Finalement, c’est comme une roue qui est lancée et qui ne s’arrête pas.
- Régis : Il y a aussi ceux qui, même sans diplôme, ont les compétences et le métier. Les patrons ne tiennent pas compte de ces qualités-là.
Propos recueillis par P. David
Quartiers urbains et solidarités
Karl Véfour est le directeur de Prévention Péi. Il est travailleur de rue depuis plus de 20 ans - un parcours qui l’a mené du Port au Chaudron et à la Grande Fontaine (opération de RHI) puis à nouveau au Port. Les travailleurs de rue sont les premiers témoins des transformations urbaines et de la vie sociale.
À chaque poussée de violences urbaines, reviennent les mêmes lieux communs, les mêmes emprunts aux situations des banlieues de France, alors qu’il n’existe aucune homogénéité entre les quartiers urbains de La Réunion. Quelle approche en donnez-vous ?
- Karl Véfour : D’après l’étude du sociologue Laurent Médéa, une des entrées pour étudier les phénomènes de délinquance est justement l’analyse des quartiers urbains : ceux des bas, ceux dits émergents, sur les planèzes (Plateau Caillou, la Châtoire...), où se produisent les mêmes phénomènes que ceux observés dans les quartiers plus anciens : sur la base de la précarité, des déplacements de population, de la démographie, des problèmes d’habitat - toute une série de facteurs qui font que les jeunes se retrouvent dans l’espace public.
Mais nous avons aussi travaillé avec des jeunes à Trois-Bassins, selon le principe de l’accompagnement social, et les problématiques ne sont pas les mêmes. Ces personnes vivent dans un habitat plus ou moins traditionnel, elles ont des difficultés sociales et professionnelles, mais cela s’exprime plutôt par du repli sur soi. Dans les quartiers urbains du littoral ou de la planèze, le malaise est plutôt tourné vers l’extérieur.
Tant que l’habitat reste traditionnel, les réseaux de solidarité jouent, dans la régulation, quel que soit le type de problème. Dans les quartiers urbains, il faut beaucoup plus de temps, et parfois des générations. Alors faut-il devancer cela et créer de la solidarité dans les quartiers urbains ? C’est ce que font les associations pour lutter contre le chacun pour soi, l’individu, le repli.
Pourquoi se résigner à ce que la vie en milieu urbain soit synonyme de repli sur soi, de cassures ? Parce qu’en ce cas, nous serions ici devant une situation insoluble... Nous n’avons pratiquement que le choix de densifier. Faudrait-il trouver normal que les gens n’aient pas de relation entre eux dans ces villes nouvelles qui vont pousser à mi-pente ?
- Ceux qui travaillent à la structuration des centres-villes urbains évoquent quelquefois le manque d’espaces publics. C’est une hypothèse, et d’un autre côté, on peut se demander : qu’est-ce que l’espace public à La Réunion ? Pour encourager ou maintenir les solidarités, peut-être faudrait-il travailler davantage les attributions de logement, en faisant se rencontrer dans des lieux “neutres” les gens qui iront habiter dans un même immeuble.
Cela pose aussi la question des LCR (Locaux Communs Résidentiels). Ils sont la plupart du temps à l’abandon. Les bailleurs s’en déchargent souvent sur les associations, alors qu’ils ont toutes les données : ils connaissent tout des familles - la composition, les revenus... Ils sont à même de faire en sorte que les personnes se rencontrent dans un groupe d’immeubles, ou autour d’un LCR.
PD
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