Le nombre de érémistes ne cesse d’augmenter

Le RMI : un indicateur de l’ampleur de la pauvreté à La Réunion

11 août 2004

En novembre dernier, la DRASS publiait le “Tableau de bord de la précarité à La Réunion”. Ce document fait le point sur la démographie, les minima sociaux, l’accès au soins, le chômage, l’emploi, la formation, l’échec scolaire, le logement et les conduites à risques. C’est un large panorama statistique de la situation des Réunionnais les plus démunis. Aujourd’hui, coup de projecteur sur les Réunionnais qui sont condamnés au revenu minimum d’insertion (R.M.I.).

La publication du “Tableau de bord de la précarité à La Réunion” est lié à la mise en place de la Coordination de l’Observation Démographique Sanitaire et Sociale de l’Ile de La Réunion (CODESS) qui "a contribué à rassembler les données sanitaires et sociales localisées fournies par différentes institutions concernées par l’action sociale (CAF, ANPE, INSEE, Ministère de l’Education Nationale, de l’Emploi et de la Solidarité, de l’Equipement...)", indique l’introduction du document.
Si cette étude ne contient pas les données les plus récentes (les moins anciennes sont celles de décembre 2002 de la Caisse d’allocations familiales), elle permet d’évaluer rapidement l’ampleur du décalage qui existe avec la France par le biais de tableaux comparatifs.

Le minimum

Ainsi, on constate qu’au 31 décembre 2000, pour 1.000 habitants, on comptait 163 allocataires du RMI à La Réunion, et 32,1 en France. À la même date, 63.417 Réunionnais percevait ce minimum social (1 million 17.847 d’allocataires en France).
Quant au nombre de personnes couvertes par le RMI, elles étaient 152.135 à La Réunion sur une population totale de 728.193 soit presque 21%, alors qu’en France, le nombre des bénéficiaires et des ayant droits était de 1 million 891.800, soit 3,2% de la population totale. À La Réunion, le nombre des personnes couvertes ne cessent d’augmenter : 178.171 en décembre 2002 pour 67.915 allocataires.
Si l’on se penche sur des statistiques plus récentes que le “Tableau de bord de la précarité”, on constate que la tendance à la hausse s’est encore confirmée l’an dernier avec 70.851 allocataires, auxquels s’ajoutent des personnes âgées de plus de 50 ans, qui ont perçu de façon continue depuis au moins 2 ans le RMI et qui se sont engagées à quitter le monde du travail.
Ces dernières, qui n’ont pour seul revenu que le RSO (Revenu de solidarité), étaient au 31 décembre dernier 5.447. Cela fait que plus de 75.000 Réunionnais en âge de travailler sont condamnés à ne gagner que le minimum du minimum. Si l’on tente alors d’estimer le nombre de Réunionnais qui dépendent de cette allocation minimale, en gardant la proportion d’un allocataire pour deux ayant-droits, cela fait plus de 200.000 personnes couvertes par ces prestations. Ce qui veut dire qu’environ un Réunionnais sur quatre est concerné par le revenu minimum.

Toutes les communes touchées

Quant à la répartition par communes des allocataires et ayants droits, le “Tableau de bord de la précarité à La Réunion” montre qu’au 31 décembre 2002, toute l’île est concernée.
Dans les 8 communes les plus épargnées, le taux était en dessous de 21%. À l’opposé, on enregistre des pointes à plus de 27,5% dans 8 communes. Pour les communes moyennement concernées, on dépasse tout de même un taux de 21%, soit 7 fois le taux moyen de France métropolitaine.

Cote d’alerte dépassée

Ces chiffres peuvent donner le tournis, mais ils constituent le quotidien d’une part importante de la population. Et on ne peut que constater que la proportion de Réunionnais condamnés à avoir comme seul revenu uniquement le minimum a tendance à augmenter.
Tout ceci se passe dans un contexte de transition démographique, c’est à dire d’augmentation rapide de la population totale.
C’est dire qu’une intolérable cote d’alerte est franchie depuis bien longtemps, et la comparaison avec les chiffres de France métropolitaine en situe l’ampleur.
Comment réagirait le gouvernement si 15 millions de personnes étaient condamnées à dépendre du revenu minimum dans l’hexagone ? On se doute qu’il ne pourrait que prendre des mesures pour faire reculer de manière significative la précarité.

M. M.


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