Conférence de presse de FO santé

Le public risque d’être privé de santé

9 décembre 2004

Réforme Hôpital 2007, décentralisation : les enjeux qui pèsent sur notre système de santé sont considérables. La Fédération FO Santé s’inquiète du risque de diminution de l’offre de soins, de l’exclusion des plus démunis au droit à la santé et de l’instauration d’une concurrence malsaine entre les secteurs public et privé lucratif de la santé.

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La réforme Hôpital 2007 a de quoi inquiéter. Le gouvernement veut rationaliser la santé, réorganiser l’offre de soins pour diminuer ses dépenses. Pour le syndicat FO, qui s’exprimait hier devant la presse, cette réforme majeure ne doit pas déboucher sur une exclusion des soins d’une certaine catégorie de la population.
Et en créant des Groupements de coopération sanitaire public-privé, "il ne faudrait pas que le privé s’arroge les activités rentables telles que la chirurgie et l’hémodialyse, et laisse au public les activités non rémunérées", explique Jean-Paul Painiaye, secrétaire général FO.
Selon Jean-Marie Bellot, secrétaire général de la Fédération des personnels des services publics et de santé FO, actuellement en visite dans notre département, la réorganisation de l’offre de soins doit conduire le secteur public et le privé lucratif à travailler de façon complémentaire.
"Les accords de l’Organisation mondiale du commerce laissent à craindre une ouverture à la concurrence du système de santé, une bataille des marchés de la part des grands groupes privés lucratifs", explique Jean-Marie Bellot. Arrivé samedi à La Réunion pour une semaine de formation auprès des syndiqués des instances hospitalières, il se réjouit de constater que les responsables hospitaliers de La Réunion partagent la même volonté de défendre le service public et l’offre de soins.

Un CHU Réunion : une évidence

Une interrogation cruciale émerge alors : "Quel développement de l’hôpital public à La Réunion ?" Jean-Marie Bellot met en garde : "il faut être vigilant car dans les 4 à 5 ans à venir, le développement de l’hôpital public constituera un enjeu considérable fondamental pour le 3ème millénaire dans l’océan Indien".
Alors que la décentralisation et son cortège d’incertitudes, notamment financières, se pointent à l’horizon 2005, alors que les régions sont inquiètes, que la fiscalité risque d’augmenter et que l’État se décharge de ses missions régaliennes, plus que jamais FO souhaite défendre l’hôpital public, l’offre de soins et la prise en charge des malades.
"On ne vit pas dans un monde virtuel, souligne encore Jean-Marie Bellot, La Réunion fait partie de l’Union européenne et constitue la pointe de l’Europe dans l’océan Indien". Les menaces et incertitudes qui pèsent sur notre département, ajoutées à ces retards structurels, appellent à la vigilance. Jean-Marie Bellot fera part aujourd’hui de ses inquiétudes au directeur de l’Agence régionale de l’hospitalisation, François Perrin.
"Comment se fait-il que Fort-Dauphin et Pointe à Pitre aient un CHU, alors que La Réunion qui va approcher le million d’habitants et qui se situe dans une zone géographique stratégique, en soit dépourvue ?", souligne Jean-Marie Bellot, pour qui le CHU à La Réunion est "une évidence".
Un CHU multipolaire, aux disciplines partagées entre Saint-Denis et Saint-Pierre, entre public et privé. Il est indispensable, selon Jean-Marie Bellot, d’arrêter le faux débat purement technocratique Nord-Sud, car tout corrobore la nécessité d’un CHU qui permettra le développement de la zone.
"Il faut un service hospitalier universitaire qui permettra la formation et la reconnaissance des professionnels de santé de La Réunion et de la zone. Tous les professionnels de santé que j’ai rencontrés partagent cet état d’esprit", explique Jean-Marie Bellot, qui défend ce point de vue auprès de l’ARH comme auprès des instances nationales.
Et cette nécessité est d’autant plus forte qu’elle s’inscrit dans la volonté du gouvernement de travailler en réseau, de regrouper les pôles de soins. L’on a assez perdu de temps.

Estéfany


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