Illustrations du malaise de la société

Lé plis ke tan d’ajir !

9 novembre 2011, par Jean Fabrice Nativel

“Témoignages” continue ses rencontres avec les Réunionnaises et les Réunionnais qui souffrent. Avec l’annonce du gouvernement de taxer les revenus — pourtant, un certain Sarkozy avait dit qu’il n’augmenterait pas les impôts ! —, la situation s’aggrave de jour en jour. Une étude du Secours populaire révèle que les jeunes sont en très grandes difficultés. Dans ce cas, que faire ? Eh bien, la réponse est simple, le peuple a besoin d’une autre orientation pour une autre vie.

• In gato pou lanivèrsèr
En dehors et au dedans des petites et grandes surfaces, de plus en plus de personnes n’hésitent plus à vous aborder pour quêter auprès de vous des euros. Dans une située à Champ Fleuri (Saint-Denis), une dame veille… puis aborde avec timidité. « M’dame, mesyé, ou gagne achèt in gato pou moin ? Sé mon lanivèrsèr maryaj zordi, é moin na poin larjan ». Elle essuie des refus jusqu’à ce qu’une personne lui dise : « Oui ». Un sourire illumine son visage, elle ne perdra pas de vue cette âme généreuse jusqu’à la caisse. S’en suivent mille et mille remerciements.

• Vandèr èk kasèr mang
Les vendeurs de mangues fleurissent en cette saison aux coins des rues, et là aussi, à proximité des temples de la consommation. Cueillis le jour même ou la veille, ces fruits sont soit disposés dans des sachets ou sur une étale confectionnée avec du matériau de récupération. Deux euros le tas — 4 ou 6 suivant la grosseur —, c’est le prix proposé aux passants à pieds ou en auto qui — ouf —, volontiers, achètent. C’est cela aussi, la solidarité. Sur ces 2 euros, une partie va à celui qui vend et l’autre à celui qui casse. Faites le compte et vous saurez ce que l’un et l’autre perçoivent en tout et pour tout. Une misère.

• Avèk in térin, ou kroi ou sa loin ?
« Kan ou na in térin, ou lé rich ! ». Zot i kroi sa ? En tout cas, un couple du Moufia (Saint-Denis) qui se trouve dans cette situation le dément. Ils disposent d’une grande portion de lopin de terre. Sauf que tous deux bénéficient du Revenu minimum d’insertion. Et lorsque la taxe sur cette surface tombe, « traka i mont si nou ». Coûte que coûte, le couple la règle, mais au prix de nombreux sacrifices. Il se prive sur la nourriture, les soins de santé… Heureusement qu’il ne paie pas de loyer. Il avait envisagé la vente du terrain. Nombre de promoteurs sont venus leur faire des offres… A moins qu’ils n’étaient que des arnaqueurs !

• Lintégrasyon, kont desu
Ce père de famille va de renouvellement de contrats en renouvellement de contrats de travail… Cela dure au moins depuis le siècle dernier. Ses demandes d’intégration se soldent toujours par une réponse négative. Alors que d’autres de ses collègues embauchés après lui voient leur poste pérenniser illico. C’est révoltant, c’est injuste ! Que voulez-vous qu’il dise ? S’il montait au créneau, la porte était grande ouverte. Cette invitation est une menace à peine masquée. C’est un abus de pouvoir. Eh oui, lorsque l’on est précaire, on a un droit, celui de la boucler.

En deux jours, on a fait une escapade au sein du peuple. I peu pu bouch son zyé. Kosa nou atan pou réajir ?

Jean-Fabrice Nativel

Lutter contre la vie chère

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