Record de chômage et baisse des salaires

Le plus gros de la crise est devant nous

3 juin 2013

Deux événements ont marqué la semaine écoulée : la nouvelle hausse du chômage et la suppression du RSTA. Tout porte à croire que le plus gros de la crise reste à venir.

Quand en 2009, les travailleurs ont arraché les 100 euros du RSTA, la situation était moins difficile qu’aujourd’hui.
(photo d’archives Toniox)

La semaine dernière, après la Commission européenne, l’OCDE a fait part de ses doutes sur une éventuelle baisse du chômage en France. Hier, le Premier ministre a dû concéder que l’objectif de changement d’orientation de la courbe du chômage ne pourra être atteint que si les emplois d’avenir et les contrats de solidarité rencontrent un très grand succès, et à condition que la croissance revienne en Europe.

Actuellement, l’Europe est la région du monde la plus touchée par la crise. Au sein des pays développés, elle est aujourd’hui le poids mort. La zone euro est en récession tout comme la France. Au quatrième trimestre 2012, l’Allemagne s’est soudainement écroulée, avec une récession de -0,7%. Difficile de croire à un redressement sur ce point d’ici la fin de l’année. Quant aux emplois aidés, il sera toujours plus difficile pour Paris d’aider. La semaine dernière, la Commission européenne a signifié une feuille de route au gouvernement. Elle demande que le gouvernement français accentue encore l’austérité budgétaire pour espérer être dans les clous du 3% de déficit annuel en 2015. En conséquence, la coupe de 1,5 milliard d’euros dans les dotations des collectivités est bien confirmée. Ce sont autant de freins à l’embauche d’emplois aidés.

Pour La Réunion, cela signifie que le record de 166.000 demandeurs d’emploi pourra encore être battu. Dans un mois, ce sont les vacances scolaires. Et à ce moment-là, des milliers de jeunes vont quitter l’école et chercher du travail. Ils seront plus nombreux que tous les emplois d’avenir prévus et déjà entamés.

Vers une baisse massive des salaires

C’est dans ce contexte que le gouvernement décide de ne pas prolonger le RSTA. Cette décision comptable va avoir de graves conséquences sociales. En effet, c’est en ce moment qu’ont lieu des négociations salariales dans les entreprises. Elles se déroulent sur fond de relance de l’inflation, avec plus de 2% dans le dernier indice des prix de l’INSEE. Et plusieurs NAO ont déjà été impossibles à conclure, obligeant des travailleurs à faire grève. Les conflits de la CILAM et de Carrefour sont révélateurs des effets dévastateurs de la suppression du RSTA.

À la CILAM, les travailleurs revendiquent une augmentation de 50 euros par mois. Mais quand la suppression du RSTA produira ses effets, même en cas de victoire totale des grévistes, les travailleurs gagnant moins de 1,4 SMIC verront au final leur salaire baisser de 50 euros. Car il est facile d’imaginer que si des patrons ne veulent pas lâcher sur 50 euros, ils seront encore plus durs pour ne pas prendre à leur charge le désengagement de l’État sur les 100 euros du RSTA. À Carrefour, ce sera la même chose. Car là où les travailleurs ont gagné près de 50 euros au bout de près de trois semaines de grèves, la baisse de salaire sera de plus de 50 euros quand se termineront les versements du RSTA.

Qui se laissera dépouiller ?

C’est donc la conjonction de deux phénomènes avec, d’une part, la reconnaissance par le gouvernement que le chômage ne baissera pas sauf miracle et, d’autre part, une baisse massive des salaires visant les travailleurs les plus pauvres. Les conflits ne pourront que se multiplier, car qui peut croire que les travailleurs vont se laisser dépouiller de 100 euros sans réagir ?

Le plus gros de la crise reste donc à venir, et il est maintenant certain que si 2013 a été plus dur que 2012, 2014 sera plus difficile encore.

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