Grève à la Brinks

Le mouvement continue

8 août 2007

Hier en fin de matinée, l’Intersyndicale FO-CGTR-CFDT Brinks a été reçue par la Direction. Un entretien express qui n’a débouché sur aucune avancée. Soutenue par Paris, la Direction maintient une revalorisation de salaire identique à celle de la Métropole, sans prise en compte du différentiel du coût de la vie. La déception est grande chez les grévistes qui, en dépit de la fatigue, ont décidé de se serrer les coudes et de poursuivre le mouvement.

80% de l’effectif de la Brinks poursuit le mouvement de grève entamé le 1er août. Selon l’Intersyndicale, la Direction favorise le « pourrissement du conflit » en dépit des conséquences pour l’ensemble de la population, espérant certainement que les grévistes feront ainsi marche arrière. Douloureux chantage !
(photo SL)

« La Direction a dit d’entrée de jeu qu’il n’y aurait pas d’avancée », explique René Grondin, délégué FO, porte-parole de l’Intersyndicale. L’entrevue n’a pas porté hier sur la question clé des salaires, mais sur le non-paiement des jours de grève que la Direction a proposé de prendre sur les congés. « Nous sommes très déçus de constater qu’elle campe sur la même position depuis 6 jours ».

« La Direction ne reconnaît pas du tout la cherté de la vie ici »

L’enveloppe financière dévolue par la filiale mère de la Brinks pour les négociations salariales annuelles à La Réunion ne serait pas extensible. Pour la Direction, il est hors de question d’aller au-delà des 2,7% d’augmentation fixés au niveau national et qui seraient localement versés en deux fois (1,2% en janvier et 1,5 en juillet). Elle qualifierait même d’« inacceptable » la principale revendication des grévistes qui reste la reconnaissance du différentiel du coût de la vie entre La Réunion et la Métropole, soit une augmentation du salaire de base de 3,5%. Pourquoi donc alors en Ile-de-France, les salariés de la Brinks bénéficient-ils d’une prime allant de 120 à 150 euros par mois pour compenser justement le coût de la vie qui y est supérieur à la Province et qu’à La Réunion, un tel ajustement ne soit pas envisageable ?
« La Direction ne reconnaît pas du tout la cherté de la vie ici, explique René Grondin. Elle estime qu’il y a des choses plus chères, mais d’autres moins, et que finalement, l’un dans l’autre, le coût de la vie serait le même qu’en Métropole ». Un déni audacieux que les salariés jugent méprisant à leur égard d’autant que l’année dernière, la prise en compte du différentiel de leur pouvoir d’achat avec leurs homologues de Métropole leur a permis de bénéficier d’une augmentation salariale annuelle de 3% ainsi que d’une prime exceptionnelle de 250 euros. Bloquer les compteurs cette année à 2,7% s’apparente donc à une véritable régression, à une remise en cause de leurs acquis.

Chiffre d’affaires en hausse de 12%

L’entreprise qui détient 80% du marché à La Réunion affiche pourtant une bonne santé financière. À côté du transport de fonds, elle a élargi son activité au service comptable, à la gestion des distributeurs bancaires et à la télésurveillance pour les entreprises et les particuliers. Son parc de clients est en constante augmentation et son chiffre d’affaires a lui aussi cru de 12%. Le travail ne manque pas et les salariés peuvent en témoigner. « On fait beaucoup d’heures, accorde René Grondin. Au-delà de la 35ème et jusqu’à la 39ème, elles sont cumulées sur l’année. À partir de la 40ème, on est payé en heure supplémentaire. La Direction ne veut pas embaucher, ce n’est pas dans la politique actuelle. Le Groupe a décidé de diminuer tous les acquis sociaux pour faire le maximum de gain, et comme toujours, sur le dos des salariés ».
Une tendance qui se généralise et qui génère des conflits similaires dans de nombreuses entreprises. Des emplois pourraient être créés, mais les dépenses en personnel sont scrupuleusement limitées au détriment des sans emplois comme des salariés en place qui nous confiaient hier, devant les grilles de la Brinks, au Chaudron, la détérioration de leurs conditions de travail dues à la surcharge de travail. « On jongle avec le personnel pour boucher les trous », confie l’un d’eux. « On travaille trois fois plus ici », soulignera un autre. « Si on fait grève, ce n’est pas par plaisir. Si on est là, c’est bien qu’il y a un problème », commentera un troisième.

La Direction préfère « jouer le pourrissement »

L’importance de la mobilisation (80% des 140 salariés est en grève) traduit effectivement un certain malaise au sein de l’entreprise dont la hiérarchie est accusée, hier comme aujourd’hui, de ne pas être disposée au dialogue avec les salariés. Une attitude « regrettable », « irresponsable » même, pour René Grondin, parfaitement conscient, comme l’ensemble des salariés, que la cristallisation du conflit risque d’avoir des conséquences pour la population réunionnaise, mais aussi à Mayotte où 100% du personnel de la Brinks est en grève.
D’ici deux jours, faute d’approvisionnement, une grande partie des distributeurs bancaires de l’île ne saura plus opérationnelle. Sans ravitaillement, les allocations de la CAF versées théoriquement aujourd’hui ne seront pas perçues par les bénéficiaires, tout comme le RMI dont le versement est prévu en fin de semaine, suivi de l’allocation de rentrée scolaire. Commerçants et artisans dont les caisses sont ramassées par la société ne pourront voir leurs comptes crédités tant que l’activité comptable de la Brinks n’aura pas redémarré. « Nous sommes parfaitement conscients des conséquences, déplore sincèrement René Grondin. C’est pour cela d’ailleurs que l’on a déposé un préavis la semaine dernière, espérant que la Direction allait rapidement amorcer le dialogue. Au lieu de cela, elle a préféré nous laisser aller au mouvement et jouer le pourrissement. Nous sommes certes très fatigués car une grève est toujours très pénible et difficile, mais on espère que la Direction va prendre ses responsabilités ».

Stéphanie Longeras


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Messages

  • INACCEPTABLE !! Les arguments avancés par la direction de cette entreprise sont totalement inacceptables et font honte à la respectabilité que les dirigeants d’entreprises revendiquent de par leur position d’employeur.

    Rappelons les études faites par l’INSEE (seraient ils des incompétents ?), rappelons les exonérations de cotisations sociales dont bénéficie cette entreprise, à l’instar de nombre d’entreprises réunionnaises. il suffit de se connecter sur le site de l’agence de développement de la réunion (http://www.adreunion.com/mo_cout.htm) pour voir la promotion faite auprès des investisseurs sur le coût du travail à la Réunion, et le tableau comparatif datant certes de 2002, mais qui montre que les revenus salariaux réunionnais sont inférieurs à ceux de la Métropole pour les catégories de personnels employés et ouvriers notamment !!!

    allons , messieurs de la direction de la brink’s, soyez bon joueur et ne prenez pas de fallacieuses raisons pour ne pas dépenser un peu mieux (envers le personnel en l’occurence), le pognon que vous gagnez..

    salariés de la brink’s, continuez le combat et sachez que vous pouvez recourrir à un expert comptable via votre comité d’entreprise, pour regarder les comptes de cette société à la Réunion, et vous assurer qu’elle n’a pas les moyens de mieux vous traiter ...


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