Vie chère et inflation

Le scandale des prix en grande surface

6 janvier 2010, par Geoffroy Géraud-Legros

Deux mois jour pour jour après leur annonce, les nouvelles orientations annoncées par l’Exécutif pour faire baisser les prix en grande surface demeurent lettre morte.

La vie chère est un problème structurel de la société réunionnaise depuis les années 1960. Aujourd’hui, le coût de la vie émerge comme l’une des contradictions les plus douloureuses issue d’un système en bout de course. Pendant près d’une décennie, les tentatives des Réunionnais d’apporter des solutions ont été vidées de leur sens. Conséquences : la question du coût de la vie a été le détonateur des grands mouvements sociaux de l’année précédente. De même, elle a occupé une place centrale dans la consultation des Etats généraux organisés par le Gouvernement pour tenter de trouver une issue à la crise.
De ce fait, le pouvoir d’achat est au cœur des orientations arrêtées par le Conseil interministériel de l’Outremer et annoncées par le Président de la République le 6 Novembre dernier.

Des solutions vidées de leur sens

En 2000, contre la volonté d’une Assemblée nationale alors dominée par le Parti socialiste, le Député Elie Hoarau arrachait le principe de la création d’un Observatoire des prix dans l’Outremer. Cette avancée fut intégrée à la loi d’orientation de l’Outremer dont l’article 75 disposait : « il est créé, dans les régions de Guadeloupe, de Martinique et de La Réunion, un Observatoire des prix et des revenus. Un décret en Conseil d’Etat fixe la composition, les missions, ainsi que les modalités de fonctionnement de cet observatoire ». Néanmoins, l’observatoire ne fut institué qu’en 2007…selon une formule qui le vidait complètement de son sens. Placé sous l’autorité du Préfet, cet organisme n’a eu aucun effet sur la baisse des prix en grande surface.

Sous l’effet des mouvements sociaux, de nouvelles orientations…

Il a fallu les grandes mobilisations du COSPAR pour que les Réunionnais puissent bénéficier de baisses sur certains produits. A la suite des grands mouvements sociaux, le CIOM a arrêté des orientations qui visent à améliorer la transparence et à enrayer les abus qui sont à l’origine du coût excessif de la vie.
Face aux personnalités ultra-marines réunies à l’Elysée le 6 novembre 2009, le Président de la République déclarait :
« Les observatoires des prix sont des espaces de concertation réunissant les partenaires économiques et sociaux. Ils donnent des avis sur toutes les questions concernant les prix et les revenus. Pour les conforter, il est décidé :

- de les rendre plus autonomes en confiant la présidence à une personnalité indépendante ;

- de les doter de moyens financiers pour faire réaliser eux-mêmes des études ;

- de donner la capacité aux Présidents des observatoires de saisir directement l’autorité de la concurrence lorsque des écarts significatifs de prix sont constatés ».

…qui demeurent encore lettre morte

Prenant acte de l’échec du système qui régit aujourd’hui l’Observatoire des prix et des revenus, l’Exécutif a ainsi témoigné, sans ambiguïté, de sa volonté de dégager cet organisme d’une tutelle préfectorale qui n’aura été synonyme que d’inaction et de laxisme. Est-ce en réponse à cette décision qui a des allures de sanction que le représentant de l’Etat est demeuré jusqu’à aujourd’hui muet sur la question ? Ou attend-il la visite du Chef de l’Etat pour mettre en œuvre les décisions annoncées par ce dernier ?

Geoffroy Géraud

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