Journées du social

Le secteur médico-social en pleine mutation

9 novembre 2004

Aujourd’hui et demain, sous l’impulsion du secteur associatif, sont organisées à Saint-Gilles les journées du social. Professionnels, institutionnels, associatifs pourront s’informer et échanger sur les perspectives offertes par les projets de loi en cours qui vont profondément modifier le sens et l’action sociale dans notre département.

Depuis 4 ans, le secteur social et médico-social est engagé dans un mouvement de réforme et d’adaptation sans précédent depuis la promulgation des deux lois du 30 juin 1975 respectivement relatives aux personnes handicapées et aux structures sociales et médico-sociales. En 2001, il y a eu la création de l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), en 2002, la loi de rénovation de l’action sociale et médico-sociale. Cette année, la loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées et le projet relatif à l’égalité des droits et des chances sont encore en cours d’élaboration, alors que s’appliquera en 2005, la loi relative aux libertés et responsabilités locales (dont l’acte II transfère aux régions la responsabilité des formations médico-sociales).

Se préparer aux évolutions législatives

Cette évolution législative, mise en perspective avec les politiques sociales européennes, réinterroge tant sur le sens que sur les modalités de l’intervention sociale. L’idée de ces deux journées, impulsées par l’URIOPS Réunion (Union régionale interfédérale des œuvres et organismes privés sanitaires et sociaux) et la FEHAP (Fédération des établissements hospitaliers et d’assistance privés), est "de voir comment se préparer aux évolutions réglementaires qui, même si l’on ne sait pas encore jusqu’où elles vont aller, vont modifier la prise en compte et les services aux usagers", souligne Danielle Gallinaro, membre de l’IRTS, qui espère qu’elles constitueront des avancées importantes. Partenariats, financements, collaborations : la décentralisation est également un moment charnière pour le secteur médico-social comme pour les collectivités et les communes. Si le secteur a toujours su répondre aux exigences de l’adaptation, de nombreux débats restent ouverts et les relations entre l’État, les collectivités locales et les associations sont plus que jamais à l’ordre du jour pour réfléchir au rôle de chacun, au regard d’une véritable adaptation de la société aux réalités que constitue le handicap, le grand âge ou la détresse sociale.

Contrat d’étude prospective

Dans le courant 2005, un Contrat d’étude prospective (CEP) va être réalisé à La Réunion, ce qui permettra une meilleure lisibilité de l’action sociale et de ses besoins, à mettre en corrélation avec les évolutions réglementaires et juridiques. Jusque là, les données relatives aux secteurs sanitaire et social et médico-social ne sont pas suffisamment précises pour dresser un bilan de la situation locale. "Le CEP va nous permettre de définir les besoins en emplois, en qualifications et en formations", se satisfait Danielle Gallinaro. Il apparaît déjà qu’à La Réunion, les éducateurs spécialisés sont en grand nombre par rapport aux structures. Cependant, les travailleurs sociaux font défaut dans les hébergements et structures de nuit. "La Réunion, en tant que région mono-départementale et région ultra-périphérique, offre un autre regard du secteur médico-social", précise encore Danielle Gallinaro. "On ne rencontre pas la même urgence avec les personnes âgées, par contre, la population jeune est plus importante, avec les indicateurs de chômage que l’on connaît". Il arrive que les travailleurs sociaux de La Réunion, comme en Métropole, soient dépassés par les besoins des usagers, principalement en matière d’hébergement d’urgence. "Il faut parvenir à optimiser tous ensemble avec nos moyens. Nous devons accentuer la coordination entre les différents services. Travailler à l’autonomisation des personnes est parfois difficile, mais quand l’on obtient des réponses, c’est très gratifiant".

Estéfany


Crise des systèmes de solidarité en France

Dimanche 24 octobre, les États généraux du social se sont refermés après une semaine ponctuée d’actions diverses dans toute la France : conférences-débats sur la protection de l’enfance ou sur les gens du voyage, marches de nuit à Paris et à Lyon, remise de cahiers de doléances aux pouvoirs publics. Depuis 2002, professionnels, chercheurs, hauts fonctionnaires et bénévoles ont relancé la réflexion sur l’avenir des institutions sociales et médico-sociales. Les travailleurs sociaux et bénéficiaires de l’action sociale qui ont participé à la discussion, ont dénoncé : le manque de moyens, des usagers livrés à eux-mêmes ou ballottés d’un service à l’autre, un creusement des disparités territoriales... Cet inventaire a également mis en évidence le désarroi des professionnels du social, débordés par l’ampleur des besoins. Problème de rémunération, mais aussi d’impuissance à répondre à certaines problématiques qui sont source de souffrance et pour les usagers et pour les travailleurs sociaux eux-mêmes.
L’acte II de la loi sur la décentralisation prévoit le transfert de la formation médico-sociale aux régions. Les travailleurs sociaux s’inquiètent et se demandent si les collectivités locales feront l’effort de maintenir des cursus de qualité en nombre suffisant. La conception de l’action sociale résistera-t-elle à cette réforme ou au contraire va-t-elle s’émietter et perdre de sa cohérence ?
(Source “Le Monde”)


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