Grève à la Poste de La Ravine des Cabris

Le service public de la Poste f... le camp

15 juin 2004

Guichets fermés et boîtes aux lettres vides : les 25 employés des guichets et de la distribution du bureau de poste de La Ravine des Cabris ont entamé hier un mot d’ordre de grève suivi à 100% par les employés des guichets et à 98% pour ce qui concerne la distribution. Au centre de la grève des postiers de La Ravine des Cabris, c’est toute la question du service public de la Poste qui est posée et ce sont les usagers qui en font les frais.
Ainsi, la fermeture du centre de recouvrement de France-Télécom à Saint-Pierre, qui concernait environ 8.000 abonnés au téléphone se traduit par une charge nouvelle de travail pour les guichetiers de la poste en général et pour ceux de la Ravine des Cabris en particulier. "En huit jours, ce sont 198 mandats qui sont passés par nos guichets", explique Jean-René Maillot, de la CGTR-PTT.
Pire : pour chaque paiement par mandat, l’abonné doit désormais payer 2,60 euros de frais alors qu’auparavant, lorsque l’abonné se présentait au guichet du centre de recovurement, il payait seulement sa facture. Aujourd’hui, on pourrait résumer la nouvelle formule en disant que l’abonné doit... payer pour payer sa facture !
Comme ce nouveau mode de recouvrement s’est fait sans aucune information en direction du public, l’abonné manifeste sa mauvaise humeur et ce sont les employés des guichets qui se retrouvent en première ligne. Pour faire face à cet afflux de clientèle, les postiers, rappelle Jean-René Maillot, ont demandé à leur direction la mise en place d’un guide-file et d’un vigile. Proposition qui a été rejetée par la direction...

Heures supplémentaires et tournées à rallonge

Côté distribution, les agents ne sont pas mieux lotis. Compte tenu de l’augmentation de la population desservie par le bureau de poste, une réorganisation aurait du intervenir depuis l’année dernière, puis a été reportée au 21 juin de cette année avant d’être une nouvelle fois reportée aux calendes grecques.
Pourtant, cette réorganisation devient urgente. "Depuis la dernière réorganisation, qui remonte à plusieurs années, 70 voies nouvelles ont été créées dans le secteur, et La Poste ne réagit toujours pas", se plaint un préposé qui rappelle qu’il a ainsi hérité de 15 nouvelles habitations à desservir alors qu’il s’était déjà vu attribuer dans un passé récent, 88 maisons individuelles... Et son cas n’est pas une exception.
En clair, si les besoins augmentent avec l’accroissement de la population, les moyens nécessaires pour un véritable service public ne bougent pas. "Pourtant nous sommes dans une zone sensible, la population a été multipliée par quatre en vingt ans, mais le bâtiment est toujours le même", déplore un postier.
Manque de moyens aux guichets qui doivent absorber une charge de travail supplémentaire avec le paiement par mandat des factures téléphoniques, bâtiment vétuste et exigu ne répondant plus aux besoins d’une population en croissance constante, des facteurs qui doivent faire des tournées à rallonge...
On pourrait se dire que la coupe est pleine. Mais ce n’est pas tout. Avec la mise en place des 35 heures, un système a été mis en place : les agents travaillent 42 heures et pour cinq semaines de travail, bénéficient d’une semaine de repos. Or, la surcharge de travail est telle qu’il est impossible de prendre ces jours de repos.
Quant aux heurs supplémentaires, elles sont largement utilisées. "Depuis le mois de janvier, j’ai 130 heures supplémentaires, et nous sommes seulement en juin", fait remarquer un préposé qui se demande "jusqu’où cette méthode est légale".
Là où les choses se compliquent, c’est que non seulement ces heures supplémentaires ne sont pas payées, mais qu’on demande à leurs bénéficiaires de les compenser par des jours de repos... qu’ils ne peuvent pas prendre, puisqu’ils ne peuvent même pas écluser leurs jours de repos réglementaires !
S’il fallait un exemple à la casse du service public, la poste de La Ravine des Cabris semble en être une parfaite illustration.

S. D.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus