Appel à la manifestation aujourd’hui 19 mars

Le Pôle Emploi n’arrive plus à suivre les chômeurs

19 mars 2009, par Edith Poulbassia

Avec 92.000 chômeurs et une situation qui risque de s’aggraver, le Pôle Emploi issu de la fusion ANPE-Assédic n’arrive plus à assurer un suivi de qualité. Un conseiller pour 200 demandeurs d’emploi, c’est insuffisant pour les syndicats. Ils demandent à la Direction régionale une augmentation des effectifs. Distribution de tracts ce matin devant les agences pour informer les chômeurs et les inciter à manifester aujourd’hui.

Les organisations syndicales CFDT, CFTC, CGC, CGTR, SNAP, FO, SFU, UNSA du Pôle Emploi de La Réunion appellent à manifester aujourd’hui à Saint-Denis et à Saint-Pierre. Elles ont décidé de distribuer des tracts ce matin devant les agences du Pôle Emploi, pour sensibiliser les chômeurs à la dégradation des services d’accueil. Avant de se joindre aux manifestants.
Au centre des revendications des employés du Pôle Emploi, le mal-être des salariés et l’insuffisance des moyens qui n’a jamais existé à ce point. « L’offre de services est inférieure à celle produite il y a 10 ans », déclarait hier un délégué syndical. Et ce, malgré la récente fusion ANPE-Assédic pour un organisme unique chargé d’indemniser les chômeurs et faciliter leur recherche d’emploi. Une réforme que Nicolas Sarkozy avait annoncée en 2007, lorsque le chômage était au plus bas, et qu’il visait l’objectif de 5% de chômage d’ici 2012.

Besoin de 1.500 conseillers

Trois mois après la fusion, les syndicats constatent que la simplification des démarches et la qualité des services ne sont pas au rendez-vous. Et pour cause, cette réforme n’a rien changé au manque d’effectif. Pire, l’accueil des demandeurs d’emploi s’est dégradé.
Avec 92.000 chômeurs à La Réunion, le Pôle Emploi est loin des conditions de travail annoncées par le gouvernement, soit un conseiller pour 50 à 60 demandeurs. Un conseiller à La Réunion serait plutôt chargé d’en suivre 200. « Aujourd’hui, nous sommes 820 conseillers pour le Pôle Emploi Réunion-Mayotte, CDD compris, dont 600 en production. Nous avons besoin de 1.500 conseillers », affirme Thierry Leroux, délégué syndical CFDT.
Conséquence de ce sous-effectif, un retard d’un, voire de trois mois dans le traitement des dossiers d’indemnisation, 17.000 demandeurs d’emploi sans conseillers référents pour le suivi mensuel et des salariés face à l’impatience des demandeurs, impatience qui se transforme parfois en violence. « Les salariés se sentent en danger, ils se font insulter. Au Port, ils ont signé une pétition contre la dégradation des conditions de travail », précise un délégué syndical.

Entretiens minutés et chômeurs délaissés

L’ambition du président de la République est de faire du Pôle Emploi « le pôle RH de la France ». Dans les faits, on est loin de cet objectif. Les conseillers sont contraints de mener des « entretiens minutés » et n’ont plus le temps de rencontrer les entreprises pour repérer les offres d’emplois. Les agents n’ont reçu que 3 jours de formation pour s’adapter à leurs nouvelles fonctions au lieu de 2 ans. Le numéro 3949 pour les chômeurs a perdu la moitié de son personnel. Le public le plus éloigné de l’emploi, issu d’un « parcours contrat aidé », est délaissé. Les employeurs ne sont pas reçus, faute d’effectif. Les chômeurs en attente d’indemnisation demandent de l’aide pour leurs découverts à la banque et pour payer leurs loyers.
Et la situation n’est pas près de s’améliorer avec la suppression de la dispense de recherche d’emploi pour les seniors, et l’offre raisonnable d’emploi. Les prévisions sont catastrophiques pour cette année. Déjà 9.000 chômeurs de plus en janvier, et 7.000 suppressions d’emplois annoncées dans le BTP et l’Automobile.

Bientôt des négociations avec la Direction régionale

« A terme, on est en train de se tirer une balle dans le pied sur la situation de l’emploi à La Réunion », conclut Thierry Leroux.
D’après les syndicats, la Direction régionale du Pôle Emploi reconnaît le manque de moyens. Des négociations salariales sont prévues le 24 mars, essentiellement sur la question des effectifs.
Avec l’appel à la manifestation, les syndicats espèrent « créer un rapport de force pour les négociations. Il s’agit de mettre la Direction régionale face à ses responsabilités pour développer des services adaptés aux spécificités locales, et qu’on ne nous tienne plus le discours habituel : c’est pas moi, c’est Paris ». Pour les syndicats, il y a urgence : 2009 sera une année « noire ».

Edith Poulbassia

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